Absence de 3 jours? “On est en train d’inventer la maladie sans maladie”

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Depuis l’automne 2022, il n’est plus nécessaire de produire un certificat médical pour une absence d’un jour. Quel bilan tirer 12 mois plus tard, alors qu’une extension de cette mesure est sur la table?

Depuis l’automne 2022, il n’est plus nécessaire de produire un certificat médical pour une absence d’un jour, trois fois par an au maximum. Les entreprises de moins de 50 personnes sont exemptées de cette législation. Au bout d’un an, il y a certes eu une augmentation des absences d’un jour mais elle est très faible. Dans l’entreprise de Thierry Dupont, (nom d’emprunt), DRH d’une grande boîte belge, 5% des employés ont utilisé ces trois jours. Un chiffre peu élevé alors que la mesure faisait très peur. Une extension de cette mesure à trois jours trois fois par an est aujourd’hui sur la table. Elle déclenche les passions.

“C’est une ligne rouge, s’exclame Matthieu Dewèvre, conseiller à l’UCM et membre du Conseil national du travail. On est en train d’inventer la maladie sans maladie. C’est quand même tenter le diable, cette mesure! Les retours du terrain, des entreprises affiliées, ne sont pas bons. C’est un peu comme si l’on offrait neuf jours de congé payés supplémentaires. Pour nous, un travailleur qui demande du salaire garanti doit attester de sa maladie.”

Cette suppression du certificat pour un jour, puis sans doute trois jours, va clairement soulager le travail administratif des médecins globalement surchargés et le budget de la sécurité sociale.

“Quand on a la responsabilité sur la charge administrative du personnel soignant et quand il y a un problème notoire d’accessibilité de la première ligne, il faut faire des choix, confie Xavier Brenez, CEO de l’Union des Mutualités libres. Ne pas exiger de certificats pour des absences de très courte durée, c’est une bonne mesure vu le contexte et les coûts, humains et financiers, afférents.”

“On vit dans une société du certificat”

“En tant qu’ancien médecin généraliste et mari d’une généraliste, je comprends le besoin de soulager administrativement les médecins, sourit Bart Teuwen, directeur de Certimed, le leader belge du contrôle médical et de la gestion des certificats médicaux pour les entreprises. On vit dans une société du certificat et il en faut pour tout et à tout bout de champ. Nombreux sont les généralistes qui sont ravis de la première mesure et seront tout aussi ravis de l’extension à trois jours. Mais pour moi, on commet une grave erreur. Cette mesure, prise isolément, rate sa cible en ce sens qu’elle ne participe nullement à la gestion de l’absentéisme et au soutien des entreprises dans cette lutte.”

Sur un plan purement médical, cette mesure inquiète tout de même certains praticiens, plus souvent situés en Wallonie qu’en Flandre. “C’est une problématique sociétale et non médicale, souligne Paul De Munck, médecin généraliste et président du Groupement belge des omnipraticiens. Et il n’appartient pas aux généralistes de trancher la question. Un jour ne pose pas de problème. Trois jours, je suis, à titre personnel, plus circonspect. Il ne faudrait pas que cela retarde le traitement de certaines pathologies. Un mal de dos combiné à de la fièvre, ce n’est pas forcément une grippe! Il faudra compter sur le bon sens des patients. Ce n’est pas parce qu’il ne faudra plus de certif’ qu’il faut s’abstenir de venir chez le toubib!”

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