La Belgian tech se finance plus facilement, signe d’écosystème qui arrive progressivement à maturité

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Les investissements dans les jeunes entreprises technologiques belges se sont élevés à 470 millions d’euros durant le premier semestre de cette année, dépassant les 424 millions d’euros de financement total pour l’ensemble de l’année 2023. C’est ce qu’il ressort mercredi de la première étude “State of Belgian Tech Report” du groupe d’investisseurs providentiels Syndicate One, du consultant Bain & Company et de la société belge d’investissements Sofina.

D’après eux, plusieurs signes encourageants permettent de conclure que l’écosystème belge des start-ups et des investissements se développe “de manière saine et durable”. Il s’agit notamment d’une augmentation globale et cohérente du financement des start-ups et des scale-ups technologiques, en particulier en phase de démarrage. Un phénomène qui s’est produit malgré un retour à la normale après la frénésie des années post-pandémie et qui avait été alimentée par des taux d’intérêt bas. 

D’après les recherches de Syndicate One, Bain & Company et Sofina, “2024 est en passe de battre des records à bien des égards”, si l’on ne tient pas compte des années post-Covid lors desquelles le financement avait été exceptionnel (avec un pic à 1,04 milliard injecté en 2022).

Investissement plus important en Flandre

Après cette année-là, les investissements en Belgique ont ainsi connu une reprise plus forte que la moyenne européenne, avec donc près d’un demi-milliard investi au cours du premier semestre dans des start-ups technologiques. Cette reprise est encore plus rapide que dans l’ensemble de l’Europe.

Si l’on considère les Régions, les start-ups basées en Flandre reçoivent historiquement une plus grande part du volume d’investissement total (52%), tandis que les start-ups bruxelloises attirent 31% du capital cumulé alors qu’elles ne contribuent qu’à hauteur de 17% au PIB de la Belgique.

Au cours des six dernières années, le montant moyen investi par tour de table et par étape a en outre augmenté: il a triplé au stade de l’amorçage et de la série B, et plus que doublé au stade de la série A. Le nombre de sorties n’a cessé d’augmenter, avec 22 sorties enregistrées au premier semestre 2024.

Malgré cette croissance, l’écosystème technologique belge se trouve toutefois encore dans sa phase de maturation initiale. Au cours des six dernières années, les tours de financement de démarrage ont en effet représenté environ 77% des capitaux levés par les start-ups technologiques, contre 42% en Europe au cours de la même période. 

Il est, semble-t-il, devenu moins difficile de lever des capitaux dans les premières phases de vie d’une entreprise en Belgique. Cela est notamment dû à l’augmentation de l’activité d’investissement providentiel, de la présence accrue de sociétés de capital-risque en phase de démarrage et d’un réseau de soutien en pleine expansion.

Quatre licornes

L’augmentation mondiale du financement de l’intelligence artificielle se répercute également en Belgique. Les entreprises d’IA ont représenté plus de 70% du capital investi au cours du premier semestre de 2024.

Signe d’un écosystème qui arrive progressivement à maturité, quatre “licornes” (des entreprises dont la valorisation est supérieure ou égale à 1 milliard de dollars, NDLR) ont vu le jour en Belgique: team.blue, Collibra, Odoo et Deliverect, illustrent les auteurs de l’étude.

La guerre des talents (pour le recrutement et la rétention) constitue le principal défi selon les fondateurs de start-up interrogés. La difficulté d’attirer, de retenir et de récompenser les talents seniors constitue ainsi un obstacle important au développement de l’écosystème technologique belge, conclut l’étude.

La Belgique a dès lors beaucoup à apprendre des écosystèmes technologiques et d’investissement plus matures et des programmes de soutien, à l’image de ce qui existe en France (avec La French Tech), au Royaume-Uni (Tech Nation), en Allemagne (Future Fund) et aux Pays-Bas (Techleap)

“Il existe un besoin clair et non satisfait d’aligner les structures de soutien actuellement fragmentées et les opportunités de financement public, ainsi qu’un rôle plus actif des fonds de pension, par exemple, dans l’alimentation de la capacité d’innovation de la Belgique”, pointent les partenaires. 

Le but du rapport n’est pas de partager un message politique mais bien de faire un état des lieux de l’investissement dans le secteur technologique. Interrogé, Laurens De Poorter, co-fondateur de Syndicate One, a toutefois invité les décideurs politiques, dont les négociateurs de la potentielle future coalition Arizona, à avoir une vision d’avenir. “Dans 20-30 ans, une grande partie de la croissance du PIB de la Belgique sera due au secteur technologique. Ayons dès lors une vision en tant que pays, et pas avec une vue à court terme”, a-t-il encouragé. “Le secteur est en feu pour le moment!”.

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