Un record de plus de 500.000 malades de longue durée en Belgique: le plan “retour au travail” suffira-t-il ?

La Belgique a atteint un record historique alarmant de 526.605 malades de longue durée en 2023. Cette situation met une pression sans précédent sur le système de sécurité sociale. Dans ce contexte, le plan “retour au travail” de De Croo est jugé insuffisant.

En 2023, la Belgique a enregistré un record historique de 526.605 personnes en congé maladie de longue durée, selon les chiffres de l’Inami que rapporte De Tijd. Ce total, qui exclut les fonctionnaires, reflète une augmentation alarmante de 5 % en une seule année, bien au-dessus des hausses moyennes de 3 % observées entre 2021 et 2022.  Cette situation met une pression sans précédent sur le système de sécurité sociale, avec des dépenses liées aux prestations qui ont dépassé les neuf milliards d’euros, soit plus du double des montants dépensés il y a dix ans. 

Les troubles psychiques en hausse  

Plusieurs raisons expliquent cette explosion du nombre de malades de longue durée. Le vieillissement de la population, le relèvement de l’âge de la retraite et l’émergence de maladies chroniques, notamment psychologiques, jouent un rôle déterminant. Les troubles psychiques et du comportement représentent désormais 37 % des absences prolongées selon les chiffres de l’Inami, une catégorie qui croît plus rapidement que les maladies cardiovasculaires ou autres pathologies.  

Le stress, les conditions de travail et le manque d’intérêt pour le poste occupé sont identifiés comme des facteurs aggravants pointe l’Inami. Les femmes sont particulièrement touchées par cette hausse : leur nombre a progressé de 5 % par an, contre 2,7 % pour les hommes. Parmi les travailleurs indépendants, les femmes enregistrent également une augmentation marquée des absences (+28 % en cinq ans, contre +14 % pour les hommes). 

Une réforme nécessaire pour contenir la crise 

Face à cette situation critique, les autorités belges misent sur le plan “Retour au Travail” pour limiter les congés maladie prolongés et maîtriser les dépenses croissantes. Ce plan prévoit des mesures incitatives, mais aussi des sanctions pour ceux qui ne respectent pas leurs engagements. Toutefois, la réussite de ce plan nécessite une collaboration renforcée entre les employeurs, les mutuelles et les travailleurs eux-mêmes. Seule une approche globale, associant prévention, adaptation des conditions de travail et soutien psychologique, permettra de contenir cette crise et d’améliorer la qualité de vie des personnes touchées.  

Les mutuelles doivent accompagner les malades via des trajets personnalisés, tandis que les employeurs sont tenus de proposer des aménagements adaptés. Les malades sont également incités à reprendre une activité partielle ou adaptée pour limiter la rupture avec le marché du travail. Ce dispositif cherche à alléger les coûts tout en améliorant la qualité de vie des personnes concernées. 

Les mutuelles sanctionnées  

Dans ce contexte, les mutuelles ont été sanctionnées pour la première fois en 2022. Elles ont perdu 1,2 million d’euros de financement pour ne pas avoir suffisamment soutenu les malades dans leur réintégration professionnelles. La mutuelle socialiste a été la plus impactée, avec une retenue de 822.000 euros, suivie des mutualités libres (214.000 euros) et de la mutuelle libérale (193.000 euros). Les mutuelles chrétienne et neutre, quant à elles, ont échappé à toute sanction, rapporte De Tijd.

Moins de vingt demandes  

Le ministre démissionnaire de la Santé et des Affaires sociales Frank Vandenbroucke (Vooruit) a reconnu, ce jeudi en séance plénière de la Chambre, que la politique de retour au travail devait être renforcée. Moins de vingt demandes ont été enregistrées auprès du Fonds de retour au travail par des travailleurs en incapacité de longue durée pour bénéficier d’accompagnement à un retour à l’emploi, rapportaient L’Echo et De Tijd mercredi matin. Dans un communiqué, l’Inami a précisé que, à l’heure actuelle, 21 demandes ont déjà été attribués, et que 13 autres demandes étaient en cours d’attribution. Depuis le 1er avril, les entreprises qui licencient des personnes pour cause de force majeure médicale doivent verser 1.800 euros au fonds “Retour au travail” géré par l’Inami.  

1800 euros pour un accompagnement sur mesure  

Les salariés licenciés peuvent à leur tour bénéficier d’un montant de 1.800 euros à utiliser pour un accompagnement sur mesure. Actuellement, le Fonds Retour au Travail a versé 5.176.800 euros pour soutenir les travailleurs salariés dont le contrat a été résilié par l’employeur pour cause de force majeure médicale, a précisé l’Inami.  Interrogé par Axel Ronse (N-VA) et Anja Vanrobaeys (Vooruit), Frank Vandenbroucke a admis que ce fonds n’était pour l’instant “pas un grand succès“. Mais une amélioration est en cours, a-t-il souligné. Jusqu’à présent, pour des raisons budgétaires, le groupe cible était limité aux personnes licenciées pour force majeure médicale. Mais, à partir d’avril, il sera étendu à l’ensemble des 500.000 malades de longue durée.  

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