Solomon, le sauveur de Mithra ?

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Alors que Mithra, spécialiste liégeois de la santé féminine, est dans une zone de turbulences, elle vient de désigner David H. Solomon comme successeur de Leon Van Rompay. Qui est cet Américano-Canadien ?

Le nom du successeur de Leon Van Rompay à la tête de Mithra vient d’être dévoilé. Il s’agit de l’Américano-Canadien David Solomon. Il prendra ses fonctions le 11 avril. Selon Mithra, sa nomination est le fruit d’un « processus long et sélectif organisé par le Comité de Nomination et de Rémunération avec l’aide de Stanton Chase Executive Search. Sa sélection a été votée à l’unanimité par le conseil d’administration».

Un CV rutilant

L’homme bénéficie d’une expérience de plus de 30 ans dans l’industrie des secteurs des sciences de la vie, de la biotechnologie et de l’industrie pharmaceutique aux États-Unis et en Europe et, selon Mithra, « a fait ses preuves en matière de R&D, de développement stratégique et conclusions d’accords dans le cadre de ses multiples fonctions dirigeantes ». Il faut dire qu’il dispose d’un CV impressionnant où apparaissent plusieurs sociétés de biotechnologie cotées en bourse. Celui qui a obtenu un doctorat à la Faculté de médecine et de l’École supérieure en Sciences médicales de l’Université Cornell a ainsi été CEO de plusieurs biotech comme Silence Therapeutics, Akari Therapeutics, Bionor Pharma ou encore Zealand Pharma.

La dernière en date était Pharnext Therapeutics. Il a rejoint en 2020 cette entreprise spécialisée dans les maladies neurodégénératives orphelines comme la maladie de Charcot. Il va cependant démissionner en novembre 2022 de son poste. Cela semble d’ailleurs être une habitude chez lui, note l’Echo. Il va ainsi démissionner de son poste de CEO chez Silence Therapeutics (2019) et d’Akari Therapeutics (2018), mais aussi quitter Bionor Pharma (en 2016). Pour Akari, il semble qu’il aurait été poussé vers la sortie suite à l’utilisation d’une carte de crédit de la société pour ses transactions personnelles, dit encore L’Echo. Le quotidien précise néanmoins que ce « serait lié à une utilisation d’une carte de crédit pour un déplacement Uber, ce qui a été jugé insignifiant par le conseil d’administration de Mithra ».

En parallèle de son expérience en tant que CEO, il a aussi été, selon Mithra « président du conseil d’administration d’Advicenne et membre du conseil d’administration de TxCell SA (acquise par Sangamo Therapeutics), Onxeo SA et Promosome.»

Mithra en zone de turbulences

L’expérience de Solomon, notamment en matière d’octroi de licences, va-t-elle suffire à calmer les marchés et réinstaurer la confiance alors que Mithra est en zone de turbulences ? Pour l’instant la nouvelle est accueillie positivement, mais sans enthousiasme excessif.

L’intéressé se dit lui “honoré d’avoir l’opportunité de diriger Mithra (…). La santé des femmes a été mal desservie et, chez Mithra, nous nous engageons à continuer à innover des solutions thérapeutiques pour aider les femmes et à traduire la science en valeur significative pour les patients et les investisseurs”.

Or si Mithra a triplé son chiffre d’affaires en 2022, les premières ventes de la pilule contraceptive Estelle restaient cependant bien en dessous des attentes en mars. Et les pertes, bien qu’en diminution, flirtent avec les 60 millions d’euros. Des résultats dangereusement insuffisants ou seulement en dessous des attentes? D’un côté, le cours de Bourse a dégringolé en un an de 16 à 3 euros, poussant le conseil d’administration à anticiper le remplacement du CEO Leon Van Rompay. De l’autre, Mithra annonce un chiffre d’affaires triplé en 2022, à 67 millions d’euros, des pertes réduites de moitié (59,6 millions d’euros) et des résultats positifs de l’étude de sécurité du Donesta (médicament contre les effets de la ménopause).

Mithra développe elle-même ses produits

Contrairement à d’autres biotechs, Mithra a fait le choix de développer elle-même ses produits jusqu’à la mise sur le marché. Et même au-delà puisqu’elle a construit une usine de production à Flémalle. Son premier produit propre (hors générique) est désormais sur le marché. La pilule contraceptive Estelle a généré l’an dernier 9,2 millions d’euros de recettes, un chiffre inférieur à celui de 2021. La société pointe cependant une accélération aux États-Unis sur les derniers mois et elle espère l’intensifier avec des actions de marketing. La mise sur le marché durant la pandémie a vraisemblablement freiné l’implantation du produit. Il est distribué en Europe par Gedeon Richter et aux États-Unis, ainsi qu’en Australie, par Mayne Pharma. De grands groupes, mais peut-être pas aussi grands que ceux dont rêvaient les fondateurs de Mithra.

Miser sur le Donesta

La société liégeoise fonde beaucoup d’espoir dans le Donesta, attendu sur le marché américain au début 2024 et un an plus tard en Europe. La firme chargée de sa commercialisation aux États-Unis sera bientôt connue et cela constituera un bon baromètre de la confiance du marché envers le potentiel de Donesta. En Europe, c’est à nouveau Gedeon Richter qui s’en chargera. Les retards et les premières ventes inférieures aux attentes ont compliqué le financement de l’entreprise. Mithra a conclu début 2022 un accord avec Goldman Sachs pour un montant maximal de 100 millions d’euros, remboursable en actions. Quand le cours de Bourse s’effondre, un tel accord dilue fortement les actionnaires antérieurs, qui n’en sont évidemment pas réjouis. Aujourd’hui, la position de trésorerie permet cependant à Mithra, toujours confiante dans le potentiel de ses produits de santé féminine à base d’Estétrol, de voir venir pour l’année en cours.

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