Six questions pour repenser la chaîne de valeur agricole (1) : Comment ont évolué les revenus des agriculteurs ?

Véronique De Herde.
Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Nous nous sommes interrogés sur l’évolution du revenu des agriculteurs, le rôle de l’Etat, le système de fixation des prix, les accords de libre-échange, la stratégie européenne « de la ferme à la table » et l’organisation de la chaîne de valeur dans l’agriculture. Véronique De Herde, docteur en sciences agronomiques et chargée de recherche FNRS au Centre d’Economie Sociale (HEC – ULiège), nous a répondu.

Le mouvement de protestation des agriculteurs a braqué les projecteurs sur une filière cruciale pour notre société et pourtant peu souvent à la une des médias. Pour comprendre les problèmes, auxquels sont confrontés les agriculteurs, les enjeux et les solutions possibles, nous avons posé six questions à Véronique De Herde. Elle est titulaire d’un master en Histoire contemporaine (ULB, 2005), d’un master en Bio-ingénierie (UCLouvain, 2014) et d’un doctorat en sciences agronomiques (UCLouvain, 2021). Elle est actuellement chargée de recherche FNRS au Centre d’Economie Sociale à HEC – Université de Liège, où elle travaille sur les modèles d’organisation des chaînes de valeur agro-alimentaires. La question du jour :

Comment ont évolué les revenus des agriculteurs ces trente dernières années ?

« Le revenu par unité de travail agricole a augmenté sur les trente dernières années, mais a reculé entre 2010 et 2016, répond Véronique De Herde. Il y a de fortes disparités entre exploitations et entre types de productions agricoles. Généralement, les grandes cultures sont plus rémunératrices par unité de travail que les exploitations d’élevage ou les exploitations mixtes.

Ce qui marque surtout les esprits, c’est que durant cette période, le revenu par unité de travail agricole soit devenu inférieur au revenu comparable d’autres secteurs. L’augmentation du revenu par unité de travail agricole a aussi été de pair avec une importante concentration en actif par unité de travail. Les exploitations wallonnes étaient encore de 29.000 en 1990, elles ne sont plus que de 12.000 aujourd’hui.

Le poids lié aux actifs est plus fort par unité de travail, alors même que les revenus, du fait de la dérégulation des marchés, sont plus instables dans le temps, et les coûts des intrants de production sont très fluctuants. Le ressenti lié au revenu agricole est donc beaucoup plus insécurisant qu’avant, en particulier dans les situations individuelles de reprise d’exploitation ou d’investissements », ajoute Véronique De Herde.

Pour en savoir plus :

Voir les fiches sur l’état de l’agriculture en Wallonie réalisée par la Direction de l’Analyse économique agricole. Et plus spécialement celles sur les marges et les résultats d’exploitation (https://etat-agriculture.wallonie.be/contents/indicatorsheets/A_III_b.html#). Et celle comparant le revenu du travailleur agricole avec le revenu de travailleur moyen (https://etat-agriculture.wallonie.be/contents/indicatorsheets/EAW-A_I_c_5.html#)

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