Thermo Power, une révolution pour transformer la chaleur perdue en électricité
Une start-up issue de l’UCLouvain, se prépare à offrir une solution idéale aux entreprises pour économiser leur énergie. Avec un simple module, composé de métaux abondants.
C’est, potentiellement, une révolution qui pourrait changer la face de la transition énergétique. La start-up Thermo Power propose un dispositif très simple permettant de transformer la chaleur perdue en électricité. Elle est issue d’une recherche menée à l’UCLouvain par le professeur Pascal Jacques et portée par le start-up studio BXVentures. La commercialisation de ses petits modules va bientôt débuter. Ses administrateurs délégués, Olivier Thirifays et Frédéric Lani s’en expliquent à Trends Tendances.
En quoi consiste la technologie de Thermo Power?
Olivier Thirifays: Avec BXVentures, un start-up studio crée il y a deux ans, nous voulons sortir des laboratoires des technologies intéressantes pour le climat. Nous travaillons en collaboration avec les universités. Si une technologie est déployable à large échelle, nous investissons. Dans le cas de Thermo Power, tout vient d’une discussion que nous avons eue avec Pascal Jacques, professeur à l’UCLouvain, et ses équipes. La récupération de l’énergie perdue et sa conversion en électricité est un vrai sujet. La technologie issue de ce laboratoire est déployable à large échelle, elle repose sur des matériaux bons marchés qui ne sont pas rares et qui ne viennent pas de Chine et elle est modulable, susceptible donc d’être utilisée dans différents secteurs. Ce sont des modules qui s’aggrègent.
C’est la solution parfaite, dirait-on?
O.T.: Disons que ce sont les avantages compétitifs que l’on essaie de mettre en avant.
Frédéric Lani: Vous parlez d’une révolution: le phénomène physique de génération d’électricité à partir d’une différence de température est connu, il existe, mais jusqu’ici, les matériaux sélectionnés empêchaient de déployer cette technologie à grande échelle, notamment dans l’industrie. La révolution de l’UCLouvain consiste de permettre une telle technologie à partir de deux métaux parmi les plus abondants dans la croute terrestre, le fer et l’aluminium.
Un déploiement massif est donc possible et imminent?
O.T.: Exactement. Nous sommes en contact avec de nombreux acteurs belges, européens et même outre-Atlantique qui sont intéressés. Nous ne donnons pas encore de noms, mais cela touche des secteurs aussi divers que la sidérurgie, la cimenterie, la chimie, le verre, l’agro-alimentaire, la manufacture… La technologie est en phase de déploiement. La commercialisation dans sa version V1 est imminente, oui.
F.L.: Pour maximiser l’impact environnemental, il faut l’introduire massivement. Pour cela, il faut un outil de production industriel. L’enjeu, c’est d’y arriver à terme. Dans un premier temps, nous envisageons de le faire par nous-mêmes, en nous occupant nous-même de la fabrication et en gérant la chaîne de valeurs.
Massivement, qu’est-ce que cela pourrait représenter?
F.L. On se base sur des modules de 5 centimètres sur 1 centimètre, environ. C’est l’enveloppe de la version actuelle. Notre objectif, c’est d’en produire plusieurs dizaines de milliers par an, voire plusieurs centaines de milliers. Ce serait une belle PME. La production d’un tel module dépend de la quantité de chaleur qui peut être récupérée dans l’industrie, mais pour donner une image, cela permet de récupérer au moins la même quantité qu’une installation photovoltaïque de superficie égale. Cela peut être beaucoup plus intéressant pour les industries qui dégagent énormément de chaleur.
O.T.: On vient se positionner sur un processus industriel existant, de façon non invasive, c’est important de le préciser. La technologie peut être rapidement installée. Et notre système ne nécessite pas de maintenance : on peut l’installer vingt ans ou davantage sans y toucher. Pour un industriel, c’est parfait. Et cela produit de l’électricité sans arrêt.
Cela représente un investissement important?
F.L.: Pour le moment, on opère sur les équipements de l’UCLouvain à l’échelle du laboratoire. Nous avons déjà pu améliorer les cadences mais, techniquement, il n’y a pas d’investissement à l’état. A terme, on devra investir dans des machines.
O.T.: C’est prévu. On s’appuie sur les infrastructures de l’université. Nous ne sommes pas une spin-off, l’université n’a pas de part dans Thermo Power. Progressivement, nous allons nous équiper avec des infrastructures complémentaires.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici