Les conseillers en prévention, essentiels pour veiller à la santé des travailleurs

© Getty Images

De la sécurité au travail à l’ergonomie en passant par l’hygiène ou les aspects sociaux, le bien-être couvre de multiples facettes de l’entreprise. En la matière, les conseillers en prévention jouent un rôle primordial pour veiller à la santé des travailleurs et in fine de l’entreprise.

C’est en 1996 que le bien-être a été inscrit dans une loi qui indique, dans ses principes généraux, que le Roi peut imposer aux employeurs et aux travailleurs toutes les mesures nécessaires au bien-être des travailleurs lors de l’exécution de leur travail. Le bien-être est recherché par des mesures qui ont trait à la sécurité du travail, la protection de la santé du travailleur au travail, les aspects psychosociaux du travail, l’ergonomie, l’hygiène du travail, l’embellissement des lieux de travail. Sans oublier les mesures prises par l’entreprise en matière d’environnement, pour ce qui concerne leur influence sur ces six points. Ces dernières décennies, les nouveaux règlements en la matière n’ont cessé de se multiplier, notamment dans le prolongement de directives européennes. Devant cette inflation réglementaire, nombre d’entreprises se sont retrouvées rapidement un peu dépassées. C’est ici que le conseiller en prévention joue un rôle primordial.

Club des conseillers en prévention

Si les grandes entreprises se sont organisées pour répondre aux recommandations et obligations liées au bien-être au travail, c’est moins le cas au sein des PME et surtout des TPE. “Ces sociétés sont, pour la plupart, conscientes qu’elles doivent faire quelque chose mais souvent elles sous-estiment leurs obligations, note Pierre Degouis, avocat chez GDD Avocats. Certaines ne savent pas, par exemple, quand la présence d’un conseiller en prévention est obligatoire et qui peut remplir ce rôle.” C’est dans ce cadre que la Chambre de commerce du Luxembourg belge a décidé de créer, il y a 25 ans, le club des conseillers en prévention où ces derniers peuvent s’informer, se former et échanger leurs expériences. Au fil des années, ce club s’est étoffé et a abordé de multiples thématiques au fil de l’évolution des réglementations. Lors de sa dernière réunion début septembre ont ainsi été abordés d’une part, la question de la responsabilité pénale, et d’autre part, l’apport des nouvelles technologies, IA en tête.

“C’est à l’initiative de trois conseillers en prévention de la province, actifs dans des secteurs différents, qu’est né ce club, rappelle Anne-Michèle Barbette, directrice opérationnelle d’AKT-CCI Luxembourg belge. Quelle que soit leur activité, ils étaient confrontés à des problématiques similaires et très rapidement nous avons monté avec eux ce club qui reçoit les conseillers en prévention. L’objectif étant d’abord d’informer et sensibiliser les entreprises à la prévention et à la sécurité et plus largement au bien-être au travail. À cette fin, nous organisons quatre réunions annuelles, dont deux sont consacrées au recyclage des conseillers. En l’espace de 25 ans, nous avons construit un réseau où les membres peuvent échanger leurs expériences qu’elles soient positives ou négatives, enrichissant ainsi l’ensemble des acteurs.”

ANNE-MICHELE-BARBETTE (AKT-CCI LUXEMBOURG BELGE)

Sensibiliser l’ensemble de l’entreprise

“La sécurité doit être une valeur de l’entreprise et pas une priorité, reprend Anne-Michèle Barbette. Si c’est une priorité, elle peut, en fonction des objectifs de l’entreprise, être reléguée après d’autres priorités. Si c’est une valeur, elle fait partie intégrante de l’entreprise et implique l’ensemble des personnes qui y travaillent.”
De ce point de vue, le rôle du patron dans les PME et TPE est essentiel. C’est souvent lui qui donne le la et certains d’entre eux sont plus sensibilisés à cette question que d’autres même si, précisons le d’emblée, il n’y a aucun dirigeant qui se désintéresse de la sécurité de ses salariés. Le temps où l’on trouvait “normal” qu’un menuisier ait un doigt coupé ou qu’un couvreur soit tombé au moins une fois d’un toit est révolu.

“La sécurité doit être une valeur de l’entreprise et pas une priorité. Si c’est une valeur, elle fait partie intégrante de l’entreprise et implique l’ensemble des personnes qui y travaillent.”

ANNE-MICHELE-BARBETTE

(AKT-CCI LUXEMBOURG BELGE)

Dans une entreprise, tout projet et toute décision doivent s’inscrire dans la culture de la société où la sécurité est une valeur. Cette dernière doit imprégner l’ensemble de l’entreprise, du dirigeant au dernier engagé. Maillon essentiel de cette culture entre travailleurs et employeur : le conseiller en prévention. En pratique, quelle que soit sa taille, chaque entreprise doit en avoir un. En règle générale, c’est un travailleur qui remplit cette fonction. Dans les entreprises de moins de 20 personnes, l’employeur peut lui-même être conseiller en prévention. Dans les entreprises plus importantes, ainsi qu’en fonction de l’activité, on retrouvera souvent une personne formée initialement à ces questions telle qu’un ingénieur spécialisé en hygiène, sécurité et environnement.

“En matière de sécurité, il n’y a pas de copyright, les solutions chez l’un peuvent marcher chez l’autre.”

Alain Lagarmitte

Jindal Films Europe

Du bon sens et de l’écoute

Au-delà du profil technique et de la connaissance du métier, d’autres qualités sont nécessaires pour remplir ce rôle. Comme l’explique, Alain Lagarmitte, manager qualité sécurité environnement chez Jindal Films Europe à Virton, et par ailleurs l’un des trois conseillers à l’origine du club, “un conseiller en prévention doit avoir la foi. C’est un sacerdoce. Si on y croit, cela fonctionne ; si on n’y croit pas, il faut changer de métier. Il faut vraiment avoir la foi en la prévention et la protection. Notre rôle est singulier au sein de l’entreprise. Là où les autres services ont des indicateurs de performance qui les poussent à maximiser leurs résultats, notre objectif est zéro. Zéro incident et accident. Parmi les qualités humaines requises pour un conseiller en prévention figurent, outre le bon sens et l’écoute, la bienveillance et le partage. Enfin, en matière de sécurité, il n’y a pas de copyright, les solutions chez l’un peuvent marcher chez l’autre.”

Jean-Marc Wilkin (Ferrero Ardennes) à gauche

De ce point de vue, les grandes entreprises jouent un rôle important au niveau de l’implémentation d’une politique de prévention et de protection, et permettent à leurs fournisseurs et sous-traitants de s’améliorer en la matière. “Nous sommes tous acteurs de la sécurité, souligne Jean-Marc Wilkin, health & safety manager chez Ferrero Ardennes à Arlon, pas seulement le conseiller en prévention. Cela passe par une formation, une éducation et un partage permanents. Tant pour nos travailleurs que pour ceux de nos sous-traitants qui sont présents sur le site. Chaque année, nous assurons pour nos saisonniers qui reviennent d’année en année une journée de formation et cinq journées pour les nouveaux.” Par ailleurs, Ferrero Ardennes a également implémenté sur son site un système de contrôle des postures de travail en faisant appel à l’IA, ce qui permet de détecter celles qui sont contraignantes pour le travailleur.

L’IA au service de la prévention et de la protection

L’intelligence artificielle peut se révéler un formidable atout pour la prévention et la protection des travailleurs. De nombreux projets sont menés dans les entreprises, notamment dans la construction qui est l’un des secteurs les plus à risques du fait que chaque chantier est nouveau et qu’il est plus difficile de contrôler les travailleurs que s’ils opèrent en usine. “Différentes entreprises mettent en place des systèmes qui permettent avec l’usage de caméras une surveillance et une détection en temps réel des activités menées sur un chantier, explique David Girol Garcia, conseiller en prévention sécurité chez Mensura. On peut ainsi détecter, par exemple, un non-port du casque, une présence dans un périmètre dangereux, une intrusion, etc.”

“Nous sommes tous acteurs de la sécurité, pas seulement le conseiller en prévention.”

Jean-Marc Wilkin

Ferrero Ardennes

La sécurité et plus globalement le bien-être au travail sont bénéfiques, non seulement pour le travailleur, mais également pour l’entreprise. Celle qui investit dans la sécurité et le bien-être est plus performante. Grâce à des travailleurs plus motivés et productifs, une meilleure cohésion des équipes, une diminution des risques d’accidents et une baisse du taux d’absentéisme, etc. Sans oublier une image positive auprès des clients, des fournisseurs et des futurs travailleurs qui rejoindront plus facilement une société sensible au bien-être de ses collaborateurs.

Bonnes pratiques :

1. Procéder à une analyse des risques de la situation à laquelle le personnel sera confronté ;

2. Organiser une information concertée avec ses cocontractants quant aux risques auxquels le personnel des entreprises externes sera exposé ;

3. Informer le personnel des risques de façon précise ;
4. Former le personnel pour y faire face ;

5. L’équiper avec des EPC/EPI (équipements de protection collective/équipements de protection individuelle) adaptés à la situation ;

6. Lui communiquer des informations adaptées eu égard aux particularités du lieu ;
7. S’assurer que les informations ont été comprises ;

8. Surveiller le personnel afin qu’il respecte les instructions ;

9. Lui faire les observations adéquates ;

10. Faire cesser les opérations si elles s’avèrent trop dangereuses en raison, notamment, des conditions climatiques.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content