Combien vaut un salaire ? La réponse ne se résume pas à un montant versé chaque mois sur un compte en banque.
Selon une enquête menée par Partena Professional auprès de 2.000 travailleurs, les Belges attribuent en moyenne 6,5/10 à leur rémunération. Un score qui dit moins l’état des fiches de paie que le rapport intime qu’entretiennent les salariés avec la notion de justice et de reconnaissance.
Seuls 16 % des répondants se disent vraiment satisfaits de leur rémunération. La majorité (53 %) juge son salaire « assez satisfaisant », tandis que 26 % se déclarent plutôt insatisfaits et 5 % franchement mécontents. Ce ressenti modéré ne surprend pas Yves Stox, Managing Consultant chez Partena Professional : « Les employés jugent rarement leur salaire excellent. Le plus souvent, ils le considèrent simplement comme correct. »
Un fossé linguistique et culturel
Les disparités régionales sautent aux yeux. Les néerlandophones donnent 6,7/10 à leur salaire, contre 6,2/10 pour les francophones, avec un creux marqué en Wallonie (6,2) par rapport à Bruxelles et la Flandre (6,6). Le Hainaut et le Luxembourg plafonnent à 5,9, alors que la Flandre-Orientale culmine à 6,8. Au-delà des écarts économiques réels, cette différence peut aussi refléter une perception culturelle : l’appréciation d’un « juste salaire » n’est pas uniforme entre régions.
Reconnaissance, plus que montant
La dimension symbolique pèse autant que l’aspect financier. Les hommes, qui évaluent leur salaire à 6,6, se disent globalement plus satisfaits que les femmes (6,3), confirmant un sentiment d’injustice qui dépasse l’écart salarial mesuré.
« Le salaire ne se limite pas à l’argent, il touche aussi à la reconnaissance. Quand les travailleurs ont le sentiment que leur engagement est correctement récompensé, ils s’investissent davantage et restent plus fidèles à l’organisation », souligne Yves Stox de Partena.
Quand les travailleurs ont le sentiment que leur engagement est correctement récompensé, ils s’investissent davantage et restent plus fidèles à l’organisation
Les petites entreprises à la peine
L’écart est aussi frappant selon la taille de l’employeur. Les salariés des grandes entreprises (6,6) ou du secteur public (7,1) affichent un niveau de satisfaction supérieur, là où les ouvriers (6,0) et les travailleurs de petites structures (6,1) expriment le plus de frustration. Ces derniers évoquent souvent le manque d’avantages annexes et de perspectives d’évolution.
Vers un baromètre social ?
Cette note de 6,5, ni bonne ni catastrophique, ressemble à un bulletin scolaire moyen. Mais au-delà de la statistique, elle peut être lue comme un indicateur social : celui du degré de reconnaissance que ressentent les travailleurs belges. À l’heure où la rétention des talents devient un enjeu stratégique, suivre l’évolution de cet « indice de satisfaction salariale » pourrait bien devenir aussi important que l’analyse de la productivité ou de l’inflation.