Sous la direction de Boutin, l’action Proximus a perdu 80% de sa valeur, mais ce n’est pas grave
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Guillaume Boutin quittera ses fonctions de CEO de Proximus en mai afin de rejoindre l’opérateur télécom britannique Vodafone en tant que directeur des investissements et de la stratégie. Boutin était actif au sein du groupe Proximus depuis sept ans et occupait le rôle de CEO depuis décembre 2019. Période au cours de laquelle l’action Proximus a chuté de 80 %… L’arrivée d’un nouveau CEO pourrait-elle redonner un élan au titre ? « La première priorité sera de réduire la dette », estime un analyste.
Guillaume Boutin quittera ses fonctions de CEO de Proximus en mai afin de rejoindre l’opérateur télécom britannique Vodafone en tant que directeur des investissements et de la stratégie. Boutin était actif au sein du groupe Proximus depuis sept ans et occupait le rôle de CEO depuis décembre 2019. Période au cours de laquelle l’action Proximus a chuté de 80 %… L’arrivée d’un nouveau CEO pourrait-elle redonner un élan au titre ? « La première priorité sera de réduire la dette », estime un analyste.
Guillaume Boutin a récemment mis le conseil d’administration de Proximus et son président, Stefaan De Clerck, devant le fait accompli : il rejoint Vodafone Group. Vendredi soir, lors d’une conférence de presse sur son départ, il a évoqué une opportunité qu’il « ne pouvait pas refuser ». Selon des sources de nos collègues de Trends, Boutin a précisé lundi, lors d’une session interne de questions-réponses, que Vodafone opère à une « tout autre échelle » que Proximus. Sa nouvelle fonction lui offrira la possibilité de jouer un rôle clé au sein d’un « acteur mondial ».
Malgré la dégringolade de l’action de l’entreprise télécom, Guillaume Boutin affirme laisser Proximus en bonne posture et estime que l’entreprise est désormais « prête pour l’avenir ».
Un avis partagé par Kris Kippers, analyste chez Degroof Petercam, qui anticipe un retour sur investissement des lourdes dépenses engagées ces dernières années. « Proximus récoltera bientôt les fruits de ses investissements. Les acquisitions internationales et la stratégie de développement de Proximus Global ne devraient engendrer un retour sur investissement que vers la fin 2025 et 2026, lorsque les synergies avec Route Mobile, Telesign et BICS apparaîtront. Boutin ne sera plus là non plus pour voir les bénéfices du déploiement conjoint des réseaux de fibre optique. Prenons l’exemple de Wire, le partenariat avec Telenet et Fluvius en Flandre, et avec Orange Belgium en Wallonie. Tous ces éléments devraient considérablement améliorer les flux de trésorerie à partir de 2027. »
Degroof Petercam fixe son objectif de cours pour l’action Proximus à 10 euros.
Explications de la chute du cours Proximus
Au cours des cinq dernières années, l’une des principales explications de la chute du cours de l’action Proximus réside dans les investissements massifs, chiffrés en milliards d’euros, et destinés au déploiement des infrastructures 5G et de la fibre optique. Bien que nécessaires pour assurer la compétitivité de l’entreprise, ces investissements ont toutefois lourdement pesé sur sa rentabilité.
« L’État, actionnaire majoritaire de Proximus, a toujours attendu de l’opérateur qu’il lui verse un dividende élevé. Une exigence devenue intenable au regard de l’ampleur des investissements réalisés. Ce qui a conduit à une diminution du dividende de 1,20 euro à 0,60 euro », explique Kris Kippers. « Par conséquent, Proximus s’est retrouvé avec un niveau d’endettement élevé, ce qui a refroidi de nombreux investisseurs. Par ailleurs, l’incertitude prolongée, quant à la possibilité pour les différents opérateurs de collaborer sur le déploiement des infrastructures de fibre optique, a également pesé sur l’entreprise. Une prise de décision plus rapide aurait pu éviter une surcapacité d’investissement. Enfin, un troisième coup porté à l’action a été l’arrivée de DIGI, un quatrième opérateur télécom. L’arrivée de ce nouveau venu a bouleversé le marché. »
Ainsi, si plusieurs facteurs atténuent la responsabilité de Guillaume Boutin dans la dégringolade de l’action Proximus, certains choix de gestion restent critiquables. « L’entreprise n’était pas préparée à faire des acquisitions d’envergure, de celles qui ont abouti à la création de Proximus Global. Sous la direction de Boutin, la structure de l’opérateur est devenue inutilement complexe, ce qui inquiète les investisseurs. La priorité du futur CEO devra donc être la réduction de l’endettement », insiste Kippers.
Un marché sous pression
Lors de la conférence de presse de vendredi passé, Guillaume Boutin a dressé un bilan élogieux de son mandat, qualifiant son passage chez Proximus de « parcours exceptionnel ». « Nous avons gagné des parts de marché et établi un plan industriel sur le long terme », a-t-il affirmé.
Selon un rapport publié en juin par l’Institut belge des services postaux et des télécommunications (IBPT), Proximus a effectivement renforcé sa position en 2023 sur le marché de l’internet fixe, avec un gain de 0,9 point de pourcentage en Flandre. En revanche, la croissance de sa part de marché dans l’internet mobile (5G) est restée atone.
« L’impact de l’arrivée de DIGI sur le marché reste incertain. L’opérateur est extrêmement agressif sur le segment mobile grâce à ses abonnements à prix cassés. Mais Proximus en tire également des bénéfices, puisque DIGI utilise son réseau. Même si celui-ci est limité à la 4G », souligne Kippers. « En revanche, dans le domaine de la fibre optique, DIGI ne représentera pas encore une menace immédiate, car ce marché exige du temps et des investissements considérables pour se développer. »
Une participation étatique contraignante
Fin de l’année passée, plusieurs voix se sont élevées pour critiquer ouvertement la gestion de Proximus sous la direction de Guillaume Boutin. Parmi elles, le député N-VA Michael Freilich et le président du MR Georges-Louis Bouchez ont particulièrement critiqué la chute du cours de l’action. Face à cette pression, Boutin et le président du conseil d’administration Stefaan De Clerck ont dû s’expliquer devant la commission des Entreprises publiques du Parlement fédéral. Le dirigeant français a toutefois nié que ces critiques aient influencé sa décision de rejoindre Vodafone.
Fait notable cependant, la nouvelle coalition gouvernementale adopte une approche de plus en plus critique à l’égard des participations de l’État dans certaines entreprises stratégiques, telles que Proximus, Belfius et bpost. Dimanche dernier, le ministre des Finances Jan Jambon a confirmé que le gouvernement envisageait de céder certaines entreprises publiques. « L’accord de coalition stipule que nous devons réévaluer ces participations, notamment pour contribuer au financement du fonds de défense », a-t-il précisé.
Une opportunité pour les investisseurs?
Cependant, selon Kris Kippers, une vente de Proximus par l’État belge ne semble pas imminente. « Ce n’est pas le bon moment. Dans l’immédiat, une telle opération serait défavorable pour l’État belge, car Proximus prévoit une amélioration significative de son flux de trésorerie dans les années à venir. Or, cette perspective ne se reflète pas encore dans la valorisation actuelle du titre », explique l’analyste de Degroof Petercam. À l’inverse, une réduction progressive des participations étatiques dans BNP Paribas Fortis et Belfius apparaît plus probable.
Toutefois, une sortie de l’État du capital de Proximus pourrait être perçue comme une opportunité pour les investisseurs. « La principale critique formulée par les investisseurs à l’égard de l’action Proximus concerne justement la participation majoritaire de 53 % détenue par l’État belge. Ce dernier n’a pas toujours agi de manière rationnelle. Et cela a pu nuire à la gouvernance de l’entreprise », souligne Kippers.
« Une réduction de la part de l’État améliorerait également la liquidité du titre en Bourse. Enfin, la gouvernance de Proximus a souvent été pointée du doigt. Une diminution de la participation publique permettrait de moderniser le conseil d’administration. Mais aussi de favoriser une meilleure cohésion entre les administrateurs et la direction exécutive. »
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Proximus
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Siège social:
Schaarbeek
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Secteur:
Telecommunicatie, telefonie
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Toegevoegde waarde:
2346392087