Vélo Cowboy : stop ou encore ?

Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

La scale-up bruxelloise de vélos électriques traverse une zone de fortes turbulences. Frôlant la faillite. Mais, tandis que ses comptes 2024 confirment une situation financière très délicate, la scale-up affirme être en passe d’annoncer un nouveau « closing » pour assurer sa survie.

Les comptes de Cowboy, la scale-up bruxelloise de vélos électriques, alimentent une nouvelle fois l’actualité ce vendredi. « Au bord de la faillite », « asphyxie financière »… Les nouvelles semblent catastrophiques pour la firme confondue par Tanguy Goretti, Adrien Roose et feu Karim Slaoui. Ce qui a mis le feu aux poudres ? Une phrase du rapport 2024 sur ses comptes, tout juste publié à la Banque nationale : « Sans une perspective ferme de financement additionnel substantiel dans les prochaines semaines, la société sera à court de liquidités et ne pourra même plus faire face à ses obligations de paiement nécessaires à la continuité de ses activités opérationnelles, avec la nécessité de déposer le bilan à court terme. » Peu rassurant.

Comme à son habitude, la firme a choisi de ne pas vraiment commenter cette information, préférant revenir vers les médias « prochainement, quand nous aurons clôturé de nouveaux financements », nous indique-t-on.

Mais la situation est bien réelle : le spécialiste du vélo électrique et connecté se trouve en très mauvaise posture financière. D’un côté, il continue d’accumuler les pertes, qui atteignent 21 millions d’euros en 2024, soit 2 millions de plus que l’année précédente. De l’autre, son chiffre d’affaires est loin des standards que toute start-up espère. Car la croissance, elle aussi, est dans le rouge. Le chiffre d’affaires frôle les 22 millions d’euros (21,6 millions) en 2024, soit plus de 30 % de moins qu’en 2023… Cowboy tient toutefois à apporter une nuance : le chiffre d’affaires comptable ne prendrait pas en compte les commandes qui n’ont pas encore été livrées en 2024. En les intégrant, le chiffre d’affaires atteindrait plutôt 28 millions d’euros… ce qui reste malgré tout en baisse.

Bref, pas vraiment la trajectoire espérée. Depuis les difficultés liées à la période Covid, la firme multiplie les initiatives pour réduire son cash burn et tendre vers la rentabilité. Cela fait d’ailleurs plusieurs années que les fondateurs annoncent la rentabilité… sans qu’elle ne se concrétise. En 2022 déjà, ils tablaient sur une rentabilité à l’horizon 2024. Or, en 2024, elle a été annoncée pour 2025. C’est que tout ne se passe pas comme prévu.

Un marché saturé et des problèmes techniques

D’abord, le marché du vélo électrique n’a pas tenu toutes ses promesses. Après l’euphorie liée à la crise sanitaire (COVID), les ventes se sont nettement ralenties et de nombreuses marques se sont retrouvées avec des stocks surdimensionnés. La marque néerlandaise VanMoof, par exemple, a fait faillite en 2023 avant d’être reprise.

Ensuite, Cowboy a dû gérer la complexité de son modèle économique (stock, supply chain, marketing, changement de sous-traitant, hausse des prix,…), tout en affrontant un gros problème de qualité : en mai, à la suite d’une anomalie de production, l’entreprise a reconnu devoir rappeler un nombre important de vélos (modèle C4 ST). En cause : une défaillance structurelle du cadre, qui pouvait aller jusqu’à la rupture, avec un risque de chute et de blessure. La firme avait alors contacté tous les clients concernés pour leur proposer un remplacement gratuit. Mais selon nos informations, tous les échanges n’auraient pas encore pu être réalisés. Certaines sources internes évoquent même l’impossibilité d’effectuer certaines réparations majeures, faute de liquidités disponibles…

Si la situation semble bel et bien critique, la fameuse note du rapport annuel qui fait tant parler depuis ce matin mérite toutefois d’être replacée dans son contexte. Car entre le moment de sa rédaction et sa publication officielle, les choses ont (un peu) évolué. Mi-août, Cowboy a annoncé avoir sécurisé un financement à court terme et signé un accord stratégique avec Rebirth Group, un acteur majeur de la mobilité électrique en France. Et, selon les dirigeants, une nouvelle levée de fonds pourrait être annoncée très prochainement… « sauf rebondissement ». De quoi gonfler encore un peu plus le total déjà impressionnant des montants levés : plus de 134 millions d’euros à ce jour. Une levée de fonds de la dernière chance ?

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