Entreprises: vos talents ne vous font plus confiance

Lorsqu’un travailleur signe un contrat avec un employeur, au-delà des aspects formels, un élément fondamental entre en jeu : la confiance. © Getty

Lorsqu’un travailleur signe un contrat avec un employeur, au-delà des aspects formels liés à la rémunération, aux horaires ou aux avantages extra-légaux, un élément fondamental entre en jeu : la confiance.

Les deux parties s’engagent mutuellement. L’employeur se porte garant du bien-être du collaborateur et reconnaît ses compétences ; de son côté, le travailleur met ses capacités au service de l’entreprise parce qu’il adhère à sa mission ou à son image. Ils se font confiance et ensemble, ils visent à améliorer la performance de l’organisation.

C’est du moins l’idéal vers lequel devraient tendre les relations de travail. Sur le terrain, la réalité est souvent plus nuancée. C’est ce que met en évidence la dernière édition de la Talent Trends Survey de Michael Page, qui révèle une érosion de la confiance entre travailleurs et employeurs en Belgique.

Selon cette enquête réalisée par le spécialiste du recrutement, 31 % des travailleurs belges déclarent ne pas faire entièrement confiance à leur employeur pour prendre des décisions qui bénéficient à la fois à l’entreprise et au bien-être des collaborateurs.

Le recul du travail hybride, recul de la confiance?

Prenons un exemple concret : le télétravail. Pratiquement inexistant avant la crise du Covid, il s’est généralisé pendant la pandémie. Depuis, il a reculé, sans pour autant disparaître. Le modèle hybride semblait pourtant s’être imposé, au point de devenir un argument clé dans la guerre des talents post-pandémie.

Or cette dynamique s’essouffle. Aujourd’hui, selon l’étude, 58 % des travailleurs belges pratiquent encore le télétravail partiel, contre 63 % l’année précédente. Ce recul traduit la volonté croissante des entreprises de faire revenir leurs équipes sur site, souvent au nom de la collaboration ou du renforcement de l’esprit d’équipe. Mais lorsque ces décisions sont imposées sans explication claire, elles peuvent fragiliser le climat de confiance.

« La confiance aveugle qui prévalait après Covid appartient désormais au passé », avertit Grégory Renardy, Managing Director de Michael Page Belgique. « Les entreprises prennent conscience qu’elles doivent impérativement redéfinir des cadres clairs pour préserver la performance, la culture et l’engagement, tout en évitant de revenir aux structures rigides d’avant la pandémie. »

Une transparence salariale encore insuffisante

Autre sujet de tension : la rémunération. En 2026, une directive européenne sur la transparence salariale entrera en vigueur. Elle visera à réduire les écarts de rémunération et à favoriser l’égalité entre les femmes et les hommes. En attendant, ces écarts subsistent.

En moyenne, les hommes gagnent encore 13 % de plus que les femmes en Europe. La Belgique fait figure d’exception relative, avec un écart de 5 %, inférieur à la moyenne européenne. Mais, comme le rappelait récemment Yves Stox, Managing Consultant chez Partena Professional, « la discrimination salariale n’a pas sa place sur le marché du travail de demain ».

La transparence salariale demeure néanmoins un sujet sensible, qui influe fortement sur la confiance. Moins de la moitié des travailleurs belges (48 %) estiment que leur employeur communique de manière honnête sur les salaires. En outre, 42 % des femmes et 27 % des hommes soupçonnent l’existence d’un écart salarial au sein de leur organisation.

« Les employés ne tolèrent plus les promesses non tenues. Ils exigent de la transparence sur leur rémunération et leurs perspectives d’évolution », souligne encore Grégory Renardy.

Une exigence de transparence plus large

Mais au-delà des questions salariales, les travailleurs réclament une transparence plus globale : sur les conditions de travail, les orientations stratégiques ou encore la prise en compte de leur feedback. Ainsi, 42 % d’entre eux estiment que leurs retours ne sont pas suffisamment pris en compte. Ils indiquent ne recevoir que rarement un suivi ou des explications sur les suites données à leurs suggestions. Par ailleurs, 37 % estiment que les défis internes de leur entreprise ne sont pas suffisamment partagés.

Résultat : ce manque de transparence rend les décisions moins compréhensibles et affaiblit l’adhésion à la vision stratégique de l’entreprise. Le lien de confiance s’en trouve affecté.

Pourtant, malgré cette érosion, deux tiers des travailleurs belges déclarent encore faire confiance à leur employeur — un signal encourageant. La conclusion de l’étude de Michael Page est claire : dans un environnement professionnel de plus en plus compétitif, la confiance demeure un levier essentiel pour fidéliser et mobiliser les talents. Mais pour l’établir — ou la restaurer —, une seule voie semble s’imposer : la transparence.

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