Les indépendants complémentaires en plein boom !
En cinq ans, le nombre d’indépendants complémentaires a grimpé de 20%. Ce statut est choisi pour trois raisons majeures : il permet de se tester avant de se lancer pleinement dans l’entrepreneuriat, il augmente les revenus ou transforme une passion en travail sans se départir de la sécurité d’un job de salarié ou de fonctionnaire. Ce n’est toutefois pas toujours la formule la plus avantageuse.
En 2023, selon les derniers chiffres disponibles de Statbel, 5,2 % des Belges avaient un deuxième emploi. Cette proportion est en forte augmentation depuis 2000 (3,8 %) avec une nette accélération depuis 2019. Ce qui est remarquable, c’est qu’au cours de ces quasi 25 ans, les femmes sont devenues aussi nombreuses que les hommes à exercer un deuxième job. En termes de pourcentage de population, les Wallons sont les plus nombreux devant les Flamands et les Bruxellois. Ce sont les 25 à 49 ans qui exercent le plus souvent un deuxième emploi avec 5,7% de la population occupée (3,9 % des 15 à 24 ans et 4,4% des plus de 50 ans).
Enfin, Statbel précise que 58,9 % de ces jobs sont exercés sous le statut d’indépendant. Ce qui signifie aussi que 41,1 % de ces jobs émargent à un autre statut : temps partiel salarié supplémentaire, flexi-jobs (130.000 environ en 2023) et économie collaborative/travail associatif. Laquelle de ces formules est la plus avantageuse ? En réalité, tout dépend de la raison pour laquelle on opte pour un deuxième job. A part indépendant complémentaire, on imagine mal un deuxième job de salarié, un flexi dans l’horeca ou un emploi chez Ring Twice répondre à une quelconque passion ou envie de se lancer dans l’entrepreneuriat. Voyons cela par le détail.
Temps partiels
Même si ce n’est pas toujours simple à combiner sur le plan opérationnel, un travailleur a parfaitement le droit de combiner les contrats de salarié auprès d’employeurs différents. Il n’y a dans ce cas-là aucune limite au temps de travail et, donc, aucune obligation de se limiter à 5/5e. Il faut évidemment tenir le coup mentalement et physiquement. Il y a lieu de se méfier aussi sur le plan fiscal. Un temps partiel est peu taxé mais dans la déclaration d’impôts, les deux jobs vont se cumuler et faire passer le travailleur dans une tranche d’imposition supérieure (le précompte retenu par l’employeur n’est pas suffisant). Il est donc fréquent de payer des suppléments d’impôts. Autant le savoir…
Economie collaborative
Il est possible d’arrondir ses fins de mois en exerçant un emploi dans le cadre de l’économie collaborative auprès d’une plateforme agréée comme Uber Eats ou Ring Twice. Le législateur a prévu une régime fiscal favorable jusqu’à 7.170 euros, soit une moyenne légèrement inférieure à 600 euros par mois. Dans ce régime, le travailleur est taxé à 20 % avec déduction de 50 % de frais forfaitaires. Au-delà, cela devient un revenu pro avec taxation classique et paiement de cotisations sociales. Même régime dans le travail associatif que dans les secteurs culturel ou sportif avec une restriction de plus : le temps de travail est limité à 450 he/an dans le sportif et 300 dans le culturel.
Indépendant complémentaire
C’est évidemment le cœur de notre dossier mais, en fonction de l’activité choisie, ce n’est pas forcément le statut le plus avantageux. Selon des chiffres du Syndicat neutre des indépendants (SNI), seuls 20 % des indépendants complémentaires passeront un jour au statut principal. Qui sont ces indépendants complémentaires ? En 2023 (derniers chiffres disponibles de l’Inasti), ils étaient 332.676, soit une hausse de 18 % sur cinq ans et, même, de 128 % depuis l’an 2000. Ce sont les femmes (146.257 en 2023) qui progressent le plus avec, respectivement, une hausse de 25 % et de 315 % !
Pour rappel, le statut d’indépendant complémentaire est autorisé pour autant que le travailleur preste au moins 50 % des heures d’un temps plein comme salarié. C’est donc minimum 235 heures par trimestre sur base d’une semaine de 38 heures. Pour les fonctionnaires, c’est un poil différent : au moins 50 % d’un horaire complet pour tous les fonctionnaires sauf les enseignants nommés à titre définitif (60 % dans ce cas). Comme un indépendant à titre principal, le complémentaire doit s’affiler à une caisse d’assurance sociale et payer des cotisations sociales. Il y a toutefois des avantages non négligeables à prendre en compte quand on se lance. D’une part, il y a dispense des cotisations si le revenu annuel net est inférieur à 1.865,45 euros. D’autre part, entre 1.865,45 et 16.861,46 euros, le travailleur paie des cotisations très réduites. Mais, du coup, elles ne donnent aucun droit social (allocations, pension, etc.). En soi, ce n’est pas grave puisque ces droits sont ouverts dans le statut salarié ou fonctionnaire. Ce n’est qu’au-delà des 16.861,46 euros que l’indépendant complémentaire rejoint les droits (20,50 % de cotisations sociales) et les avantages d’un indépendant à titre principal. La plupart des indépendants complémentaires sont inscrits en personne physique. C’est logique puisque c’est ce qui coûte le moins cher. Attention toutefois, dans ce cas, les revenus gagnés vont être ajoutés à ceux de salarié ou fonctionnaire et seront taxés globalement. Ceci dit, ce surcroît d’imposition est partiellement adouci via la déduction de frais professionnels liés à l’activité d’indépendant.
Flexi-jobs
C’est le job d’appoint qui progresse le plus (+25 % sur un an). Et pour cause, le législateur a augmenté le nombre de secteurs concernés (plus d’une vingtaine aujourd’hui) et autorisé d’autres à entrer dans le système (opt-in). C’est la solution idéale pour qui veut juste se contenter d’arrondir ses fins de mois à des conditions fiscales très avantageuses. Le brut gagné égale au net pour autant qu’on ne dépasse pas les 12.000 euros par an. Au-delà, des impôts seront dus. A voir les derniers chiffres, dépasser les 12.000 euros demeure une exception puisque les heures annuelles prestées en moyenne tournaient autour des 115 et le salaire médian brut valait 1.509 euros. Les flexi-jobbers ont accès aux droits sociaux de base.
Le cas particulier des pensionnés
Travailler après la pension est en vogue. Les raisons sont multiples: ne pas complètement décrocher, améliorer une pension faible, assouvir une passion. Selon l’Inasti, plus d’un indépendant sur dix était un pensionné en 2023, soit 147.770 personnes dont 38.033 femmes. Là aussi la progression est notable : +27 % sur cinq ans, +134 % depuis l’an 2000. Les conditions de travail après la pension dépendent de la situation personnelle. Si le pensionné a atteint 65 ans (66 ans en 2025 et 67 en 2030) ou accumulé les 45 ans de carrière, c’est open bar ! La limite des 12.000 euros comme flexi-jobber ne s’applique pas et le brut est toujours égal au net. En tant qu’indépendant, le pensionné bénéficie de cotisations réduites : 0 % sous 3.730, 89 euros et seulement 14,7 % jusqu’à 72.810,95 euros. L’impôt éventuellement dû sera calculé différemment suivant le type de revenus : pension ou travail indépendant.
Si le pensionné n’a ni l’âge légal de la pension ni les 45 ans de carrière, la situation change et, pour ne pas perdre une partie de sa pension, il doit limiter ses revenus à 9.850 euros annuels comme salarié (14.775 si enfant à charge) et à 7.880 euros comme indépendant (11.820 si enfant à charge) ou aidant ou les deux. Le plafond des flexi-jobs s’applique aussi.
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