Le congé menstruel, un droit rarement accordé dans le monde
Le congé menstruel est un droit rarement accordé aux femmes qui souffrent de règles douloureuses. Cependant, quelques pays comme l’Espagne, le Japon, la Corée du Sud, l’Indonésie, Taïwan et la Zambie ont mis en place des dispositions légales pour permettre ce congé.
En Espagne, une nouvelle loi a été adoptée en février 2023, créant ainsi un congé menstruel pour les femmes souffrant de douleurs menstruelles, une première en Europe.
Au Japon, le droit au congé menstruel est inscrit dans la loi depuis 1947, mais il n’y a pas de limite quant au nombre de jours qui peuvent être pris pour ce type de congé. En Corée du Sud, les employées sont autorisées à prendre un jour de congé menstruel par mois, qui n’est pas payé.
En Indonésie, une loi adoptée en 2003 prévoit un ou deux jours de congé payés en début de cycle menstruel, en cas de règles douloureuses. La loi oblige seulement les employées à notifier à leurs employeurs la date de prise de ces congés, mais les entreprises peuvent décider de les ignorer.
Plusieurs entreprises à travers le monde
Taïwan reconnaît également le droit au congé menstruel pour les employées dans la limite d’un jour par mois et d’un total de trois jours par an. En Zambie, une loi accordant aux femmes le droit à un congé menstruel qui leur permet de prendre un jour de congé supplémentaire par mois, sans préavis ni certificat médical en cas de règles douloureuses, a été adoptée en 2015.
De plus, plusieurs entreprises à travers le monde, telles que Future Super, Zomato et Louis Design, proposent des congés payés supplémentaires à leurs employées souffrant de règles douloureuses.
Vers un congé menstruel en France ?
De rares entreprises françaises offrent déjà la possibilité à leurs employées de prendre des “congés règles”. Le fabricant de mobilier Louis Design propose ainsi des jours de congés payés supplémentaires à celles qui souffrent de règles douloureuses.
Dernièrement, la municipalité de Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, a lancé l’expérimentation d’un congé menstruel pour ses agentes souffrant de douleurs ou d’endométriose.
“On ne doit pas en rester à des initiatives individuelles, il faut que ce dispositif puisse se généraliser pour toutes les femmes qui en ont besoin”, commente auprès de l’AFP Sébastien Peytavie, député écologiste.
Avec les députées de son parti Marie-Charlotte Garin et Sandrine Rousseau, il a lancé une concertation sur le sujet auprès d’associations féministes, de représentants du monde médical et de celui de l’entreprise. Objectif: rédiger une proposition de loi pour créer un congé menstruel indemnisé, sans jour de carence, tout en respectant le secret médical. Le texte doit être déposé le 26 mai.
Les députés PS Mickaël Bouloux et Fatiha Keloua Hachi ont également mené une série d’auditions de leur côté en vue du même objectif.
“C’est le bon moment pour faire cette proposition de loi en France, l’intérêt pour le sujet est très fort, la population est prête”, estime auprès de l’AFP Fatiha Keloua Hachi, qui souhaite déposer le texte “le plus vite possible”.
Appréhensions
Pour Aline Boeuf, doctorante à l’université de Genève, il s’agit d’un sujet qui a encore du mal à s’imposer, en particulier dans l’univers du travail.
“Les expériences féminines, comme les menstruations, la grossesse ou la ménopause, ne sont pas encore prises en compte” par les employeurs, souligne-t-elle. Outre un congé menstruel, prévoir des toilettes avec poubelle et lavabo dans les cabines ainsi que des espaces de repos pourrait améliorer le quotidien des employées, selon elle.
Un congé supplémentaire pour certaines pourrait entraîner une “désorganisation” au sein des petites entreprises, s’inquiète toutefois la Confédération des PME (CPME). En outre, “les femmes ne vivent pas toutes cette période des règles de la même manière, celles qui en ont besoin peuvent se faire arrêter” par un médecin, pointe sa vice-présidente, Stéphanie Pauzat.
Son de cloche similaire du côté du Medef, qui se dit opposé au congé menstruel. Une telle mesure “renverrait l’image que les femmes ne peuvent pas occuper les mêmes postes que les hommes”, relève l’organisation patronale.
Des associations féministes s’inquiètent également d’un éventuel retour de bâton. Créer un congé menstruel pourrait se traduire par des discriminations à l’embauche à l’encontre des femmes.
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