Travail à temps partiel : les conséquences vont au-delà du simple salaire

Ilse De Witte Journaliste chez Trends Magazine

Quels sont les impacts financiers d’un choix de carrière à temps partiel ? Existe-t-il des alternatives pour mieux concilier vie professionnelle et vie privée ?

De plus en plus de Belges travaillent à temps partiel, par choix ou parce qu’ils ne trouvent pas d’emploi à temps plein. Selon la dernière enquête annuelle de Statbel menée auprès de 123 000 personnes en âge de travailler, les raisons du travail à temps partiel diffèrent selon le genre. Chez les femmes, la principale raison est la prise en charge des enfants ou d’autres personnes dépendantes (25,8 %). Les motifs personnels (25,7 %) suivent et l’impossibilité de trouver un emploi à temps plein (17 %). Chez les hommes, la prise en charge d’un ou de plusieurs proches ne figure pas dans les trois premières raisons. Ces derniers citent davantage des raisons personnelles (24,1 %), l’absence d’offre d’emploi à temps plein (21 %) ou encore la poursuite d’une formation (19,9 %).

Des congés thématiques plus avantageux que le travail à temps partiel

Selon Geert Vermeir, expert chez SD Worx, il est souvent plus intéressant d’opter pour un congé thématique, comme un congé parental ou un crédit-temps, plutôt que de réduire définitivement son temps de travail. Ces dispositifs offrent une indemnité de l’ONEM. Ils permettent de continuer à accumuler des droits en matière de sécurité sociale comme si l’on travaillait à temps plein.

Toutefois, la future réforme du gouvernement pourrait modifier ces périodes assimilées. Elles n’ouvriraient plus ou plus totalement de droits à la pension. Les congés de maternité, de paternité et les congés pour raisons de soins ne seraient pas concernés.

De la rémunération brute au salaire net

L’impact du travail à temps partiel sur le salaire brut est assez facile à calculer. Un mi-temps correspond à la moitié du salaire brut d’un temps plein. Si un employé gagne 5 000 euros brut par mois à temps plein, il touchera 2 500 euros brut en travaillant à mi-temps.

Toutefois, l’effet sur le salaire net est plus complexe à évaluer. Grâce à la progressivité de l’impôt, la perte de salaire net est proportionnellement moindre que la baisse du salaire brut. Par exemple, un salaire net de 3 000 euros en temps plein pourrait se réduire à environ 2 000 euros net en mi-temps. Des outils en ligne comme des simulateurs brut-net permettent de mieux estimer ces différences.

En revanche, une réduction du temps de travail peut entraîner une diminution des allocations de chômage ou d’incapacité de travail. Ces allocations sont calculées sur base des revenus précédents.

Le travail à temps partiel n’est pas un droit

Un salarié souhaitant travailler moins doit obtenir l’accord de son employeur. Celui-ci n’a aucune obligation d’accepter, contrairement à un congé parental, qui constitue un droit. Les grandes entreprises sont généralement plus flexibles que les PME. Certaines fonctions se prêtent davantage au temps partiel que d’autres.

Les travailleurs à temps partiel ont souvent moins d’opportunités de promotion. Néanmoins, une gestion intelligente du personnel devrait avant tout valoriser l’initiative, l’orientation client et le travail en équipe, quel que soit le nombre d’heures prestées.

Qu’en est-il des avantages extra-légaux ?

Le passage au temps partiel impacte certains avantages extra légaux. Les chèques-repas, par exemple, sont généralement attribués par jour travaillé. Ainsi, une personne qui travaille quatre jours par semaine recevra hebdomadairement quatre chèques-repas au lieu de cinq.

Concernant d’autres avantages comme la voiture de société, certaines entreprises imposent un seuil minimum de temps de travail (par exemple, 80 %) ou demandent une contribution plus élevée au travailleur à temps partiel.

L’indemnité de fin d’année et les jours de congé sont également calculés au prorata. Toutefois, le droit aux quatre semaines de congé annuel reste garanti. un salarié à 80 % a besoin de 16 jours de congé au lieu de 20 pour un temps plein.

Quel impact sur la pension légale ?

Le travail à temps partiel réduit les droits à la pension. Le site mypension.be permet de réaliser des simulations, mais uniquement pour des réductions de temps de travail permanentes.

Même avec un salaire plus élevé qu’auparavant, un emploi à temps partiel peut engendrer une baisse des droits à la pension en raison du plafond salarial pris en compte pour les cotisations (77 924,46 euros en 2024). Pour les indépendants, la situation diffère. Ils cotisent en fonction de leurs revenus, indépendamment du nombre d’heures travaillées.

Assurances et pension complémentaire ?

Un employeur ne peut pas exclure un travailleur à temps partiel de l’assurance hospitalisation ou de la pension complémentaire. Mais, la cotisation et les droits sont ajustés au prorata du temps de travail.

Une personne ayant travaillé 45 ans à temps plein avec une cotisation annuelle de 3 % et un rendement de 2,5 % accumule environ 125 331 euros de pension complémentaire. Une personne travaillant 30 ans à temps plein puis 15 ans à mi-temps voit son capital réduit à 111 546 euros, tandis que l’inverse (15 ans à mi-temps puis 30 ans à temps plein) réduit ce montant à 96 416 euros. L’impact du travail à temps partiel sur la pension complémentaire est donc plus important lorsqu’il intervient en début de carrière, en raison de l’effet des intérêts composés sur le long terme.

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