Le “Boeing 737” chinois peut-il vraiment s’attaquer aux géants occidentaux ?

Le C919 de COMAC au salon de l'aviation à Singapour. (Photo by Zhang Hui/VCG via Getty Images) © Getty Images

Le C919 de COMAC fait son petit bout de chemin. Il a effectué un premier vol en dehors de la Chine, pour participer à un salon. Il se veut le concurrent du Boeing 737 MAX et de l’Airbus 320 neo. Mais pourra-t-il s’imposer sur le marché dominé par ces deux géants ?

La Chine prend son envol. Son C919, développé par la Commercial Aircraft Corporation of China (COMAC), a fait sa première apparition sur la scène internationale ce week-end, survolant le salon de l’aviation de Singapour. C’est donc aussi son premier vol en dehors de Chine.

Et la Chine en vise d’autres. L’avion est aujourd’hui uniquement homologué en Chine, pour des vols commerciaux (mais des demandes ont été introduites ailleurs, dont en Europe). La compagnie China Eastern Airlines emploie quatre C919. Le premier a été ajouté à la flotte l’année dernière.

S’attaquer à Airbus et à Boeing

Avec ses 150 à 190 places et deux réacteurs, l’engin est du même type que le 320neo du Franco-Européen Airbus ou le 737 MAX de l’Américain Boeing. Et COMAC vise à attaquer leur part de marché. Un investissement de plusieurs dizaines de milliards de yuans (10 milliards de yuans sont 1,3 milliard d’euros, à titre de comparaison) pour la chaine de production est planifié, rapporte Reuters.

Mais le C919 reste un nain aujourd’hui. Quatre avions sont en service. Deux seulement ont été livrés en 2023. Pour 2024, des experts s’attendent à ce que sept à dix machines soient livrées. COMAC ne devrait donc pas remplacer Boeing ou Airbus dans le ciel de sitôt.

Fenêtre de tir

Sa part de marché pourrait néanmoins augmenter dans les années à venir. La demande dans le monde de l’aviation est forte, mais l’offre des deux géants n’arrive pas à suivre, ce qui mène à une certaine tension ou pénurie d’avions dans le secteur. A tel point que quasi toute la production, d’ici à 2030, est déjà réservée ou vendue, selon Mike Yeomans du cabinet de consultance du secteur de l’aviation, IBA. Des compagnies aériennes désireuses d’acheter un avion plus rapidement pourraient donc rechercher d’autres pistes.

Boeing est en plus touché par des crises à répétition, notamment pour le 737 MAX. Elles pourraient aussi refroidir les clients et les pousser vers d’autres compagnies.

Voilà une fenêtre de tir pour COMAC : comme le marché est bouché, le groupe chinois pourrait être une alternative. En Chine d’abord (qui est un marché important pour les deux géants occidentaux), puis ailleurs dans le monde si les autorisations suivent. Mais encore faut-il que le constructeur arrive à augmenter ses capacités de production.

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