Qui veut la peau des paris sportifs?
La Loterie nationale, entreprise publique, devrait se séparer de son service de paris sportifs, Scooore. Cela tout juste après une autre décision prise à l’encontre du secteur de paris : l’interdiction de la publicité. Scooore enregistrait, en plus, des pertes. De quoi se poser la question sur la possible saturation du marché.
Ce vendredi, on apprend que la Loterie Nationale va bientôt se séparer de son entité de paris sportifs, appelé Scooore. Le conseil d’administration devrait suivre la demande et prendre une décision mardi prochain : s’agira-t-il d’une vente ou d’une simple cessation de l’activité ?
La demande vient “d’en haut”. En mars, le ministre des Finances, Vincent van Peteghem (CD&V), avait envoyé une lettre aux dirigeants de l’entreprise publique, rapporte L’Echo. Sa demande : “délibérer sur la cession de Scooore pour le premier juillet 2023 (…) en vue de la cessation de l’organisation de paris sportifs par la Loterie Nationale, au plus tard le 31 décembre 2023”.
Cible du gouvernement
À cette heure, difficile d’en savoir plus sur le sort réservé à l’entité. Mais une chose est sûre, le ministre compétent veut s’en débarrasser. Il parle notamment du risque d’addiction pour les joueurs. Il serait contraire à la mission sociale de l’entreprise publique, qui doit justement canaliser cet appétit pour les jeux.
Ce n’est pas la première fois que les paris sportifs sont la cible du gouvernement. Un arrêté royal du ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open VLD), est entré en vigueur samedi passé. Il prévoit d’interdire progressivement la publicité pour les jeux de hasard (comme les paris sportifs), d’abord dans les médias et sur internet (1er juillet 2023), puis dans les stades (2025) et finalement sur les maillots des équipes sportives (2028).
Le but est aussi de réduire les risques et de lutter contre les addictions et autres conséquences néfastes. “Les témoignages de dépression, d’isolement, d’éloignement des membres de la famille et même de tendances suicidaires dues à la dépendance au jeu et aux problèmes financiers sont légion”, note le ministre dans un communiqué.
Bref, les paris sportifs sont mal aimés par le gouvernement. Il n’est donc pas surprenant de voir qu’il essaie de faire en sorte qu’une entreprise publique se débarrasse d’un tel service. Reste à voir si un jour une interdiction pure et simple des jeux de hasards sera décidée ; les “packs” dans les jeux vidéos comme Fifa et Fortnite ont par exemple déjà été proscrits.
Marché saturé ?
L’aspect “assuétude” n’est pas le seul argument utilisé en faveur de la cession. Les résultats financiers de Scooore ne sont pas bons. L’exercice 2022 s’est soldé par une perte de près de deux millions d’euros. Ce qui pose la question d’un marché saturé par une offre importante et dominé par quelques gros acteurs, où Scooore n’a jamais pu trouver sa place. C’est ainsi que la réponse à la question de la vente ou de la simple cessation prendra tout son sens.
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