UberizeME – ListMinut, concurrence déloyale pour nos “pros” ? (2/2)
Particularité de l’économie collaborative, les internautes amateurs peuvent réaliser des prestations généralement proposées par des professionnels. Revenus complémentaires pour les uns… dangers pour les autres ?
A lire aussi : le premoer volet de cet article évoquant les jobs inventés grâce à ListMinut
Quelque 50 nouveaux services seraient demandés, sur ListMinut, chaque jour, selon Jonathan Schockaert, le jeune CEO de la start-up belge. C’est deux fois plus que quelques mois auparavant. Parmi ces propositions, on trouve pas mal de petits jobs : tonte de pelouse, ramassage de feuilles, enlèvement d’encombrants… Des petits boulots que peu demanderaient à des professionnels. Mais on trouve aussi des tas d’autres travaux bien plus lourds: élagage d’arbres, installations électriques, pose de carrelage, réaménagement de jardins… Des exemples ? Peindre un appartement de 100 m²… pour lequel le propriétaire propose 346€ et estime le temps nécessaire à… 24 heures. Ou enccre la mise en conformité électrique d’une habitation, l’ajout de prises et la réalisation du schéma de l’installation. Le tout pour 360 euros et 20 heures de travail.
Pas cher payé
On trouve aussi des demandes dans des domaines plus précis : une personne cherche à améliorer son site d’e-commerce et promet 63 euros au prestataire pour 3 heures de travail. Un autre internaute cherche un traiteur pour un grand barbecue et offre 70 € pour 4 heures… Quant à Patrick, il cherche deux déménageurs et une camionnette pour 4 heures et se dit prêt à payer… 87 euros. Dans ces exemples, on le voit, les demandeurs cherchent quelqu’un qui pourra leur proposer la même prestation qu’un professionnel… mais nettement moins cher. Gênant ? Bien sûr, le client doit être conscient qu’il fait, le plus souvent, appel à un amateur. Qu’en conséquence, le travail prendra peut-être un peu plus de temps, qu’il sera (peut-être) un peu moins bien fait. Mais la question est bien sûr de savoir si le prix accepté par le prestataire ne l’est que parce qu’il ne paie ni cotisation sociale, ni TVA, ni… impôts.
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Dans beaucoup de cas, il s’agit d’amateurs qui veulent arrondir leurs fins de mois. Pas grave donc celui-là passe un samedi ou un dimanche à travailler et ne touche que quelques dizaines d’euros : il n’en vit pas et veut simplement augmenter son pouvoir d’achat. Après tout, s’il touche 70€ sur une journée… c’est toujours cela de pris. Et une partie (importante ?) des prestataires amateurs oublie plus que probablement d’ajouter ces revenus dans la case “revenus divers” de leur déclaration fiscale, même si le site ListMinut le mentionne sur sa plateforme.
Des pros au rabais
Mais pour des professionnels de la peinture, de l’électricité ou de la réalisation de sites Web, ce peut évidemment être vu comme de la concurrence déloyale. Jonathan Schockaert de ListMinut soutient toutefois que des professionnels ont rejoint la plateforme. Mais ils ne seraient que 10%. Et, selon mes observations, certains semblent accepter des jobs payés… moins de 18€ (bruts) de l’heure. Pour un indépendant, c’est maigre. A la question : ces pros travaillent-ils alors en noir ? Jonathan Schokaert rétorque que, pour eux, “cela leur fait surtout une visibilité et leur permet d’obtenir des commentaires positifs qui permettent de doper leur crédibilité”. Un nouveau mode d’acquisition de clients donc ? Etonnant.
Au mieux on peut imaginer que les utilisateurs feront appel à des amateurs pour des petits jobs sans valeur ajoutée et à des pros (via ListMinut ou en dehors) pour des travaux plus spécifiques. Certains estiment qu’à terme cela poussera les professionnels à plus de services et de valeur ajoutée pour se différencier de la main d’oeuvre de particuliers…
Quoi qu’il en soit, pour éviter cette troublante concurrence entre des particuliers qui “piquent” le boulot des pros et des pros qui travaillent au rabais, Alexander De Croo planche sur une taxation à la source, réalisée par les plateformes elles-mêmes. Une manière de faire passer, en clair, un certain nombre de mini-jobs aujourd’hui réalisés en dehors de tout cadre réglementaire. Reste à voir combien de prestataires accepteront de continuer s’ils doivent payer des taxes…
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