Les ambitions du futur “plus grand incubateur de start-up à Bruxelles”

Volta pourrait bien être le projet bruxellois le plus ambitieux dans le microcosme de la tech. © Twyce / CoArchi
Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

Un incubateur de plusieurs milliers de mètres carrés au cœur d’Ixelles sur le site d’une ancienne centrale électrique pour accueillir les entrepreneurs du numérique. Joli symbole pour ce projet à 25 millions initié par Thibaud Elzière, star du digital franco-belge, qui verra le jour en 2027.

Enfin ! Cela fait 15 ans qu’il évoque son souhait de développer une initiative pour l’écosystème belge de la tech. Thibaud Elzière passe désormais à l’acte. Déjà reconnu pour son parcours à succès dans le monde des start-up (il a revendu Fotolia et fondé eFounders/Hexa), voilà qu’il s’apprêterait à lancer un grand espace de plusieurs milliers de mètres carrés dédié aux jeunes entreprises innovantes au cœur d’Ixelles.

La Libre dévoilait la semaine passée la signature d’un compromis de vente pour un bâtiment situé rue Volta, à Ixelles, à deux pas des campus de l’ULB et de la VUB. Un site industriel emblématique, puisqu’il s’agit d’une ancienne centrale électrique. Potentiellement tout un symbole, puisque dans ce lieu désaffecté viendraient s’installer des entrepreneurs belges et européens qui dessinent le monde de demain. Le projet, baptisé Volta, vise à transformer ce bâtiment en un énorme incubateur de start-up. L’investissement s’élèvera à 25 millions d’euros, pour le rachat du lieu et son réaménagement. Et l’ouverture est espérée pour 2027.

Une belle manière, pour Thibaud Elzière, de montrer qu’il s’investit pleinement dans l’écosystème belge de la tech, où il est actif au travers de son start-up studio Hexa et de ses investissements en tant que business angel. Car si tout le monde s’accorde à saluer l’incroyable succès de Thibaud Elzière dans l’univers du digital (il est à l’origine d’une quarantaine de start-up, dont trois licornes), certains regrettaient parfois de ne pas le voir plus impliqué dans l’écosystème belge.

© Twyce / CoArchi

Se placer sur la carte européenne

Pourtant, l’entrepreneur, qui est également l’un des business angels les plus actifs de sa génération en France, n’a jamais caché son souhait de faire de Bruxelles un endroit qui vibre pour le digital. Cela fait 15 ans qu’il réfléchit à une initiative forte, fédératrice, capable de structurer le paysage local. Et là, il voit grand. Il pourrait s’agir du projet bruxellois le plus ambitieux dans le microcosme de la tech, très bien accueilli par les pros du digital, tout comme des acteurs régionaux.

Beci, par exemple, nous a confirmé se réjouir de cette idée et se dit prête à tout faire pour soutenir la réalisation d’un tel projet. De son côté, Edouard Cambier, le “monsieur coworking belge”, également administrateur chez Beci, salue l’initiative : “Qu’un entrepreneur qui fait partie des grandes fortunes françaises bouge et investisse dans le territoire est une excellente chose.”

“Qu’un entrepreneur qui fait partie des grandes fortunes françaises bouge et investisse à Bruxelles est une excellente chose.” – Edouard Cambier (Beci)

Reste à voir si Volta, le nom que devrait porter ce lieu, sera autre chose que le 91e espace de coworking bruxellois à côté des Silversquare, BeCentral, etc. S’il ne veut pas encore trop en dire, tant que le projet n’en est qu’au stade du compromis de vente, Thibaud Elzière laisse entendre que ce ne sera pas le cas. Et que ce ne sera pas non plus un “Station F à la belge”. Mais il se refuse à faire davantage de commentaires à ce stade. Ce que l’on sait déjà, c’est que l’endroit sera exclusivement réservé aux start-up et qu’il y aura forcément des connexions avec l’écosystème Hexa, le studio que l’entrepreneur a lancé avec Quentin Nickmans et qui, au travers de ses entreprises, a initié pas moins de 2.000 jobs, essentiellement en France et aux États-Unis pour l’instant.

Volta hébergera forcément des start-up ou futures start-up d’Hexa (qui prévoit d’arriver à 30 créations par an d’ici 2030) et des start-up dans lesquelles le business angel investit en son nom. “Le modèle de base, c’est de l’immobilier, prédit un spécialiste. Ce lieu proposera un loyer attractif à l’écosystème de Thibaud Elzière et un loyer un peu plus lourd aux autres, de quoi financer à terme le coût de l’investissement immobilier. Mais vu son profil et son parcours, nul doute qu’il parviendra à en faire un écosystème qui attire une vraie communauté, des événements, et qui place Volta sur la carte européenne de la tech.”

D’ailleurs, vu l’engouement des start-up sur les réseaux à l’annonce du projet, les signaux sont encourageants et Volta pourrait attirer des start-up (et de l’activité) à Bruxelles. Car l’ambition de Volta serait double : fédérer les talents locaux – qui souvent s’expatrient faute de soutien structurant – et attirer des profils internationaux. Et se placer sur la carte européenne, notamment en jouant la carte du “plus gros” à Bruxelles. Car, de l’avis de cet autre observateur, “la prime est au plus gros, selon l’adage du winner takes it all.

L’ambition de Thibaud Elzière est certainement de se positionner comme le lieu emblématique en Belgique pour tout ce qui se fait dans la tech. Imaginons que de grands noms de la tech mondiale passent en Belgique, l’idée serait que leur arrêt se fasse chez Volta. Dans ce cas, le pari serait réussi.” Et l’entrepreneur a montré qu’il avait de l’ambition dans ses projets de start-up. Nul doute qu’il en a aussi pour Volta.

Concurrence avec Wintercircus ?

Sauf que l’entrepreneur à la tête de Hexa n’est pas le seul à nourrir cette ambition. Pour l’instant, la capitale de la tech s’est plutôt construite… à Gand, où les “mafias” de Netlog et de Showpad/In The Pocket ont fait des petits. Et un lieu emblématique y est né, fondé par Louis Jonckheere : le Wintercircus, un écosystème dynamique regroupant des start-up de la tech, des événements et un programme d’activités. Sans oublier l’organisation, depuis quelques années, d’un événement inspirant d’envergure en Flandre, sous l’impulsion de Jurgen Ingels (serial entrepreneur à succès devenu investisseur) : Supernova. Cette année, l’événement a notamment attiré Oprah Winfrey ainsi que des dizaines de spécialistes de la tech et des affaires. L’année dernière, Supernova avait déjà fait salle comble en “bookant”… Barack Obama.

La course à la taille et à l’exceptionnel ? En coulisses, les avis sont partagés. Certains laissent entendre une “saine concurrence”, d’autres une “émulation” pour booster sa propre initiative. D’autres encore se demandent l’impact que pourrait avoir un tel espace sur les 90 autres coworking de Bruxelles. En tout cas, tous s’accordent pour applaudir l’ambition de ces initiatives qui, chacune, pourraient trouver un public différent, mais qui valoriseront toutes, d’une manière ou d’une autre, la Belgique numérique…

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