Pour les marchés, et contre toutes attentes, l’événement le plus marquant de la semaine passée n’a pas été la tentative de révocation de la gouverneure de la banque centrale des États-Unis (Fed) Lisa Cook par le président américain, Donald Trump. Non, l’attention des marchés s’est concentrée sur la publication des résultats trimestriels de Nvidia.
Comment expliquer un tel engouement pour une entreprise cotée en Bourse ? Petit retour dans le passé pour clarifier cela. Imaginez que vous avez investi 100 dollars dans l’action Nvidia (NVDA) il y a seulement deux ans, vous pourriez empocher aujourd’hui environ 300 dollars de plus-value. Et ce n’est pas fini, car depuis le début de cette année, le titre a déjà bondi de 30%.
Selon Neil Dutta, directeur de la recherche économique chez Renaissance Macro Research, les dépenses d’investissement liées à l’IA des géants technologiques américains ont contribué cette année davantage à la croissance du PIB que la consommation des ménages, pourtant moteur traditionnel de l’économie, représentant environ 70 % du PIB.
Tout pour séduire
Ainsi, trimestre après trimestre, Nvidia dépasse largement les prévisions de Wall Street. Alors, comment ne pas être sous son charme?
Pourtant, souligne CNN, certains investisseurs restent insensibles au palmarès envoûtant de l’action, et estiment que le marché autour de Nvidia prend des allures de bulle. Et leur impression ne tient pas uniquement au fait que Sam Altman, le patron d’OpenAI et client de Nvidia, ait évoqué publiquement la possibilité que l’intelligence artificielle soit une bulle.
Pour CNN, voici les trois raisons pour lesquelles l’histoire Nvidia commence à inquiéter.
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Nvidia est gigantesque
Quand on parle de Nvidia, on ne pas seulement d’une « grande entreprise », mais de LA plus grande de toutes (pour l’instant) en termes de valeur boursière. Sa capitalisation dépasse les 4.000 milliards de dollars, ou 4 trillions de dollars, un chiffre qui donne le tournis à plus d’un investisseur.
Un capitalisation boursière qui surpasse aujourd’hui celle d’Apple (environ 3.450 milliards de dollars) et de Microsoft (numéro 2 derrière Nvidia, avec plus ou moins 3.770 milliards de dollars), pour ne citer que ces deux entreprises.
Rappelons que personne n’avait jamais connu d’entreprise cotée valant 1.000 milliards avant qu’Apple franchisse ce seuil en 2018. Aujourd’hui, on en compte presque une douzaine, quasiment toutes dans la tech américaine.
Un poids systémique
Ainsi, à elle seule, Nvidia représente 8 % du S&P 500. Ce qui équivaut à un record historique pour une seule entreprise, et ce depuis la création de l’indice en 1981. Pour information, cette concentration est supérieure à celle observée lors de la bulle technologique de 2000, lorsque Microsoft et General Electric représentaient environ 4% chacun de l’indice.
C’est dire si les résultats de Nvidia peuvent faire bouger l’ensemble du marché.
Plus largement, selon Deutsche Bank, citée par le média américain, la capitalisation de Nvidia équivaut à 3,6 % du PIB mondial. Oui, une seule entreprise, dont la moitié du chiffre d’affaires provient de seulement trois clients, pèse autant. Si on veut comparer cette valorisation boursière au PIB de la Belgique (estimé à 664,6 milliards de dollars en 2024, selon Trading Economics) alors la capitalisation boursière de Nvidia est environ 6,3 fois supérieure au PIB annuel belge.
L’IA, c’est Nvidia : un monopole ?
Peut-on dire que l’IA, c’est Nvidia et que Nvidia, c’est l’IA ? Car soyons honnêtes : lorsqu’on évoque l’industrie de l’intelligence artificielle, on parle surtout de Nvidia. Si vous utilisez ChatGPT, il tourne grâce aux puces Nvidia. Même chose pour Claude d’Anthropic, Gemini de Google ou encore le chatbot d’Amazon.
Tous reposent sur les processeurs conçus par Nvidia, qui, rappelons-le, se contentait encore il y a quelques années de fabriquer des composants destinés à améliorer l’affichage des jeux vidéo.
Aujourd’hui, l’entreprise contrôle presque à elle seule l’approvisionnement en ressources essentielles d’un secteur entier, et dégage des marges comparables à celles d’un monopole. Reste une question de plus en plus pressante, selon CNN: que se passera-t-il si la technologie propulsée par Nvidia n’est pas la révolution annoncée ?