La Commission inflige une amende de 2,95 milliards d’euros à Google

© (Photo by Nicolas Economou/NurPhoto via Getty Images)

La Commission européenne a infligé vendredi une amende record de 2,95 milliards d’euros à Google. Elle reproche au géant technologique américain d’avoir faussé la concurrence dans le secteur des technologies publicitaires.

Google contrôle plusieurs maillons clés du marché publicitaire en ligne: il fournit les outils aux annonceurs, aux éditeurs et gère aussi la plateforme d’échange où tout se vend et s’achète (ad exchange). À la suite de son enquête ouverte en 2021, la Commission a estimé que Google avait abusé de sa position dominante, donnant ainsi un avantage compétitif à sa plateforme d’échange publicitaire AdX.

“Google a abusé de son pouvoir en favorisant ses propres services technologiques de publicité en ligne au détriment de ses concurrents, des annonceurs en ligne et des éditeurs”, a déclaré la vice-présidente de la Commission Teresa Ribera dans un communiqué. “En raison des pratiques illégales de Google, les annonceurs ont dû faire face à des coûts marketing plus élevés, qu’ils ont probablement répercutés sur les consommateurs européens.”

60 jours

En tant qu’autorité chargée de faire appliquer les règles de concurrence dans l’UE, la Commission enjoint Google à mettre fin à ses pratiques et à mettre en oeuvre des mesures pour éliminer les conflits d’intérêt inhérents à sa chaîne d’approvisionnement en technologies publicitaires. L’entreprise a 60 jours pour informer la Commission des mesures qu’elle entend proposer.

“La Commission a déjà fait part de son avis préliminaire selon lequel seule la cession par Google d’une partie de ses services permettrait de remédier à la situation de conflits d’intérêts inhérents, mais elle souhaite d’abord entendre et évaluer la proposition de Google”, ajoute l’institution dans un communiqué.

Pour fixer l’amende de 2,97 milliards d’euros, la Commission dit avoir pris en compte la durée et la gravité de l’infraction, ainsi que le chiffre d’affaires européen d’AdX.

Les conclusions de l’institution européenne sont également importantes dans la perspective du procès qui s’ouvre aux États-Unis le 22 septembre pour le même type de faits, note la Commission européenne. “Il devrait être possible de veiller à ce que Google mette en place un remède efficace des deux côtés de l’Atlantique pour résoudre les conflits d’intérêts inhérents à ces activités”, a encore affirmé Teresa Ribera.

Troisième amende en une semaine

L’annonce de cette amende intervient après que Donald Trump a attaqué la semaine dernière les pays régulant le secteur de la tech, menaçant de droits de douane et de restrictions à l’exportation. L’UE avait répondu qu’elle avait le “droit souverain” de réguler le secteur technologique.

Il s’agit de la troisième amende infligée à Google cette semaine, après une condamnation à verser 425 millions de dollars de dommages à près de 100 millions d’utilisateurs américains pour atteinte à leur vie privée; et une amende de 325 millions d’euros en France.

En revanche, aux États-Unis, la société a échappé à une obligation de céder son navigateur Chrome. Ce n’est pas la première fois que la Commission européenne inflige une amende à Google. En 2018, l’entreprise a dû payer une amende record de plus de 4 milliards d’euros pour avoir abusé de la position dominante du système Android. Un an plus tôt, la société avait déjà dû s’acquitter de 2,4 milliards d’euros à la suite d’une enquête sur le service de comparaison de prix Google Shopping.

Google dénonce une “mauvaise” décision de la Commission européenne et va faire appel

Le géant américain de la tech Google a vigoureusement critiqué vendredi la décision de la Commission européenne de lui infliger une amende de près de trois milliards d’euros et a annoncé faire appel.

“La décision de la Commission européenne concernant nos services publicitaires est mauvaise et nous allons faire appel”, a affirmé la vice-présidente des affaires réglementaires de l’entreprise, Lee-Anne Mulholland. Dans un communiqué transmis à l’AFP, cette dirigeante a dénoncé “une amende injustifiée”. La décision de Bruxelles, ajoute-t-elle, “exige des changements qui vont nuire à des milliers d’entreprises européennes en leur compliquant la tâche pour gagner de l’argent”.

Expertise Partenaire