Quand Ageas gâte le bras financier de l’État

Hans De Cuyper, CEO d'Ageas
Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Malgré un bénéfice en recul, l’assureur va octroyer un dividende en hausse de 8 % et gâter ses actionnaires, dont la SFPI qui pourrait dès lors encore monter en puissance dans le capital du groupe.

Saison des résultats oblige, Ageas a dévoilé ce matin ses chiffres annuels pour l’année écoulée. Dirigé par notre compatriote Hans De Cuyper, le groupe d’assurance belge termine 2023 sur un bénéfice net de 953 millions, contre 1,097 milliard en 2022, soit une diminution de 13 %, mais due en grande partie à des éléments exceptionnels.

Car sur le plan opérationnel, Ageas a connu en 2023 une “bonne dynamique commerciale”, a commenté Hans De Cuyper lors de la présentation des résultats annuels du groupe à la presse ce jeudi. 

Précisément, les primes encaissées ont augmenté de 8 % pour atteindre 17,1 milliards d’euros, notamment grâce à d’excellents chiffres de vente en Chine. Tout cela confirme “la solidité opérationnelle de notre activité, aujourd’hui et à l’avenir”, s’est encore félicité Hans De Cuyper lors de la présentation des résultats annuels du groupe à la presse ce jeudi.   

Numéro un en Belgique

En Belgique, là où Ageas est présent avec sa grosse filiale AG Insurance, l’assureur enregistre également une croissance de ses encaissements qui ont globalement progressé de 2 %. Une progression qui s’explique par une très forte croissance dans le segment non-vie (+11 %) qui compense amplement la baisse de l’encaissement pour ses produits d’assurance-vie (-2 %). 

Pour ce qui est de la croissance des activités en assurance dommage (non-vie, c’est-à-dire assurance auto, incendie, etc.), cette dernière s’explique par des gains de part de marché, l’impact positif de l’inflation sur les tarifs et une année plutôt favorable en termes de catastrophes naturelles. A l’inverse, l’encaissement en vie a quant à lui reculé à cause de l’évolution des taux d’intérêt mais aussi à cause du bon d’Etat à un an lancé par le gouvernement belge en septembre dernier. Néanmoins, AG est désormais “numéro un sur le marché belge”, a indiqué Hans De Cuyper. Et ce, aussi bien sur le segment vie où AG Insurance s’arroge une part de marché de près de 30 % que sur le segment non-vie où elle devance désormais Axa Belgium (hors Yuzu) avec une part de marché de 16,5 %.

Ancrage belge  

Côté financier, on notera que le groupe dispose d’un solide trésor de guerre avec une “confortable trésorerie” qui a significativement augmenté pour atteindre 959 millions d’euros, a souligné Hans De Cuyper, alors que le groupe a également confirmé en ce début d’après-midi le lancement d’une offre de rachat sur l’assureur britannique Direct Line. 

Fort de cette solide position en cash, Ageas a aussi décidé de gâter ses actionnaires avec le versement d’un dividende total de 3,25 euros par action, en hausse de plus de 8 %. On rappellera à ce sujet que le Chinois Fosun qui avait porté sa participation à 10 % dans Ageas en 2021, et qui est actuellement le premier actionnaire du holding, envisagerait de vendre ses parts, ce qui pourrait amener l’Etat belge à accroître sa participation. Après le géant mondial de la gestion d’actifs BlackRock, on retrouve en effet depuis deux ans dans le capital d’Ageas la SFPI (Société Fédérale de Participations et d’Investissement, ndlr), le bras financier de l’État fédéral, à la troisième place avec une participation de 6,33 %.

On se souviendra également à ce propos que c’est grâce à la vente d’une partie des actions de la grande banque française BNP Paribas que le fonds souverain avait pu investir dans Ageas, suite au départ de l’autre actionnaire chinois Ping An, assurant ainsi un ancrage belge dans le premier assureur du pays. D’où sans doute ce généreux dividende de 3,25 euros par action, qui représentera au total la somme de 35 millions d’euros pour l’Etat belge.

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