Sécurité des jouets : “Il est plus efficace de bloquer à la frontière que de retirer du marché”
Pas moins de 237 dossiers jouets ont été ouverts, en 2022, au SPF Economie. Ce qui représente 32% du nombre total de dossiers ouverts par le service de contrôle. Sur ces 237 dossiers, 80% ont été initiés après un signalement de la douane, a indiqué mardi Pierre-Yves Dermagne, ministre de l’Economie, à l’aéroport de Liège où le contrôle des douanes a été renforcé en cette période de fêtes de fin d’année.
Le focus est porté sur un public plus vulnérable, à savoir les plus jeunes enfants, en raison des risques de suffocation et d’ingestion de substances chimiques, a souligné M. Dermagne. “Il est plus efficace de bloquer à la frontière que de retirer du marché, d’où l’intérêt de mener des contrôles au plus près. La volonté est d’intensifier la collaboration avec la douane, non pas pour jouer au Père Fouettard en cette période, mais bien dans une logique de faire évoluer les pratiques dans le chef des fabricants.”
A l’occasion de la venue du ministre à Liege Airport, et dans la perspective de la prochaine présidence belge du Conseil de l’Union européenne, une proposition de nouvelle réglementation européenne en matière de sécurité des jouets a été présentée. Celle-ci entend notamment sévir davantage au niveau des substances chimiques, en interdisant par exemple les perturbateurs endocriniens, et introduire l’obligation pour tout fabricant de jouets de se doter d’un passeport numérique de produit destiné à améliorer les contrôles, via la douane, lors de l’entrée sur le marché de l’Union européenne.
Passeport pour jouets
“Ce passeport sera applicable à tous les jouets. Tout importateur ou tout vendeur dans l’Union européenne devra l’avoir. De ce fait, il y aura des contrôles pour tout vendeur en dehors de l’Union européenne. Je suis convaincu que cela va dissuader la vente de produits non conformes en Europe”, a précisé Hans Ingels, chef de l’unité Bioéconomie, industries chimiques et cosmétiques de la Commission européenne.
Septante-six pour cent des jouets présentent “un risque sécuritaire réel”, a souligné Catherine Van Reeth, directrice générale de Toy Industries of Europe (TIE), sur base d’une étude réalisée au départ d’une plateforme de vente de jouets électroniques. Elle a formulé trois vœux en vue de la prochaine présidence belge du Conseil de l’Union européenne.
“Nous demandons aux responsables politiques de l’Union européenne d’avoir une approche proactive et dissuasive face à l’afflux de jouets et donc plus de ressources pour retirer ceux qui ne devraient pas se retrouver sur le marché et pénaliser les escrocs qui ne respectent pas les règles, la contrefaçon dans ce secteur étant monnaie courante. Nous souhaitons aussi que les nouvelles règles à venir soient gérables pour nos entreprises et ne les empêchent pas de continuer à vendre des jouets sûrs“, a-t-elle adressé au ministre Dermagne.
A Liege Airport, plaque tournante en matière d’e-commerce, 37 millions de déclarations douanières sont enregistrées par an. “Concernant les dossiers jouets, on tourne autour des 500 par an. Pour la contrefaçon en général, on est à 1.000 dossiers par mois”, a souligné Nicolas Wengler-Mathieu, responsable du contrôle des douanes à l’aéroport de Liège.