Tests rapides en entreprises: “Cette idée est lancée sans stratégie claire”

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Le télétravail reste une obligation pour les prochaines semaines a martelé le Premier ministre Alexander De Croo mardi après avoir rencontré les fédérations d’entreprises. Les tests rapides pourraient permettre aux travailleurs de revenir progressivement sur leur lieu de travail. A quel horizon ? Et comment cela sera-t-il organisé ? La FEB, de son côté, n’en est pas demandeuse.

“Le télétravail est une mesure-clef qui nous a permis d’éviter une troisième vague“, a rappelé le Premier ministre Alexander De Croo mardi après-midi, au sortir d’une réunion avec les fédérations d’entreprises. Des assouplissements sont donc prématurés à ce sujet. Pour le patron de la FEB, le télétravail doit aussi absolument être maintenu dans cet objectif dans les prochaines semaines. “C’est une mesure importante dans la lutte contre le coronavirus et les entreprises ont tout à gagner à ce qu’il n’y ait pas de troisième vague.”

Les données du RAG (Risk Assessment Group) démontrent qu’actuellement 40% des clusters actifs en Belgique se constatent sur les lieux de travail. Ces pourcentages sont en augmentation constante.

Alexander De Croo a annoncé dans la foulée que le Commissariat Corona du gouvernement fédéral travaillait à l’élaboration d’un système de dépistage au sein des entreprises où le télétravail n’est pas possible. Ce mécanisme devrait permettre aux services de santé au travail d’effectuer des tests rapides jusqu’à deux fois par semaine sur le lieu de travail, pour “éviter que des personnes qui ne se savent pas contaminées infectent d’autres personnes”.

Les tests rapides antigéniques ont une moindre sensibilité de détection du Covid-19, mais ils ont l’avantage de donner les résultats de l’infection en une trentaine de minutes seulement.

Pas encore d’agenda

Le chef du gouvernement et le ministre de l’Emploi Pierre-Yves Dermagne se sont dits conscients de l’impact du télétravail sur la santé mentale des travailleurs et économique des entreprises. “Nous travaillons actuellement à un système qui permette – quand la situation épidémiologique sera favorable – aux travailleurs de retrouver, semaine après semaine, le chemin de leurs bureaux“, a déclaré le ministre Dermagne.

Un résultat en 30 minutes

La question est bien sur la table entre trois instances, le Commissariat Corona, le cabinet du ministre Dermagne et le SPF Emploi. On s’attelle à répondre à ces questions et à toute une série de détails pratiques qui doivent être réglés. Il n’y a pas d’agenda prévu, pas de dates précises pour prendre une décision dans les heures qui viennent, mais la question est urgemment prise en compte. On travaille pour arriver à des paramètres précis. On veut prendre l’exemple d’entreprises qui doivent rester ouvertes et où le télétravail est impossible. Faut-il les privilégier par rapport à des structures plus petites à tester ? Il faut aussi prendre en compte la vie privée. Toutes ces questions doivent être balayées avant de présenter un plan de bataille“, nous confirme Nicolas Gillard, le porte-parole du ministre Dermagne.

“La FEB n’est pas demandeuse”

Pour Kris De Meester, 1er conseiller en prévention et bien-être au travail au sein de la FEB, cette dernière n’est pas demandeuse de tests rapides. “Nous ne sommes pas demandeurs de ces tests rapides. Pour nous, ils n’ont pas la place dans la stratégie de testing globale. Il faut d’abord se demander quels problèmes ils doivent résoudre à la base ? Et ça, le gouvernement n’y a pas réfléchi. Je ne vois pas de lien entre les tests rapides et l’objectif de faire revenir des travailleurs sur leur lieu de travail. Le gouvernement a acheté des tests rapides et il veut les écouler. Cette idée est lancée sans stratégie claire derrière. Un test négatif ne dit rien sur l’état d’un travailleur, ce n’est pas exclu qu’il soit quand même contaminé.

Pour le conseiller, l’aspect pratico-pratique est aussi un élément important que le gouvernement n’a pas pris en compte à ce stade. “Comment ces tests seront-ils organisés? Par les médecins du travail? Ils ne sont déjà pas assez. Il y a de réelles difficultés de terrain pour les mettre en place“, estime-t-il.

Il ajoute: “On dit que la majorité des contaminations ont lieu au travail mais il est impossible de le savoir précisément. Depuis le mois de mars de l’année dernière, il n’est pas possible de tracer ces contaminations.”

La FEB est invitée dans l’urgence à discuter de la possibilité d’implémenter ces tests ce jeudi. “Nous participerons bien sûr aux discussions, nous restons ouverts aux propositions avancées par les autorités”, commente Kris De Meester.

Une longueur d’avance chez Audi et Engie

Certaines entreprises belges, qui n’ont pas la possibilité d’avoir recours au télétravail pour tous les collaborateurs, n’ont pas attendu les décisions des autorités pour proposer les tests rapides à leurs employés.

C’est le cas notamment chez Audi Brussels qui propose à tous ses employés, et plus particulièrement à ceux travaillant sur les chaines de montage pour qui le télétravail est impossible, de se faire tester depuis la mi-octobre, avec à la manoeuvre le service de médecine interne de la société. “ Quand un membre de notre personnel présente des symptômes, nous lui proposons un test rapide. Même chose quand il y a un cas de contamination au Covid dans une équipe. Toute l’équipe est alors testée, avec un test au jour 1, 3 et 7.“, nous explique le porte-parole d’Audi Brussels, Peter D’hoore. Ces tests se font sur base volontaire mais jusqu’à présent, aucun employé ou ouvrier n’a refusé de se faire tester au sein de la société automobile. “Nos équipes sont demandeuses car c’est rapide et facile de le faire sur place”, ajoute le porte-parole.

Chez Engie également, le personnel essentiel a aussi la possibilité de se faire tester sur son lieu de travail. “Les tests rapides sont proposés uniquement sur les sites de production notamment à Doel et à Tihange, et cela, pour éviter, lors de quarantaine, une pénurie de personnel dans les fonctions critiques,où le télétravail est tout simplement impossible“, commente Anne-Sophie Hugé, porte-parole d’Engie. “Ces tests sont effectués dans le respect du cadre légal et par du personnel médical“, précise la porte-parole de l’entreprise énergétique.

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