Les fortes chaleurs attendues cette semaine posent des questions d’ordre vestimentaire en entreprise. La tentation de troquer le pantalon pour un short se fait sentir. Mais est-ce légalement autorisé ? La réponse est plus nuancée qu’il n’y paraît.
« Sur base de son autorité d’employeur, un patron peut imposer un code vestimentaire », explique la porte-parole du SPF Emploi Sandy Huens à nos confrères du Nieuwsblad. « Il doit toutefois pouvoir justifier objectivement cette décision, par exemple pour des raisons de sécurité, d’hygiène ou d’image. Et ces règles doivent s’appliquer sans discrimination. » Amandine Boseret, experte juridique chez Acerta Consult le confirme à nos collègues du Vif : il convient de vérifier si le travailleur ne doit pas porter des vêtements spécifiques pour des raisons de sécurité. On conseille aux employeurs de vérifier les conditions auprès de la médecine du travail. Dans le cas d’agents communaux par exemple, le conseiller en prévention peut estimer que leur travail ne peut pas être effectué en toute sécurité avec un short.
Trop informel
Les employés de bureau courent généralement moins de risques. Leurs contacts avec des clients ou le public sont, dans certains secteurs, minimes. Pourtant, les shorts pour hommes restent encore rares dans les grandes entreprises belges. Et que dire des tongs qui évoquent instantanément la plage… Les femmes peuvent, elles, porter des vêtements plus légers et parfois plus dénudés que leurs collègues masculins encore engoncés dans leur costume-cravate sous 35 degrés même si celui-ci a tendance à se faire plus rare. Le choix du tissu est aussi essentiel. Le tissu éponge et le lin se révèlent trop décontractés et pas assez couvrants.
Reste qu’aucune disposition du Code du travail belge ne proscrit explicitement le port du short. Cependant, cela ne signifie pas que tout est permis. La clé, c’est le règlement de travail, qui reste la seule base juridique sur laquelle une entreprise peut s’appuyer pour encadrer son dress code, rappelle l’UCM. Ce règlement peut, tout à fait légalement, interdire le short, notamment pour des raisons d’image, de sécurité ou de contacts avec la clientèle. Le short est en effet considéré comme trop informel. Il ne projette pas le sérieux et la confiance en accord avec les attentes des clients et les normes sociétales. « Difficile, en effet et en enfonçant le trait, d’imaginer un banquier en short à fleurs… », illustre l’UCM.
En télétravail, cela dépend si le travailleur est en contact ou non avec des collègues/clients/collaborateurs. Si oui, le règlement de travail vaut aussi pour le homeworking.
Respecter les bonnes moeurs
Une obligation générale est toutefois prévue dans la loi sous le contrat de travail précise Amandine Boseret, d’Acerta Consult. Elle dit que le travailleur doit exécuter son travail en regard des bonnes mœurs. Par rapport à cela, l’employeur a donc le droit de faire une remarque à l’employé si sa tenue nuit à la réputation de l’entreprise, qu’il s’agisse un short ou bermuda trop léger ou d’une robe trop dénudée.
En résumé, si le port du short n’est pas interdit par la loi, il ne peut pour autant être considéré comme un droit. Le vestiaire professionnel reste un levier de crédibilité — et un outil de gestion — que les entreprises doivent manier avec bon sens, clarté et cohérence.
Face à l’ambiguïté légale, l’UCM invite les employeurs à adopter une approche pragmatique:
Une mise à jour claire du règlement de travail, avec des balises spécifiques pour les périodes de forte chaleur ;
Une souplesse adaptée aux fonctions sans contact client, tout en maintenant un standard vestimentaire minimum ;
Des alternatives en textile technique pour les vêtements de travail, conciliant confort et professionnalisme ;
Une communication interne active pour sensibiliser les équipes à l’importance de l’image de l’entreprise ;
Des mesures de bien-être comme des pauses supplémentaires ou des horaires aménagés en période de canicule.