Quelle stratégie derrière l’entrée de Xavier Niel au capital de Proximus?
Le milliardaire français Xavier Niel entre dans le capital de Proximus, à hauteur de 6%, via sa société, Carraun, très active dans le monde des télécoms. Quelle stratégie y-a-t-il derrière cette participation ? Eléments de réponse avec Kris Kippers, analyste chez Degroof Petercam.
Pourquoi cette participation de Xavier Niel maintenant dans Proximus?
La Belgique est un marché compliqué et risqué pour le secteur des télécoms. Proximus vit des moments compliqués ces dernières années. La société doit dorénavant composer avec l’arrivée de Digi, un quatrième player, avec le risque de perdre des parts de marché. Le développement de la fibre optique a aussi pris du retard et nécessite de grands investissements. La participation de Xavier Niel arrive à un moment où les incertitudes liées au marché des télécoms belges sont levées. Le mois dernier, le régulateur a en effet ouvert la voie à des partenariats entre opérateurs pour construire un réseau fibre commun. Ça a été un soulagement pour le secteur. Suite à l’annonce de l’IBPT, le cas d’investissement de Proximus a clairement changé. En bourse, Proximus a largement profité de cette annonce. Ces risques étant levés, le milliardaire français n’a plus hésité à investir dans la société de télécoms belge. L’action Proximus a d’ailleurs salué son arrivée ce mardi avec un bond de plus de 6%.
Xavier Niel aura-t-il un rôle important au sein de Proximus?
Xavier Niel est l’un des développeurs et investisseurs les plus connus en Europe en matière de télécoms. Il a fait toute sa carrière dans le secteur. Avec une participation de 6% dans Proximus, il devient le deuxième plus grand actionnaire de la société belge de télécoms après l’Etat qui reste majoritaire. Pour l’instant, nous ne prévoyons pas d’action majeure de sa part. Niel semble s’aligner sur la stratégie FTTH (ndlr: le réseau de fibre) de Proximus et voit en outre un potentiel dans ses activités à l’étranger. Il ne peut toutefois pas prétendre à siéger au CA. Ce n’est que lorsqu’il aura porté sa participation à 25 % qu’un siège au conseil d’administration pourra être envisagé. Comme il est en phase avec la stratégie actuelle de Proximus, il ne devrait pas avoir de rôle trop activiste pour le moment.
Guillaume Boutin, le CEO de Proximus, est lui aussi français, cela a-t-il joué dans le choix de Niel d’investir dans le capital de Proximus?
Les deux hommes doivent en effet se connaître. Ils sont tous les deux français, parlent la même langue et partagent la même culture, des synergies ont pu se créer.
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