Une innovation liégeoise améliorera la récupération des sportifs
La start-up Myocène vient de lever deux millions d’euros pour lancer son dispositif de mesure de la fatigue musculaire des sportifs de haut niveau.
Les footballeurs du FC Bruges, du Standard de Liège, du Stade de Reims, le hockeyeur John-John Dohmen, le skieur Armand Marchant, les handballeurs d’Ivry, des cyclistes, des triathlètes… En trois ans, près de 600 sportifs de haut niveau et une trentaine de clubs de football professionnel belges, français et espagnoles ont testé le dispositif développé par la start-up liégeoise Myocène. Il permet de mesurer de manière objective la fatigue musculaire, via des électrodes placées sur le quadriceps et reliées à un capteur.
«C’est de la haute technologie, explique Pierre Rigaux, président et cofondateur de Myocène. Il faut mesurer la force d’un quadriceps d’un rugbyman ou d’un halthérophile avec une précision au gramme près. »
Technologie validée scientifiquement
Cette précision sera précieuse pour déceler celles et ceux dont les organismes commencent à ressentir des signes de fatigue et personnaliser alors l’intensité des exercices, selon l’état de fraîcheur des différents joueurs d’une même équipe. Le dispositif de Myocène est également utilisé lors des stages de préparation, pour vérifier que l’accumulation des entraînement ne crée pas de la fatigue chez certains. Il permet aussi de détecter un déséquilibre de la fatigue entre les deux jambes d’un joueur, ajoute Pierre Rigaux. Les préparateurs physiques prévoiront alors un programme spécifique de renforcement. »
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La technologie a été validée scientifiquement, grâce notamment à la collaboration d’universités françaises et allemandes. L’entreprise peut maintenant songer à un lancement sur le marché, avec la mi-2024 comme horizon. A cette fin, Myocène vient de lever deux millions d’euros auprès des investisseurs institutionnels que sont Noshaq, W.IN.G, Wallonie Entreprendre et la Région wallonne (via les avances récupérables de la DGO6, la direction générale opérationnelle de l’Economie, de l’Emploi et de la Recherche).
Cet argent permettra de finaliser le produit pour que son utilisation soit la plus simple et la plus pratique possible pour les entraîneurs et que l’on puisse mesurer les deux jambes simultanément. Elément intéressant sur le plan pratique : la fatigue musculaire se mesure en à peine deux minutes.
Fabrication Made in Wallonia
« Notre souhait est de fabriquer du Made in Wallonia, assure le CEO Jean-Yves Mignolet. L’électronique est réalisée à Namur, la structure métallique à Liège, le siège à Verviers… Nous comptons produire 100 à 200 voire 300 pièces par an, cela reste faisable à l’échelle wallonne. Produire à l’autre bout du monde apporte parfois plus de problèmes que de solutions pour la qualité des pièces, le suivi de la production etc. »
« Dans l’industrialisation, il y a la technologie, le savoir-faire, ajoute Pierre Rigaux. Pour les capteurs de force, nous avons par exemple travaillé avec une société située au Sart-Tilman et qui fabriquait des capteurs pour les ponts. La connaissance de la technologie spécifique est ici, ce qui n’aurait pas été le cas si nous avions commandé nos capteurs à l’autre bout du monde. » Myocène s’est tourné vers l’étranger pour des expertises très précises concernant les électrodes (Taiwan) et le gel associé à ces électrodes (USA).
“Le dispositif pourrait mesurer objectivement la fatigue des personnes travaillant à la chaîne.”
L’entreprise emploie actuellement huit personnes, dont la moitié d’indépendants. Elle devrait engager une dizaine de personnes en Belgique dans les trois prochaines années et une vingtaine de commerciaux pour l’international en Europe et en Amérique du nord.
Sa technologie peut être utile pour la plupart des sports, les quadriceps étant aussi fort sollicités en tennis, en équitation ou en moto par exemple. « On peut aussi imaginer des applications dans l’ergonomie, pour mesurer objectivement par exemple la fatigue des muscles des épaules et des bras de personnes qui travaillent à la chaîne, confie Pierre Rigaux. Nous avons été contactés par l’université de Besançon pour le suivi de la rééducation de patients traités par chimiothérapie. Les mesures objectives de la fatigue musculaire pourraient aider à établir les meilleurs protocoles de rééducation. »
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