Comment reprendre le contrôle de sa concentration dans un monde professionnel hyperconnecté
Entre notifications incessantes et longues sessions sur les réseaux sociaux, l’attention des travailleurs est constamment fragmentée, entraînant stress et perte de productivité. D’autant plus en cette fin d’année souvent chargée. Des experts proposent des solutions pour déconnecter et retrouver concentration et bien-être au travail.
Comment échapper à l’état d’engourdissement mental qui suit des heures passées à scroller des vidéos futiles sur les réseaux sociaux ? Selon le psychiatre Dirk De Wachter, interviewé dans De Standaard, ce phénomène est souvent décrit par l’expression anglaise “brain rot” (pourriture cérébrale), un terme humoristique popularisé par les jeunes générations. Bien qu’il puisse sembler irréversible, De Wachter précise qu’il n’en est rien. Ce terme, élu mot de l’année par l’Oxford University Press, reflète l’affaiblissement temporaire de l’état intellectuel et émotionnel causé par une surconsommation de contenu en ligne jugé trivial.
De Wachter explique que les longues sessions de scrolling sur TikTok, Instagram ou LinkedIn saturent la mémoire à court terme sans solliciter celle à long terme. Résultat : un sentiment de léthargie et de déconnexion de la réalité. Ce phénomène découle de la protection du cerveau face à une surcharge cognitive, où il relâche son attention pour éviter l’épuisement.
Un lien avec les addictions
Des recherches récentes renforcent cette analyse en mettant en évidence un lien potentiel avec les addictions. Une étude d’imagerie par résonance magnétique (IRM) révèle des perturbations cérébrales chez les jeunes adultes dépendants de leur smartphone, similaires à celles observées chez les personnes atteintes d’autres addictions, comme l’alcoolisme. Cependant, les mécanismes exacts de ces changements cérébraux restent à élucider.
Le neurophysiologue Wim Van Duffel souligne dans De Standaard, que cette surconsommation perturbe le système de récompense du cerveau, procurant un faux sentiment d’accomplissement. À long terme, elle peut engendrer des troubles comme la dépression et les déficits d’attention. Pour contrer ces effets, Dirk De Wachter recommande des activités concrètes et humaines, telles que les promenades ou les interactions sociales, affirmant que “le véritable bonheur réside dans les relations authentiques”.
L’attention partielle continue et la surcharge cognitive
En parallèle, dans son ouvrage “Je me libère des écrans !”, la psychiatre Caroline Depuydt met en garde contre un phénomène qu’elle appelle l’« attention partielle continue ». Cette tendance à fragmenter son attention entre plusieurs écrans ou tâches au travail. On passe de sa boîte mail, à un dossier, d’une conversation Teams à un coup de fil ou à une notification urgente, et rebelotte. Ces mauvaises habitudes nuisent fortement à la concentration et accroîssent stress, surmenage et perfectionnisme. Ces mécanismes peuvent favoriser l’épuisement professionnel.
Pour sortir de cet engrenage, Depuydt propose des stratégies simples et pragmatiques. Parmi celles-ci, l’adoption de routines déconnectées, comme des périodes sans écran en début et en fin de journée, ainsi que la pratique de la pleine conscience pour se recentrer. Elle met également en avant l’importance des activités hors ligne et des relations humaines – se lever pour parler à un collègue, s’octroyer une pause café – pour retrouver un bon équilibre mental et émotionnel.
Transformer la culpabilité en un moteur positif
Caroline Depuydt aborde également dans son ouvrage la culpabilité associée au scrolling excessif. Elle souligne que ce sentiment, bien que courant, peut se transformer en cercle vicieux : on utilise les réseaux pour se détendre, mais l’on se blâme ensuite pour avoir mal employé son temps, ce qui renforce le stress.
Pour briser ce cercle, Depuydt préconise à la place une approche bienveillante. Elle conseille de définir des plages horaires pour consulter les réseaux sociaux, fixer des limites claires et intégrer des moments réguliers de « diète digitale ». Plutôt que d’abandonner brutalement les écrans, la psychiatre invite à les utiliser de manière consciente et modérée, en transformant la culpabilité en un levier de changement positif.
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