A la Solvay Brussels School, un presque MBA à 835 euros

Le MSGT est proposé en horaire décalé à des détenteurs d’un grade académique de master dans un domaine différent de la gestion et de l’économie. © Photo News

Depuis des années, la Solvay Brussels School Economics & Management propose, en horaire décalé, un MSGT destiné aux détenteurs d’un master qui n’en sont qu’aux prémices de leur carrière professionnelle. Comme le Canada Dry, il a le goût et la couleur d’un MBA mais ce n’est pas un MBA. Mais il ne coûte que 835 euros.

“Un MBA à 835 euros!” Il faut avouer que l’approche est accrocheuse. Genre piège à clic que l’on trouve quotidiennement sur les réseaux sociaux. Fatalement, quand on connaît le coût d’un MBA, l’annonce a attisé notre curiosité. Il est en fait question ici du Master de Spécialisation en gestion industrielle et technologique (MSGT) proposé par la Solvay Brussels School Economics & Management. C’est un master exigeant, proposé en horaire décalé (certains soirs de semaine et le samedi matin), à des détenteurs d’un grade académique de master (études de deuxième cycle de 120 crédits au moins) dans un domaine différent de la gestion et de l’économie.

“On ne peut évidemment pas dire que c’est un MBA car cela n’en est pas un, sourit Christophe Evers, executive director et CFO de Texaf et professeur de stratégie dans le MSGT. A côté du MBA, très réputé, de Solvay, nous proposons ce master plutôt unique et subsidié par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il est honnêtement très difficile de distinguer le programme d’un MBA du nôtre. La différence est ailleurs: dans les étudiants eux-mêmes. Ils sont plus jeunes et moins expérimentés professionnellement. Ce qui fait la qualité d’un MBA, outre son enseignement, ce sont les échanges de très haut niveau que l’on retrouve dans les travaux de groupe et les case studies. Typiquement, nos étudiants sont des professionnels qui ont une ou deux années de carrière. Même s’il y a des exceptions.”

Le MSGT a pour objectif de fournir une formation complète et opérationnelle en gestion des entreprises: finance et contrôle, stratégie, économie, droit, marketing, ressources humaines et IT. Le corps professoral est un mélange de professeurs ordinaires et d’invités en provenance du monde de l’entreprise. Il veille à permettre aux étudiants d’acquérir des méthodes et des comportements destinés à les rendre plus efficients au sein des organisations qui les emploient. Benoît Gilson, le CEO d’Infrabel, nous le disait l’an dernier: “Nous complétons le cursus universitaire de nos ingénieurs. Car souvent, on ne leur apprend pas à gérer des budgets ou des équipes”. Le MSGT répond à ce genre de préoccupations.

Beaucoup d’ingénieurs

“Typiquement, nous accueillons majoritairement des ingénieurs, notamment de Polytech, confie Mathias Schmit, professeur ordinaire à Solvay et coordinateur du MSGT. Un bon quart proviennent de secteurs comme la pharma ou la bio-ingénierie. Dans le quart restant, on trouve des juristes mais aussi des historiens de l’art. Ce sont clairement des étudiants qui ont des compétences techniques très pointues mais qui ne connaissent rien à la gestion.”

“Le MSGT m’intéressait dans l’optique de ma carrière. La réputation de Solvay a fait le reste.”

Nick Maes, senior manager supply chain à la SNCB, fait partie de ses étudiants qui ont suivi le MSGT. “Je suis ingénieur civil diplômé de la KU Leuven. Il est crucial de se former en permanence. Je suis déjà détenteur d’un bachelier en droit obtenu en horaire décalé à Saint-Louis. Le MSGT m’intéressait dans l’optique de ma carrière. La réputation de Solvay a fait le reste. J’ai toujours souhaité diriger une équipe. J’avais cela en tête depuis longtemps. Cela est devenu réalité à la SNCB en mai dernier. Je constate que le master est utile pour être un bon manager. J’ai déjà été revoir mes syllabus quand j’ai eu un problème à régler.”

NICK MAES
Nick Maes © pg

Il ne faut pas se voiler la face: suivre une telle formation exigeante suppose du temps et une sacrée dose de motivation. “Une très vaste majorité des étudiants vont au bout, souligne Mathias Schmit. Ce sont des gens qui ont une soif d’apprendre peu commune et qui ne se plaignent jamais. Il y a quelques arrêts en cours de première année mais il s’agit souvent d’incompatibilité avec la charge de travail au boulot. Good Move à Bruxelles nous joue aussi des tours. Arriver à 18 h, ce n’est pas simple pour tout le monde. J’ai eu un étudiant l’an dernier qui, la mort dans l’âme, a renoncé à cause de cela. Il mettait un temps infini à arriver et à repartir. Pour que tout se passe bien, c’est toujours mieux que le MSGT soit suivi en bonne entente avec son employeur. Certains offrent des facilités ou des congés éducatifs. D’autres ont inscrit notre master dans leur offre permanente de formation. C’est le cas, notamment, d’Engie qui nous envoie régulièrement des collaborateurs. Peu ratent, donc, mais par contre, on a beaucoup de deuxièmes sess’. C’est logique. Avec le boulot, nombreux sont ceux qui étalent pour mieux gérer leur temps.”

Nick Maes n’a pas agi autrement. “Mon changement de job du mois de mai est intervenu à un moment compliqué pour le master. Comme je suis un perfectionniste, j’ai voulu quitter mon poste de category manager en veillant à ce que tous les projets soient en ordre. Avec mon arrivée dans la supply chain, j’ai privilégié les examens de fin de deuxième année plutôt que le mémoire. Je ne sais pas encore si je le présenterai cet été ou lors de la prochaine année académique. La priorité, c’était le boulot.”

De la confiance

JEAN GILLET
Jean Gillet © pg

Jean Gillet sera, lui, proclamé, sous peu sur la Grand-Place de Bruxelles. Doctorant en chimie, il a choisi de suivre le MSGT pour acquérir de la confiance et de l’expertise. “Je cherche à obtenir la boîte à outils la plus complète possible pour être en confiance quand il faudra prendre des décisions. Plus on grimpe dans une entreprise, plus les choix que l’on pose ont de l’impact. Je désirais avoir la capacité d’analyse nécessaire à ce genre de décisions.”

“Je suis ravi de cette formation qui va en profondeur dans plein de domaines.”

“Je suis ravi de cette formation qui va en profondeur dans plein de domaines et est très axée sur l’opérationnel. Il y a une vraie diversité chez les participants et chez les profs. Les barrières tombent vite et il y a un véritable enrichissement mutuel. L’année académique prochaine, je défendrai ma thèse de doctorat, et puis je verrai. Les sciences ne doivent pas être toute ma vie. J’ai fait mon mémoire du MSGT sur iSTAR Medical, la biotech du Brabant wallon active dans le traitement du glaucome. Je me suis bien entendu avec le CEO et cela pourrait avoir des débouchés. Je suis aussi intéressé par la consultance stratégique genre McKinsey ou Boston Consulting Group.”

On l’a dit, l’inscription au MSGT, soumise à l’approbation du jury suivant des critères précis, coûte 835 euros. Une paille par rapport au prix des MBA. Pourtant, il demeure relativement peu connu, même si une cinquantaine d’étudiants sont diplômés chaque année. “On a beau avoir un cours de marketing, nous sommes mauvais en marketing, sourit Christophe Evers. Notre MBA est, de fait, peu connu. Pourtant – et les gestionnaires adorent l’expression – en termes de value for money, nous sommes imbattables!”

Plusieurs choses concourent à cette relative discrétion, conclut Mathias Schmit. L’intitulé, défini par la FWB, est ambigu. Quand on lit spécialisation, on peut croire qu’il faut d’abord avoir eu une formation en gestion. Il n’est pas simple de trouver le master dans le programme de l’ULB pas plus qu’en partant d’une page blanche sur Google. Enfin, au sein de l’école Solvay, on ne mélange pas les subsidiés et les non- subsidiés. On ne retrouve donc pas le MSGT dans les programmes Life Long Learning…”

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