Salaires, primes et absences : le vrai visage RH des scale-ups belges

Entre 2018 et 2023, les scale-ups belges ont contribué à la création de près de 40 000 nouveaux emplois. Ces entreprises, qui enregistrent une croissance rapide de leur personnel, représentent à elles seules 22 % des nouveaux postes générés dans les entreprises de plus de dix salariés.
C’est ce que révèle une étude conjointe menée par la Business School IESE et le prestataire de services RH SD Worx.
Selon la définition adoptée dans l’étude, une scale-up est une entreprise qui a connu une croissance annuelle d’au moins 10 % du nombre de ses collaborateurs durant trois années consécutives, avec un minimum de dix travailleurs au départ. En moyenne, ces entreprises belges à forte croissance sont actives depuis 15 ans, ce qui témoigne de leur ancrage et de leur maturité, contrairement à l’image de start-up que l’on peut parfois leur associer.
Des salaires plus élevés mais un absentéisme accru
Si leur impact économique est indéniable, les conditions de travail au sein de ces structures présentent à la fois des opportunités et des risques pour les collaborateurs.
D’un point de vue salarial, les travailleurs des scale-ups perçoivent en moyenne une rémunération brute supérieure de 5 % par rapport à leurs homologues dans des entreprises de taille et de secteur similaires. Cette différence s’explique aussi par une évolution salariale plus dynamique : +9 % par an contre +6 % dans le groupe témoin. Les primes sont également plus fréquentes : 58 % des employés dans les scale-ups perçoivent une rémunération variable, contre 56 % ailleurs. Ils sont aussi deux fois plus nombreux à recevoir des commissions.
En parallèle, ces entreprises enregistrent davantage d’absences pour cause de maladie. En moyenne, un travailleur y est absent 22 jours par an, soit trois jours de plus que dans les autres entreprises étudiées. Cette différence s’explique exclusivement par les absences de courte durée (moins d’un mois), qui sont plus fréquentes dans les scale-ups. Ce phénomène est observé dans la majorité des secteurs, à l’exception notable de la construction, de l’enseignement, des services, des arts, des loisirs et de l’horeca.
L’étude pointe un lien possible entre la dynamique de croissance et ces absences. Une forte expansion peut en effet générer des incertitudes, une charge de travail accrue et des transformations organisationnelles rapides, autant de facteurs susceptibles de peser sur le bien-être des collaborateurs.
Une fidélité accrue dans des secteurs à fort potentiel
Malgré ces défis, les scale-ups affichent un taux de rotation du personnel légèrement inférieur à celui des autres entreprises (près de 2 % en moins). Ce phénomène pourrait s’expliquer par les perspectives d’évolution professionnelle, la reconnaissance et la fidélisation accrue dans des environnements porteurs.
Les secteurs les plus représentés parmi les scale-ups belges sont l’information et la communication, les activités scientifiques et techniques, ainsi que les services administratifs et de soutien. La majorité de ces entreprises emploient moins de 50 personnes, mais les plus grandes (entre 201 et 500 salariés) génèrent à elles seules un quart des nouveaux emplois dans ce segment.
Si les scale-ups restent un groupe relativement restreint, leur rôle dans la création d’emplois est essentiel. Selon Jeroen Neckebrouck, professeur à l’IESE Business School, un soutien ciblé à ces entreprises est nécessaire pour leur permettre de structurer leur croissance, tant sur le plan humain qu’organisationnel, et assurer leur pérennité sur un marché en constante évolution.
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