Le recul de la maîtrise de l’anglais chez les jeunes Belges inquiète les recruteurs

Selon le dernier rapport d’EF Education First, la maîtrise de l’anglais est en net recul dans le pays, en particulier chez les 18-25 ans. Une baisse qui n’est pas sans conséquences, tant cette langue s’est imposée comme un véritable sésame dans l’accès à l’emploi, même pour des postes de juniors.
La Belgique, autrefois élève modèle, a chuté du 6e au 11e rang européen en seulement trois ans dans le classement EF de la maîtrise de l’anglais. Une glissade inquiétante, surtout dans un pays où le plurilinguisme a toujours été perçu comme un atout stratégique sur le marché du travail.
« L’anglais n’est plus un bonus. C’est un impératif », tranche Bert Vanhalewyck, directeur de la communication chez EF. « Les jeunes qui négligent cette compétence risquent de sortir du jeu dans un marché qui, aujourd’hui, se joue à l’échelle mondiale. »
Une langue incontournable dès le premier emploi
De Bruxelles à Ostende, les offres d’emploi qui exigent la maîtrise de l’anglais se multiplient. En Flandre, selon les données du VDAB, 17,2 % des annonces réclament cette compétence. À Bruxelles, une offre sur deux mentionne des exigences linguistiques, et dans les fonctions internationales, l’anglais est systématiquement demandé.
Le constat est identique du côté francophone. Le Forem recensait déjà plus de 165 000 offres d’emploi en Wallonie exigeant la connaissance de l’anglais ou du néerlandais en 2022. La tendance ne faiblit pas. Et les jeunes diplômés sont en première ligne. Selon une étude de l’UCLouvain, deux tiers des annonces destinées aux jeunes diplômés francophones requièrent au moins une langue étrangère, l’anglais étant de loin la plus citée.
Cette exigence dépasse les seuls métiers « globaux » ou tech. Sur les plateformes comme Indeed ou StepStone, elle s’étend aux postes administratifs, à la comptabilité, au support client… Bref, à toute fonction impliquant un minimum d’interaction avec des clients, fournisseurs ou collègues étrangers.
Une génération en recul
Le plus préoccupant, c’est que les jeunes eux-mêmes semblent lâcher prise. Les 18-20 ans sont désormais les moins performants en anglais selon l’EF English Proficiency Index, avec une chute spectaculaire de 27 points en deux ans. En comparaison, les 26-40 ans maintiennent un bon niveau, creusant ainsi un fossé générationnel inédit.
« Le système éducatif joue un rôle, mais ce n’est pas suffisant. L’exposition active à l’anglais, en dehors des bancs de l’école, est essentielle : séries en VO, échanges internationaux, mobilité », rappelle Kate Bell, responsable des évaluations chez EF.
Mais cette immersion, pourtant facilitée par la digitalisation et les outils de traduction, ne semble plus faire recette auprès de la génération Z. Manque d’intérêt ? Surexposition à du contenu passif ? Quoi qu’il en soit, les jeunes Belges sont moins bien armés que leurs aînés pour affronter un marché du travail de plus en plus exigeant.
Des débouchés qui se ferment
Dans des secteurs comme l’IT, la finance ou le marketing, la barrière de la langue est devenue un filtre automatique. Les recruteurs, eux, n’attendent pas. Avec la montée du télétravail et du travail en équipes distribuées, la concurrence n’est plus locale, mais mondiale. La Belgique ne fait pas exception. Or sans l’anglais, il devient difficile de rivaliser, même pour un poste basé à Liège ou Gand.
Le secteur public, lui, reste un cas à part. Moins exigeant en matière linguistique, il offre un refuge relatif pour les profils unilingues. Mais le rapport d’EF pointe aussi un déficit d’investissement dans les compétences linguistiques tout au long de la carrière, ce qui limite les perspectives d’évolution pour de nombreux agents.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici