Marché du travail en mutation: les flexi-jobs vont-ils redéfinir la retraite en Belgique?

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Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

Depuis un an, l’extension des flexi-jobs à de nouveaux secteurs a conduit à une explosion du nombre de travailleurs âgés dans ce régime, ressort-il d’une analyse d’Acerta. Aujourd’hui, un flexi-job sur cinq est occupé par une personne de plus de 65 ans, une augmentation de 27% en un an. Faut-il y voir une évolution naturelle du marché du travail ou un changement plus profond du modèle de retraite en Belgique?

Il y a un an, le gouvernement fédéral a étendu le système des flexi-jobs à d’autres secteurs que les secteurs traditionnels (tels que l’horeca et la distribution). Un élargissement du champ d’application qui est plutôt bien accueilli, selon une enquête d’Acerta. Ce régime semble en effet remporter un franc succès. Mais avec cette popularité grandissante des flexi-jobs chez les seniors, couplée à l’augmentation de l’âge de la pension, faut-il repenser le concept même de retraite? Allons-nous vers un modèle où travailler au-delà de 65 ans devient la norme?

Comment expliquer cette popularité croissante?

Les seniors sont de plus en plus nombreux à opter pour un flexi-job, en particulier dans les entreprises de pompes funèbres. En à peine un an, cette forme d’emploi concerne déjà plus d’un quart (26,1%) des collaborateurs de ce secteur. Même constat du côté du transport et de la logistique, où le chiffre est de 8,4%.

« Mais attention: dans certaines commissions paritaires, les flexi-jobs ne sont pas possibles pour toutes les activités, un faible pourcentage peut donc nous amener à sous-estimer la popularité réelle de ce régime », souligne Amandine Boseret, experte juridique chez Acerta.

Pourquoi un tel succès? Plusieurs facteurs interviennent, selon l’experte:

  • Les flexi-jobs ne sont pas soumis au plafond de 12 000 euros/an pour les pensionnés. Contrairement aux travailleurs plus jeunes qui ont pris une pension anticipée et n’ont pas encore atteint l’âge légal de la pension.
  • Le dispositif offre une souplesse intéressante: pas de contraintes financières, possibilité de choisir ses heures (temps plein, temps partiel) et son secteur, de compléter sa pension sans formalités lourdes…
  • Certains seniors y voient une manière de rester actifs socialement et professionnellement. D’autant qu’un flexi-job permet de faire quelque chose de complètement différent.
  • Pour le marché du travail, les flexi-jobs représentent une plus-value: ils permettent d’absorber les pics et les creux.

Un signal quant à l’avenir des pensions?

L’augmentation de l’âge de la pension et les réformes en cours posent néanmoins question: une pension plus tardive freinera-t-elle l’enthousiasme pour les flexi-jobs? Depuis janvier 2025, un plafond de revenus s’appliqueen effet aux pensionnés en retraite anticipée (moins de 66 ans et moins de 45 ans de carrière). « Il n’est pas illogique que les plus jeunes travailleurs y réfléchissent à deux fois », estime Amandine Boseret.

Quoi qu’il en soit, l’essor des flexi-jobs chez les seniors s’inscrit dans une tendance à long terme:

  • Un allongement progressif de la vie professionnelle: 66 ans à partir du 1er février 2025 et 67 ans à partir du 1er février 2030.
  • Une approche plus modulable du passage à la retraite: flexi-job en complément avant d’arrêter totalement de travailler.
  • Un modèle inspiré des pays nordiques, où la retraite est souvent une transition progressive plutôt qu’un arrêt brutal.

Le dispositif pourrait encore évoluer dans les prochaines années, notamment en fonction des discussions budgétaires et de l’évolution du marché du travail. Une question reste cependant en suspens: la montée en puissance des flexi-jobs chez les seniors est-elle un choix personnel après la retraite ou une conséquence d’un système de pension sous pression?

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