La société montoise active dans la gestion des déchets hospitaliers infectieux aspire à devenir enfin prophète en son pays, dit son CEO dans notre Trends Talk. Malgré les intercommunales qui monopolisent le secteur. Sa technologie reconnue par l’administration wallonne, elle envisage un site industriel chez nous. “Pour l’instant, quand le monde vient nous voir, on doit traverser la frontière sans le dire…”
Romain Dufrasne, CEO d’Ecosteryl, est l’invité de notre Trends Talk, qui passe en boucle ce week-end sur trends Z. “Ecosteryl est une entreprise familiale, qui a fait un tournant il y a vingt-cinq ans, raconte-t-il. Elle s’appelait historiquement les Ateliers mécaniques du Borinage, à Mons. Nous avons viré pour nous concentrer uniquement sur la production de machine pour décontaminer les déchets hospitaliers d’origine infectieuse, pour ensuite les trier dans une logique circulaire.”
Plus de 60 pays dans le monde
Cette reconversion était en avance sur son temps, branchée sur l’environnement et ancrée dans le contexte d’une première pandémie, celle du virus Ebola en Afrique. “L’OMS (Organisation mondiale de la santé) et les Nations unies avaient identifié cette problématique de la gestion des déchets hospitaliers comme vecteur de transmission de maladie”, rappelle Romain Dufrasne.
A la tête de l’entreprise depuis un peu plus de six mois, il se félicite d’une “croissance organique” et d’une “gestion en bon père de famille”. L’entreprise a fait du monde son village et est désormais présente avec 200 machines dans plus de soixante pays dans le monde. “Le tournant s’est opéré en 2018-2019, quuand nous avons signé un contrat avec la Malaisie, ce qui nous a permis de nous tourner vers la grande exportation”, dit le CEO.
Ecosteryl a orienté son activité à 100% vers l’exportation en débutant par la France, pour atteindre de nombreux marchés en Amérique latine ou en Asie, mais aussi dans des zones difficiles comme Gaza ou des îles peu connues.
Un projet concret en Wallonie
Reine dans bien des parties du monde, Ecosteryl n’est pas prophète dans son pays car la Belgique et la Wallonie restaient jusqu’ici fermé à ses produits. Cela pourrait changer. “La Belgique est compliquée parce que la loi qui régit les déchets est régionalisée et, historiquement, ces déchets sont traités par des intercommunales, explique Romain Dufrasne. Tant en Flandre qu’en Wallonie, tout est incinéré. La complexité belge et wallonne faisant, c’était paradoxalement plus simple d’aller directement à l’exportation.”
Une porte s’ouvre-t-elle? “La Belgique, par la taille de son marché, ne va pas révolutionner notre business, dit-il. Mais nous sommes chauvins et pour nous, ce serait important d’y arriver. Premièrement, nous aimerions avoir un site industriel exemplaire, que l’on peut montrer au monde, avec nos technologies en fonctionnement. Nous avons une usine à Mons avec une maîtrise totale de la chaîne de valeurs, de l’usinage à l’assemblage, mais nous aimerions avoir nos machines… qui tournent. Pour l’instant, quand le monde vient nous voir, on doit traverser la frontière sans le dire pour monter des sites détenus par nos clients. Un tel site nous permettrait aussi de développer notre capacité d’innovation.”
Des discussions sont en cours depuis quelques années avec les parties prenantes au projet, dont les hôpitaux. Tous sont convaincus tant de l’aspect économique qu’environnemental. “Notre technologie a été reconnue récente par l’administration wallonne, cela devrait nous permettre d’avancer, se réjouit-il. C’est une étape importante pour éliminer tout risque.” La concrétisation va débuter.
“Nous n’avons pas le choix”
Romain Dufrasne évoque longuement le contexte international qui n’est pas simple, notamment avec les coupes sombres dans les aides humanitaires américaines. Géographe climatologue de formation, il raconte longuement sa passion environnementale et insiste sur l’urgence d’agir: “Nous n’avons pas le choix”.
Un Trends Talk à ne pas manquer.