Arthus Haulot a fondé SportiVision, une plateforme de publication de photos sportives unique en Belgique. Sa solution utilise l’IA pour permettre aux photographes de monétiser leurs clichés tout en respectant la vie privée des sportifs.
À seulement 20 ans, le Bruxellois Arthus Haulot incarne parfaitement la fibre entrepreneuriale. Étudiant en relations publiques à la Haute École Libre de Bruxelles (HELB), il jongle avec passion entre ses études, son job étudiant et le développement de SportiVision, une plateforme innovante dédiée à la vente de photos sportives.
L’idée lui est venue en participant, ado, à des compétitions de VTT. Photographié par son père, il perçoit vite le potentiel de monétisation de ces clichés. Rapidement, il identifie deux écueils : l’absence de plateforme dédiée et la difficulté à retrouver ses photos parmi des milliers. Autre problématique : les photographes distribuent souvent leurs clichés gratuitement, ce qui dévalorise leur travail. “Sans photo, il n’y a pas de visibilité, les sponsors n’investissent pas dans les clubs sportifs”, avance Arthus Haulot. Dès 16 ans, il développe sa propre technologie de vision par ordinateur et se perfectionne en codage. En 2024, il rejoint l’incubateur StartLab.Brussels en tant qu’étudiant-entrepreneur pour concrétiser son projet.
Le marché mondial des événements sportifs a du potentiel, avec un taux de croissance annuel moyen estimé à 7,2% d’ici 2030, selon une étude de Grand View Research. Un Belge sur quatre est affilié à un club sportif. Et, selon les estimations de SportiVision, 42 millions de participations à des événements sportifs sont enregistrées chaque année en Belgique.
Une IA éthique
SportiVision se distingue par sa technologie boostée à l’IA qui se concentre exclusivement sur la reconnaissance des numéros de dossard et des vêtements pour retrouver les photos en ligne. “Nous voulons offrir une solution éthique pour tous les sports, notamment ceux où la reconnaissance faciale n’est pas envisageable, comme le VTT enduro où les participants portent des casques intégraux”, explique son fondateur. Là où d’autres misent principalement sur la reconnaissance faciale – plus intrusive et juridiquement sensible – cette méthode garantit le respect de la vie privée, avec une précision de 80%.
Fin avril, la plateforme a été testée sur la Coupe de Belgique de VTT enduro et sur les championnats d’Europe de VTT enduro électrique. Elle a généré 30.000 visites. “Nous avons déjà dépassé nos objectifs. Avant SportiVision, les photographes vendaient en moyenne à 3% des participants. Nous avons atteint 15%”, se réjouit Arthus Haulot. Son modèle économique repose sur une commission de 20% sur chaque vente, les prix étant fixés librement (à partir de 7 euros). D’autres pistes sont à l’étude : publicité, abonnements premium ou streaming. Arthus Haulot réfléchit aussi à l’utilisation de NFT pour authentifier les photos numériques.
La plateforme est actuellement autofinancée. Son jeune fondateur y a injecté 3.000 euros. “Le développement m’a surtout coûté beaucoup de temps”, précise-t-il. Il s’est entouré d’une petite équipe de graphistes et de développeurs freelances, bientôt complétée par un ingénieur en IA.
Arthus Haulot compte sur des subsides de la Région bruxelloise pour soutenir sa croissance. Il envisage d’autres secteurs, comme les mariages et les galas, où sa technologie pourrait être utilisée avec l’accord des invités. “Mon objectif est de créer un écosystème complet pour athlètes, photographes et organisateurs d’événements”, conclut-il.