Quel premier bilan wallon pour Start It @CBC?
Le programme d’accélération soutenu par la banque CBC a fêté sa première année d’exercice à Liège. Au premier abord, son démarrage paraît modeste, mais serait plus conséquent que celui de son grand frère flamand quand il fut lancé voici 10 ans. Reste que pour avoir le même impact, la croissance sera nécessaire.
C’est encore un Petit Poucet sur le marché wallon, alors qu’en une dizaine d’années, il est devenu un acteur incontournable en Flandre et à Bruxelles. L’accélérateur de start-up Start It @KBC ne s’est décliné côté francophone, sous le label Start It @CBC, que depuis un an seulement. Logé dans la Grand Poste, lieu tech emblématique de Liège, il a fêté son premier anniversaire en mars. L’occasion de faire un premier point et de présenter sa nouvelle cohorte de jeunes pousses embarquées.
Comme son grand frère flamand, Start It @CBC fonctionne en effet sur le modèle des “cohortes”: tous les six mois, l’accélérateur lance un appel à candidatures et sélectionne une dizaine d’entreprises qui intégreront son programme d’une durée d’un an. Lors de la première année, 22 start-up ont participé à l’aventure, tandis que 11 nouvelles sociétés rejoignent actuellement Start It @CBC.
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Parmi ces entreprises, on retrouve des projets comme Totemus qui a créé une application mobile de jeux de pistes touristiques. Ou la firme Saperlipop qui propose des bâtonnets glacés aux fruits. Ou la fintech Hanna-Solutions, qui aide à la rédaction de business plans. On le voit, des secteurs particulièrement variés: logiciels d’entreprise, développement durable, produits de grande consommation, santé, éducation, intelligence artificielle et technologies de l’information.
L’anniversaire du programme fut aussi l’occasion de présenter quelques chiffres: 44 fondateurs et fondatrices sont à la base des 22 premières start-up sélectionnées ; 31 d’entre eux travaillent déjà pour elles à temps plein ; 8 nouveaux emplois auraient été créés. Et les jeunes pousses auraient levé 2 millions d’euros. “Pas énorme pour 22 entreprises”, rétorque un observateur issu du monde de l’investissement.
Surtout quand on sait que seule la moitié du montant constitue des levées en capital, le reste provenant de prêts bancaires ou d’aides publiques. Et que deux entreprises, Hanna-Solutions et Externaliz-IT, ont levé ensemble quelque 700.000 euros. Par ailleurs, cet expert s’étonne: “jusqu’à présent, on n’a quasi jamais vu les start-up de cet accélérateur approcher les fonds d’investissement”.
“Le but est de grandir, mais pas forcément sur le modèle de levée de fonds.”
Aurélien Troonbeeckx, program manager et business coach de Start It @CBC, défend toutefois le projet. “On peut être une entreprise sans lever des fonds, rétorque-t-il. Le but est de grandir, mais pas forcément sur ce modèle.” Le responsable insiste: Start It @CBC ne s’adresse pas qu’aux jeunes pousses de la tech, celles généralement les plus friandes de tours de table.
Et puis il y aurait une question de timing. “Toutes ces boîtes n’en sont pas au stade de levées de fonds. On intervient parfois assez tôt dans leur développement. Dans les phases de démarrage d’une entreprise, on parle souvent de l’étape 0 à 1. Nous arrivons juste après la phase d’incubation, que l’on pourrait placer de 0 à 0,5. Nous aidons les boîtes déjà créées à avancer…” Comme Aurélien Troonbeeckx le rappelle, Start It @CBC accepte en effet les entrepreneurs “depuis le stade de l’idée ou de construction des premiers prototypes, pour autant que le projet s’appuie sur une connaissance de la concurrence et du marché sur lequel ils veulent se développer”.
Bon démarrage mais peut mieux faire
Autre critique entendue: le nombre de boîtes reprises dans le programme, qui ne semble pas gigantesque. Les responsables nuancent. “Le démarrage wallon est plus important que celui en Flandre à ses débuts, se réjouit Lode Uytterschaut, fondateur et boss de l’écosystème Start It, la structure derrière Start It @KBC et Start It @CBC. En Flandre, la première année, nous avions seulement intégré 18 projets. Et l’on avait créé moins de huit jobs. Il faut attendre plus longtemps avant de pouvoir vraiment tirer des conclusions.”
L’exemple de la Flandre ne manque pas d’intérêt. L’initiative a démarré très modestement (plus modestement qu’à Liège), mais la croissance de l’accélérateur lui-même a été importante. En une dizaine d’années, pas moins de 1.300 entreprises seraient passées par son programme.
L’écosystème s’est en outre développé un peu partout en Belgique (Gand, Bruxelles, Anvers, Hasselt, Louvain, Courtrai et désormais Liège) mais aussi Etats-Unis (New York), en Hongrie (Budapest et Gyor) et en République tchèque (Prague). Reste qu’en Wallonie, Start It @KBC est nettement moins connu. Et de l’aveu de son fondateur, “il faut encore nous faire connaître et faire nos preuves”.
“Au départ, il ne s’agissait pas du tout d’un projet marketing, mais d’une action positive pour la société.”
Mais qu’importe la localisation, le concept y est semblable partout: proposer un programme d’accélération aux entrepreneurs qui bénéficient pendant 12 mois d’un coaching intensif, d’un accès à un réseau, à des workshops et à des espaces de bureau gratuit s’ils en ont besoin. “Nous disposons d’une approche structurée, détaille Aurélien Troonbeeckx. Chaque coach est là pour poser les questions que les entrepreneurs ne veulent pas se poser et pour les challenger. On organise aussi beaucoup de mises en relation.”
A noter qu’à l’inverse de certaines autres structures d’accompagnement, le programme est entièrement gratuit, et les start-up ne doivent céder aucune part de leur capital. Etonnant? Pas si l’on retourne aux fondements de cet accélérateur qui bénéficie de multiples sponsors, KBC/CBC n’étant que le plus gros d’entre eux. Pour ce dernier, la philosophie de départ procédait surtout de l’opération sociétale. “Il ne s’agissait pas du tout d’un projet marketing, insiste Lode Uytterschaut, mais d’une action positive pour la société. L’initiative a grandi de plus en plus et est, forcément, devenue plus visible et plus stratégique.”
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Aujourd’hui, la banque tire de cet engagement plus d’un bénéfice secondaire. Soutenir les entrepreneurs et être associé à l’univers start-up lui donne par exemple une bonne visibilité auprès d’un public cible intéressant. Par ailleurs, même si les entreprises sont totalement libres d’aller voir ailleurs, la banque est aux premières loges pour proposer des financements aux jeunes pousses. Voire, en théorie, proposer des partenariats ou des transferts de technologie.
Implantation low cost
Durant le programme, les start-up reçoivent chacune pour “environ 75.000 euros de valeur en coaching, espace de travail et mises en contact”, insiste le responsable de Start It @KBC. Une somme qui n’est pour autant pas directement déboursée par Start It et ses partenaires. “Nous travaillons nos budgets comme si nous étions nous-mêmes une start-up”, s’amuse Lode Uytterschaut. Comprenez que Start It @CBC fait preuve d’inventivité dans son approche et noue des partenariats et des échanges.
D’ailleurs, le lancement de l’initiative côté wallon aurait nécessité nettement moins de fonds que d’autres. Le budget de démarrage des programmes précédents avoisinaient habituellement les 250.000 à 300.000 euros. Start It @CBC, qui est entouré de partenaires comme Noshaq et Wallonie Entreprendre (anciennement la Sowalfin), s’est, lui, développé avec une enveloppe plus limitée, expliquent ses responsables, sans communiquer de montant précis.
D’autres projets en Wallonie?
Mais avec des résultats hyper-satisfaisants, estime Lode Uytterschaut qui pour juger du succès, se penche sur les quatre principaux “KPI’s” (indicateurs de performance) de l’accélérateur: le NPS (“net promoter score”) des participants à l’égard de l’initiative et des coachs, les montants levés, le taux d’emploi et, enfin, les revenus et la valeur ajoutée par les start-up de l’écosystème. Jusqu’ici, Liège s’en tirerait assez bien…
Aux yeux de Start It @CBC, il est toutefois encore trop tôt pour envisager de nouvelles implantations en Wallonie. Rien n’indique que d’autres programmes ne seront pas lancés, mais tant Aurélien Troonbeeckx que Lode Uytterschaut se montrent prudents: ces nouveaux projets n’en seraient qu’au stade de la réflexion. Les résultats des prochains exercices liégeois et l’arrivée d’autres sponsors partenaires en Wallonie seront sans doute déterminants.
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