Près d’un tiers des travailleurs belges ne souhaitent pas se former
Tout comme la semaine de 4 jours, le droit à la formation est un des piliers de la réforme du marché du travail. Depuis la loi du 22 octobre 2022, une fois par an, chaque entreprise de plus de 20 travailleurs devra déposer un plan de formation pour développer les compétences des travailleurs. Les employés auront droit à quatre jours de formation en 2023 et cinq jours en 2024.
Le prestataire SD Worx attire l’attention sur le fait qu’il ne reste plus beaucoup de jours avant la date limite d’information, fixée au 30 septembre, sur le droit à la formation de chaque travailleur. « Ce plan, explique Sébastien Dufour, directeur régional Brabant wallon chez SD Worx, peut se présenter sous forme papier ou électronique, doit reprendre au minimum les formations proposées et le groupe cible de travailleurs auquel il est destiné. Il s’agit aussi bien de formations formelles qu’informelles (sur le lieu de travail, étude autonome, conférences…). Les formations en ligne aussi sont concernées. Le plan doit également expliquer de quelle manière il contribue à l’investissement légal obligatoire dans la formation. »
Et de rappeler que le droit à la formation est un droit individuel qui s’applique à chaque travailleur, et non plus un droit collectif. Pour les plus petites entreprises, celles qui comptent entre 10 et 20 travailleurs, le droit est alors d’un jour par travailleur à temps plein et par an. Celui-ci n’est toutefois pas obligé de l’accepter.
Et si l’on en croit les résultats de la dernière étude menée par SD Worx (juin 2023), ce droit à la formation ne semble pas indispensable pour un tiers des travailleurs en Belgique.
Ce que le travailleur pense des formations
En effet, un travailleur belge sur trois (34 %) déclare ne pas avoir besoin de formation et 38 % des Belges qui travaillent estiment, eux, ne pas avoir le temps pour la formation (contre 29% ayant le temps).Ce que le travailleur pense des formations
« Il s’agit d’un droit, pas d’un devoir, rappelle Sébastien Dufour. Ne pas prendre ces jours ne peut jamais être un motif de licenciement. En tant qu’employeur, vous devez cependant proposer des options de qualité suffisante. Vous devrez prouver que vous avez donné à votre collaborateur toutes les chances pour suivre une formation. Mais si vous trouvez que votre collaborateur a besoin d’une formation continue pour exécuter correctement ses tâches, vous pouvez bien sûr l’obliger à suivre cette formation. »
Si la majorité (64 %) dit apprendre sur le tas, les travailleurs belges ne sont pas tous opposés aux formations. Un tiers (29%) des travailleurs interrogés estiment avoir besoin de 3 à 5 jours de formation par an et un peu plus d’un quart (27 %) souhaite au moins six jours par an.
L’année dernière, 54 % des Belges actifs ont suivi une formation, selon SD Worx.
Ce que les entreprises proposent
Cette dernière étude a été menée auprès de 481 PME belges. Elle montre que les entreprises belges sont plutôt bien préparées à envoyer leurs collaborations apprendre de nouvelles choses : 71 % des PME de plus de 20 travailleurs disposent d’un plan de formation et plus de la moitié (55 %) des PME seront également prêtes à fournir des informations sur les droits individuels à la formation d’ici le 30 septembre.
«Tous les travailleurs ne profiteront pas de ces opportunités de formation, mais c’est un coup de pouce, souligne Laura Bertrand, conseillère PME chez SD Worx. La formation peut prendre différentes formes, adaptées aux besoins de chacun : elle ne doit pas nécessairement se dérouler dans une salle de classe. Des sessions avec un collègue ou un responsable sur le tas ou une formation en ligne font également partie des possibilités.»
Et de préciser que « près de la moitié des entreprises (44 %) utiliseront activement le droit individuel à la formation pour la formation continue. C’est une bonne nouvelle, car les employeurs sont à la recherche de talents sur un marché qui se raréfie. Les organisations qui arrivent à valoriser les talents en interne et qui leur donnent des opportunités sont mieux préparées pour l’avenir. Cela donne également une perspective aux travailleurs. »
Les travailleurs belges loin d’être des exceptions
Finalement, l’enquête annuelle de SD Worx sur les travailleurs dans 10 pays européens conclut que la Belgique est loin d’être une exception et que si 34% des travailleurs belges ne sont pas en demande d’avoir des formations, il en est de même dans d’autres pays européens.
Ainsi, en Allemagne et en France, ils sont 32% à ne pas souhaiter suivre une formation, 35% en Italie et 31% en Norvège. Quant au Danemark, à l’Angleterre et aux Pays-Bas, les travailleurs sont encore plus prononcés à cet égard, vu les scores de 43%, 42% et 40% qu’atteignent respectivement ces pays.
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