Dès juin 2026, les entreprises belges devront se conformer à une nouvelle législation sur la transparence salariale. Une avancée saluée par la majorité d’entre elles, mais qui met aussi en lumière un manque de communication persistant autour des rémunérations.
Presque un employé belge sur deux (48 %) ignore encore comment son salaire est déterminé. C’est ce que révèle la dernière édition du Guide des salaires de Bright Plus, menée auprès de milliers de travailleurs et d’employeurs. Dans une entreprise sur quatre, les négociations individuelles jouent un rôle direct dans la fixation des salaires. Ce système, peu encadré, laisse la porte ouverte à des inégalités.
« Les négociations de salaires contribuent inconsciemment à l’écart salarial, en particulier parce que tout le monde n’a pas les mêmes facultés de négociation », pointe Linda Cappelle, directrice générale de Bright Plus. « La transparence permet d’y remédier : elle garantit une juste récompense pour les efforts fournis et les résultats obtenus. »
Une législation ambitieuse
Dans ce contexte, la Belgique appliquera, dès juin 2026, une législation européenne sur la transparence des rémunérations. L’objectif est d’obliger les entreprises à informer clairement sur les salaires, les barèmes, les critères d’évolution et les écarts éventuels entre hommes et femmes.
« Les employeurs devront communiquer plus ouvertement leur politique salariale aux employés actuels ainsi qu’aux nouveaux candidats. Avant même le premier entretien, vous serez tenu de communiquer le salaire de départ au candidat », explique Inger Verhelst, avocate spécialisée en droit du travail chez Claeys & Engels. « Mais vos employés actuels auront également le droit d’être informés de la politique salariale et de leur catégorie de rémunération spécifique. »
Autre volet important : l’égalité salariale entre les sexes. « Les entreprises seront tenues de rendre compte de l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes. Dès qu’il y aura un écart de rémunération inexpliqué de 5 %, les entreprises devront prendre des mesures. Si elles ne le font pas et que l’écart de rémunération reste trop important, elles risquent de lourdes sanctions », précise-t-elle.
Une culture du silence encore très présente
L’étude de Bright Plus met également en évidence une communication insuffisante en matière de politique salariale. Aujourd’hui, 55 % des entreprises ne communiquent pas du tout sur les salaires. Seules 56 % informent leurs employés des critères utilisés pour fixer les rémunérations — des critères qui varient largement : fonction (50 %), ancienneté (39 %), niveau d’études et diplômes (25 % chacun).
Du côté du recrutement, seules 31 % des entreprises indiquent une fourchette salariale dans leurs offres d’emploi, et seulement 13 % donnent le montant exact.
Pire : 36 % des employeurs belges reconnaissent ne pas bien comprendre ce que la future législation implique. Pourtant, 80 % d’entre eux affirment soutenir cette réforme.
Repenser les pratiques RH
Malgré les défis qu’elle représente, la réforme est perçue comme une chance de moderniser les pratiques internes. « Une politique salariale transparente renforce la confiance, encourage l’égalité des chances et rend les gens plus heureux au travail », souligne Linda Cappelle. « Cette nouvelle législation est donc l’occasion pour les entreprises de renforcer leur politique et de l’orienter davantage vers l’avenir. Cela passe par des descriptions de poste claires, des barèmes de rémunération objectifs et une communication cohérente, mais aussi par l’implication du service des ressources humaines, des cadres et des travailleurs. »