La fintech belge Easyvest s’attaque à l’assurance-groupe

Matthieu Remy et Corentin Scavée.
Matthieu Remy et Corentin Scavée, co-fondateurs et respectivement CEO et Chief of Wealth Management chez Easyvest. © Fred Sablon
Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Spécialisée dans les solutions d’épargne et d’investissement en ligne, la start-up bruxelloise part à l’assaut du marché de l’assurance-groupe en Belgique et lance le premier fonds de pension multi-employeurs.

Grosse nouveauté que celle signée par Easyvest. Peu importe sa taille, toute entreprise pourra dorénavant s’affilier à un fonds de pension commercialisé par la start-up et sera ainsi en mesure d’offrir à ses employés et ses dirigeants des plans de pension performants à long terme, entièrement basés sur des fonds indiciels cotés (Exchange Traded Funds, ETF). Baptisé Easyvest Pension Fund, le produit est le premier du genre en Belgique, le premier fonds de pension multi-employeurs.

Grâce à cette solution inédite sur le marché belge, la fintech créée en 2016 par Matthieu Remy et Corentin Scavée s’est fixé comme objectif de convaincre en dix ans pas moins de 10.000 sociétés de s’affilier (PME, etc.), soit un total de 100.000 employés, représentant un milliard d’euros d’actifs sous gestion. Un objectif pour le moins ambitieux que la jeune pousse bruxelloise, qui se spécialise depuis sa création dans les solutions d’épargne et d’investissement en ligne, espère atteindre en offrant à la fois de meilleures perspectives de rendement et un meilleur service.

Deuxième pilier

Comme l’explique Matthieu Remy, il faut savoir en effet que 80 % des plans de pension complémentaire pour employés sont en fait aujourd’hui des assurances de groupe, qui ont souvent recours à des contrats qui se basent principalement sur des produits de la branche 21. “Ils garantissent le capital mais avec un rendement annuel qui peine à battre l’inflation, avance le CEO de la start-up bruxelloise qui totalise actuellement 3.000 clients pour lesquels elle gère plus de 185 millions d’euros d’avoirs. Les primes versées dans le cadre de ces contrats, plus communément appelés le deuxième pilier des pensions, sont investies majoritairement dans des bons d’État, certes peu risqués mais qui offrent également peu de rendement. Or, dans un contexte de long terme tel que la planification de pension, avec un horizon d’investissement pouvant aller jusqu’à 40 ans, investir sans risque est une aberration financière.”

Contrairement aux assurances-groupe branche 21, les 20 % restants sont des fonds de pension qui obtiennent de meilleurs rendements mais qui sont généralement l’apanage de grosses structures (type Proximus, GSK, BASF, Bekaert…) “Investissant davantage en actions, ils sont plus risqués, mais génèrent néanmoins plus de rendement à long terme”, ajoute Matthieu Remy, faisant référence aux chiffres de PensioPlus, l’association du secteur : sur les 40 dernières années, les fonds de pension belges ont dégagé un rendement moyen de 6,2 % par an, soit environ trois fois plus que les assurances-groupe qui végètent autour de 2 % ! “Mais en raison de leurs coûts de structure, les fonds de pension n’étaient jusqu’à présent réservés qu’à de très grandes entreprises, des secteurs paritaires entiers et certaines institutions publiques”, poursuit Matthieu Remy.

Tout digital

D’un point de vue pratique, il sera possible d’avoir accès de manière totalement digitale au nouveau produit, “spécialement conçu pour contrecarrer les faibles rendements de l’assurance-groupe mais aussi la lourdeur administrative”, assure-t-on du côté d’Easyvest. Les départements de ressources humaines pourront en quelques clics ouvrir et gérer les plans de pension de leurs employés qui, de leur côté, pourront suivre en temps réel l’évolution de leur capital pension. “Chacun verra dans quelles actions et obligations les plans sont investis, sans jargon, et avec une transparence totale sur les frais et taxes”, précise Matthieu Remy.

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