Quentin Derzelle (Awex): “Aux USA, il faut conclure un deal rapidement”

Le capital à risque, vital pour le secteur biotech wallon, se trouve aux États-Unis. © Getty Images
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Quentin Derzelle, attaché commercial pour l’Awex à New York, s’inquiète du climat d’incertitude généré pour les entreprises. Mais Trump procède d’une façon… très américaine.

Quentin Derzelle est attaché commercial pour l’Agence wallonne à l’exportation à New York. Sa mission ? Accompagner les nombreuses entreprises belges actives aux États-Unis, mais aussi celles désireuses de s’y installer. Les demandes ne cessent d’affluer, malgré ou à cause des menaces de tarification douanière. Il entend également donner des clés pour comprendre les comportements commerciaux outre-Atlantique, mais aussi pour tenter de garder la tête froide face au “show présidentiel” du moment.

Culture du business

“La situation actuelle est compliquée à lire pour les entreprises, il y a un réel climat d’incertitude, constate-t-il. Nous devons rester présents pour soutenir les sociétés, en dépit de cette polarisation extraordinaire. Les États-Unis ont toujours eu cette culture du business et du deal, ce n’est donc pas choquant d’avoir un président qui soit dans cette dynamique-là. Il est d’ailleurs reconnu pour cela et pour jouer sur la pression.”

Tout est par ailleurs écrit dans le livre publié par l’homme d’affaires américain quand il avait 40 ans. Son titre ne s’invente pas : L’Art de la négociation. Le problème, prolonge Quentin Derzelle, c’est que l’administration actuelle est “tellement disruptive” que cela crée des incertitudes difficiles à gérer.

N’y a-t-il pas un côté brutal, aussi ? “Brutal, je ne sais pas, je dirais surtout rapide, dit-il. Aux États-Unis, il faut conclure l’accord aussi rapidement que possible. Cette rapidité est perceptible également dans le chef du président, qui prend des décisions dans tous les domaines. Au risque de donner un sentiment de chaos, pour freiner ensuite. Cela dit, quand on parlait aux jeunes entrepreneurs américains, ils affirmaient eux aussi que le statu quo n’était pas possible. Trump force le changement, il faudra voir le résultat.”

Filiale et barrières tarifaires

L’Awex reçoit pas mal de demandes de la part d’entreprises qui s’interrogent sur l’opportunité de créer une filiale aux États-Unis pour éviter les barrières tarifaires, poursuit Quentin Derzelle. Le responsable de l’Awex tente également d’apporter des réponses concrètes, sur la façon dont il est possible d’entreposer les produits ou de gérer les flux avec la clientèle. “Mais c’est délicat parce que nous ne voulons pas perdre nos pépites innovantes en Wallonie”, précise-t-il.

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“Il convient de continuer à faire du business malgré tout.” – Quentin Derzelle (Awex)

Les États-Unis restent toutefois un grand marché et il est impératif pour les entreprises belges d’y faire des échanges ou d’y chercher les clés de leur développement. “C’est un pays incontournable, le capital à risque est ici, acquiesce l’attaché commercial. C’est vital pour le secteur de la biotech et du biopharma qui est crucial pour la Wallonie.”

Conclusion : “Nous sommes dans l’expectative, mais nous devons absolument garder nos contacts. Même les entrepreneurs américains comprennent que c’est une situation temporaire. Il convient de continuer à faire du business malgré tout.” En sachant que l’on ne sait pas avec clarté de quoi les lendemains seront faits.

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