Renault commence à récolter les fruits de sa “Renaulution”
Luca de Meo commence à récolter les fruits de sa révolution pour Renault, la “Renaulution”: des ventes axées sur le haut de gamme ont permis au constructeur automobile français de relever ses objectifs de rentabilité pour l’année 2023.
Après avoir touché le fond en 2021, avec huit milliards d’euros de pertes, et repris pied en 2022, Renault a dit jeudi tabler sur une marge opérationnelle d’au moins 7% dès la fin du premier semestre, dont les résultats doivent être publiés le 27 juillet. Renault attribue cette révision au “succès des nouveaux lancements” des SUV Arkana et Austral ainsi que de la Mégane électrique, aux bonnes ventes de sa marque économique Dacia.
En Bourse, le titre prenait plus de 6% en milieu de matinée dans un marché stable. Le marché automobile reste mou en Europe, loin de ses niveaux d’avant-Covid. Mais “la demande pour les nouveaux produits est soutenue et se concentre sur les finitions les plus élevées”, a indiqué le directeur financier du groupe Thierry Piéton, lors d’une conférence de presse.
Haut de gamme
Plus de la moitié des acheteurs du SUV Austral choisissent les finitions supérieures Alpine, vendues à partir de 39.000 euros.”Ces résultats sont le fruit d’une stratégie orientée sur la valeur et d’un engagement sans faille, depuis trois ans, des équipes dans la Renaulution”, le plan stratégique qui “transforme le groupe en profondeur”, s’est félicité le directeur général de Renault Luca de Meo dans un communiqué.
Les problèmes de logistique qui ont marqué l’industrie depuis le printemps 2022 continuent pourtant de ralentir les ventes, a souligné M. Piéton, et devraient s’améliorer au deuxième semestre. Les carnets de commandes devraient ainsi rester bien remplis, avec entre deux et trois mois d’attente pour un véhicule. Sur l’année, le groupe qui comprend les marques Renault, Dacia, Alpine et Mobilize vise désormais un taux de marge opérationnelle (soit le ratio entre le résultat d’exploitation et le chiffre d’affaires) compris entre 7 et 8%, contre un objectif précédent supérieur ou égal à 6%. Concernant cet indicateur-clé de la performance d’un groupe, les premiers de la classe comme Stellantis affichent des marges de 13%, quasiment au niveau de Tesla ou Mercedes. Le premier constructeur européen, Volkswagen, a enregistré 8% de marge en 2022.
Nouvelles électriques
Au total, le lancement de 12 nouveaux modèles en 2024 devrait permettre au Losange de poursuivre sur sa lancée, selon ses dirigeants. La Renault 5 devra ouvrir la gamme électrique de Renault aux classes moyennes. Et le “SUV coupé” Rafale dévoilé fin juin au salon aéronautique du Bourget viendra clôturer la gamme par le haut avec des tarifs autour de 50.000 euros, et devrait se positionner comme le véhicule le plus rentable du groupe. Dacia présentera de son côté la nouvelle version de son SUV star, le Duster. Renault a également annoncé lundi des objectifs très ambitieux pour sa marque Alpine, qui devra séduire des clients aisés en Europe et aux Etats-Unis, notamment, aidée par sa notoriété en Formule 1. Une citadine musclée basée sur la plateforme de la Renault 5, appelée A290, ouvrira les hostilités en 2024, suivie d’un SUV fabriqué à Dieppe en 2025. Renault veut doper sa marque premium pour qu’elle atteigne deux milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2026, avant de passer à huit milliards à horizon 2030.
Le constructeur français a également confirmé jeudi que l’entrée en Bourse d’Ampere, future filiale électrique de Renault, avait été reportée à début 2024. “La fenêtre d’opportunité pour son entrée en Bourse s’ouvrira probablement au premier semestre 2024”, alors qu’elle était prévue fin 2023, a précisé M. Piéton. Ampere, qui aura comme actionnaires les partenaires de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, vise plus de 30% de croissance annuelle dans les huit prochaines années, à mesure que le marché européen de l’automobile s’électrifie.
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