Réelle percée du BYD en Belgique, mais le chemin est encore long

BYD © Photos PG
Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

L’auto électrique au prix de la voiture à carburant, c’est l’argument de BYD, constructeur chinois qui progresse insensiblement en Belgique. Il a dépassé chez nous Jeep, Alfa Romeo et Honda.

Les marques chinoises peinent en Europe. Mais BYD trace sa route. Le constructeur chinois décolle enfin en Belgique, avec 2.304 immatriculations de janvier à novembre, contre 510 l’an dernier, sa première année sur le marché (données de janvier à novembre), dépassant Jaguar, Jeep, Honda. Quasi uniquement avec des autos électriques (Atto3, Seal,…). Il figure encore à une place modeste, la 27ème, « nous espérons arriver dans le top 10 » espère Joris Clavie, le managing director de la marque BYD en Belgique et Luxembourg.

Les taxes européennes ne sont pas répercutées

BYD est certes une grande marque en Chine, qui a dépassé les revenus de Tesla au troisième trimestre, elle reste peu connue en Belgique. Les récentes surtaxes imposées par l’Union européenne ne semblent pas la perturber, car les tarifs des autos ne seront pas modifiés. « De toutes manières, c’est un souci transitoire, fin 2025, BYD fabriquera des autos en Hongrie, dans l’Union européenne » ajoute Joris Clavie.

Le CEO européen de BYD, Michael Shu, a annoncé à Automotive News Europe vouloir produire 150.000 autos par an en Hongrie, un chiffre qui pourrait être doublé selon la demande. Il mise sur une part de marché de 5% des ventes des électriques avant l’ouverture de l’usine.

Une auto électrique au prix d’une auto à carburant

La marque pousse deux arguments pour convaincre le public européen : le prix et la technologie. « La Dolphin arrive sur le marché avec un tarif au niveau d’une voiture à carburant, à 29.990 euros, avec 427 km d’autonomie, avec toutes les options incluses » continue le manager belge. Ce modèle a le format d’une VW Golf, d’une VW ID.3, d’une Renault Megane (électrique ou à essence) ou d’une Toyota Corolla. Il avait été annoncé au début de l’année mais est en phase de livraison. Ce sera le cheval de bataille de BYD au Salon de l’Auto de janvier prochain.

BYD espère ainsi pouvoir pousser la voiture électrique chez les particuliers. L’importateur promet aussi une annonce européenne, sans doute d’un modèle un peu plus petit (on verra). La Seal, concurrente de la Tesla Model 3, se vend à 41.500 euros.

Un champion des batteries LFP, devenues très tendance

Pour la technologie, BYD met en avant sa particularité : c’est un constructeur de batteries. Il a développé une technologie de batterie sans cobalt, LFP (lithium fer phosphate), moins chère et plus sûre, que les constructeurs européens commencent à adopter tardivement, presqu’en panique, pour leurs modèles d’entrée de gamme. Il a conçu une batterie agencée en lames (blades). Son avance est reconnue. Il vend ses batteries à des concurrents comme Tesla, pour ses entrées de gamme, à Toyota ou Ford.

Ces batteries LFP sont aussi supposées tenir plus longtemps que les batteries utilisées jusqu’ici (NMC, lithium nickel manganèse cobalt), jusqu’à un million de kilomètres, et sont garanties par BYD 200.000 km ou 8 ans.

Vendues surtout aux entreprises

Jusqu’ici, BYD touche surtout, en Belgique, une clientèle d’entreprises, où la voiture électrique est devenue quasi obligatoire pour bénéficier du cadre fiscal avantageux de la voiture de société. Seuls 25% des clients de BYD sont des particuliers. Les modèles les plus vendus actuellement sont les Seal et les Seal U, au format des Model 3 et Model Y de Tesla. Le Seal U est disponible en version hybride. 

BYD pose un souci potentiel aux constructeurs européens, dont plusieurs vivent des temps difficiles. Ces derniers ont l’avantage de proposer des marques connues et rassurantes, et d’avoir des gammes complètes. Il faut néanmoins se lever tôt pour rivaliser, dans les esprits, avec les locomotives premium allemandes, les BMW, Audi ou Mercedes, visées par les grands modèles de BYD. 

Pas de vente sur le net, mais en concession

BYD n’assure pas lui-même l’importation en Belgique. C’est l’affaire d’Inchcape, groupe britannique qui importe aussi Toyota en Belgique. « Ce sont deux réseaux distincts » assure Joris Clavie. Un des efforts prioritaires est de densifier le réseau, qui va passer de 9 à 18 points de ventes, ce qui reste peu en comparaison d’un Renault ou d’autres marques généralistes. Il y a un commencement à tout.

Cette approche montre que le constructeur chinois cherche à s’adapter aux habitudes européennes, où les acheteurs préfèrent des concessionnaires de proximité.

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