Pfas : et si IBA avait la solution ?
Le spécialiste mondial du cyclotron travaille depuis plus d’un an à une solution pour éliminer efficacement les Pfas via son Rhodotron. L’étude théorique vient d’être terminée. Lundi vont commencer les premiers tests pratiques. Grand potentiel pour l’entreprise wallonne.
Depuis plus d’un an maintenant, le groupe IBA planche sur une solution qui permettrait d’éliminer ces fameux Pfas (perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés) qui regroupent plus de 4.000 composés chimiques synthétiques utilisés depuis un demi-siècle pour leurs propriétés imperméabilisantes, antiadhésives ou leur résistance à la chaleur).
Problème : ces composés, qui se trouvent un peu partout (emballages, textile, les mousses synthétiques, …), ne se dégradent pas naturellement et ont des effets toxiques sur la santé. Or, on en retrouve dans l’eau, qui doit être filtrée via des filtres au charbon. Mais que faire de ce charbon une fois qu’il a accompli son travail ? Pour s’en débarrasser, jusqu’à présent, on n’avait que l’incinération. Mais si IBA avait une autre solution ?
« Le potentiel pourrait être très important, observe Olivier Lechien, directeur de la communication du groupe, car il y a des Pfas un peu partout. Dans l’atmosphère, mais aussi et surtout dans l’eau. Aujourd’hui, explique-t-il, l’eau passe par des filtres à charbon. Ces filtres se chargent de Pfas. Ils sont extraits et sont incinérés, ce qui permet de détruire une bonne partie de PFAS. Puis le carbone est réutilisé, réinjecté dans le circuit et ce cycle se produit une dizaine de fois jusqu’à ce que le carbone ne soit plus actif. Ce matériau pollué doit être détruit. La solution que nous sommes occupés à envisager permettrait de détruire les Pfas, et donc de gérer non seulement la problématique de pollution, mais aussi celle des Pfas sur les sites de production ».
Le Rhodotron au travail
« Nous avons trois activités de base, poursuit-il. La protonthérapie, les machines qui permettent de créer des isotopes dans le domaine de la médecine nucléaire et la stérilisation. » IBA stérilise des équipements médicaux, mais aussi de produits alimentaires, voire le courrier de la Maison Blanche pour éviter le risque d’infection à l’anthrax….
« Ces trois activités reposent sur la technologie que nous maîtrisons et pour laquelle nous sommes leader mondial : les accélérateurs de particules », ajoute Olivier Lechien. Plus spécialement, IBA a fabriqué un puissant accélérateur, le Rhodotron, utilisé dans le domaine de la stérilisation : il produit un rayon d’électrons qui balayent ce qui doit être stérilisé. Et nous avons entamé une recherche il y a un an ou deux pour savoir si nous pouvions utiliser cette machine pour détruire le Pfas, note Olivier Lechien»
Ce n’est donc pas la crise actuelle en Wallonie qui a poussé IBA dans ce domaine, mais la demande de certains utilisateurs, aux Etats-Unis, qui s’étaient tournés vers IBA pour voir si le groupe de Louvain-la-Neuve n’avait pas une solution pour détruire les Pfas, ce qui a poussé IBA à lancer un programme de recherche.
Une solution en 2027 ?
« La première étape de ce programme a consisté à effectuer une modélisation théorique, afin de voir dans quelle mesure l’utilisation de cette machine pour cet objectif serait efficace ou pas, explique Olivier Lechien. Et sur base de notre recherche et de la littérature scientifique dans le domaine, nous avons conclu aujourd’hui qu’elle l’était ». C’est donc ce qui pousse IBA dans la deuxième phase du projet, qui commence la semaine prochaine : réaliser des essais sur le terrain. « Une phase de test qui démarre lundi dans laquelle nous allons utiliser un Rhodotron qui est utilisé aujourd’hui chez un client pour mesurer, en collaboration avec l’université de Liège, son efficacité dans la destruction de Pfas ».
Et sur base de ces résultats, IBA décidera si elle passe à une troisième phase qui consistera alors à développer un site spécialement dédié à la destruction de Pfas et à commencer à commercialiser cette activité. « Cela pourrait aller relativement vite, ajoute Olivier Lechien. La phase de test sur le terrain devrait donner ses résultats déjà au début de l’an prochain. Et si elle est concluante, IBA travaillera alors à modéliser un système pour une utilisation industrielle, « et là nous parlons d’un horizon de 3 à 5 ans ». Le problème des Pfas pourrait alors être résolu aux alentours de 2027…
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