Trente ans de tunnel sous la Manche et un nouveau nom
Le nom « Eurotunnel » tend à s’effacer, 30 ans après l’inauguration du tunnel sous la Manche pour la marque LeShuttle.
Que devient le tunnel sous la Manche ? Il prospère, après une histoire agitée. La société qui gère la concession, Getlink, dirigée par Yann Leriche, annonce qu’il rebaptise sa navette ferroviaire, passagers (autos) et fret, Eurotunnel Le Shuttle avec un seul nom, LeShuttle. Exit, donc, le nom Eurotunnel. Il avait déjà quitté la devanture du groupe, rebaptisé Getlink en 2017, pour ne pas se limiter au tunnel, car il est actif dans les trains de fret en France avec la filiale Europorte.
Une clientèle majoritairement britannique
Ainsi, près de 30 ans après son inauguration, qui eut lieu le 6 mai 1994, le nom Eurotunnel s’efface un peu plus, même s’il reste, en interne, celui du tunnel en lui-même. Il est vrai qu’avec le Brexit, le nom a perdu un peu de son éclat idéal, car la clientèle des automobilistes qui empruntent la navette est à 80% britannique. Ou tout simplement parce que l’Europe n’est plus très vendeuse. Getlink se concentre sur le service rendu. Les navettes vont connaître une rénovation profonde visant notamment à augmenter leur capacité. Getlink exploite un parc de navettes conçues spécialement pour le tunnel, fermées pour les voitures et les autocars, ouvertes pour les camions.
L’entreprise affiche une belle santé, avec un chiffre d’affaires de 1,6 milliard d’euros, un EBITDA de 886 millions d’euros et un bénéfice net de 252 millions d’euros, après une période pénible due au covid, qui a réduit fortement le trafic de passagers, qui est revenu.
L’argent de l’électricité
Le groupe s’est diversifié et a créé une filiale pour connecter les réseaux électriques britanniques et ceux du Continent. ElecLink, affiche déjà un chiffre d’affaires de 420 millions d’euros en 2022, et un EBITDA de 264 millions d’euros. Ses opérations ont commencé en 2022.
En 2022, le tunnel a vu passer 2,1 millions de véhicules de tourisme et plus de 1,4 million de camions dans des navettes rebaptisées TheShuttle. Les trains Eurostar, qui empruntent aussi le tunnel, moyennant péage, avaient transporté 8,3 millions de passagers. Il est aussi traversé par des trains de marchandises.
Le tunnel sous la Manche a mis du temps avant de devenir bénéficiaire. Trop endettée par le coût du tunnel, la société exploitante est passée par une renégociation avec les créanciers, devenus actionnaires d’un nouveau groupe Eurotunnel (Getlink aujourd’hui), en 2007, après un abandon d’une partie des sommes dues. Le groupe a pu repartir sur une base saine, et s’est diversifié. C’est l’oeuvre de Jacques Gounon, qui a passé le témoin à Yann Leriche en 2020, et est devenu président du conseil d’administration.
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