Alors qu’OpenAI envisage une nouvelle opération de rachat d’actions auprès de ses anciens employés, sa valorisation pourrait atteindre 500 milliards de dollars. Mais derrière cette progression spectaculaire se profilent des tensions stratégiques avec son principal partenaire, Microsoft.
OpenAI, la société mère de ChatGPT, est en pourparlers pour une nouvelle opération de rachat d’actions, détenues par des (anciens) employés. C’est ce qu’a rapporté l’agence de presse Bloomberg, citant des sources proches du dossier. À l’occasion de cette opération, la valorisation de l’entreprise spécialisée dans l’intelligence artificielle pourrait atteindre 500 milliards de dollars, soit bien plus que sa précédente estimation (qui était à 300 milliards de dollars).
Comme d’autres entreprises technologiques en forte croissance, OpenAI récompense ses collaborateurs en leur offrant des actions, une stratégie assez commune somme toute destinée à retenir ses talents. Mais ces derniers mois, la société a toutefois vu plusieurs membres de son département de recherches quitter le navire afin de rejoindre Meta, la maison mère de Facebook…
Cette nouvelle opération sur les actions pourrait viser à enrayer cette fuite et éviter un nouvel exode.
Selon OpenAI, ChatGPT compte désormais 700 millions d’utilisateurs hebdomadaires, contre 500 millions fin mars. Chaque jour, plus de 3 milliards de messages sont envoyés sur l’application. OpenAI se prépare actuellement à lancer son tout nouveau modèle d’IA, GPT-5.
Le PDG et fondateur Sam Altman a laissé entendre mardi sur X que cette sortie pourrait intervenir dès cette semaine.
“Open” ou pas vraiment ?
Par ailleurs, OpenAI a récemment lancé deux nouveaux modèles d’IA qui peuvent être exécutés localement sur un ordinateur et personnalisés selon les besoins des utilisateurs. Il s’agit de deux versions : l’une comprenant 120 milliards de paramètres (gpt-oss-120b), l’autre plus légère avec 20 milliards de paramètres (gpt-oss-20b). Les paramètres sont les variables qu’un modèle d’intelligence artificielle utilise pour apprendre et formuler des prédictions : plus ils sont nombreux, plus le modèle est performant — mais gourmand en ressources également.
Il s’agit des premiers modèles dits « open weight » d’OpenAI depuis six ans. De tels modèles peuvent être adaptés sur mesure. OpenAI se voit contraint d’ouvrir ces modèles face à la concurrence croissante de start-up chinoises telles que DeepSeek. En effet, les modèles d’IA chinois sont dans leur grande majorité « open source » et affichent des performances comparables à celles de leurs équivalents américains.
Qu’est-ce qu’un modèle à “open weight”?
Dans l’univers de l’intelligence artificielle, un modèle à open weight model désigne un modèle d’IA dont les paramètres appris — c’est-à-dire les poids numériques qui régissent son comportement — sont rendus accessibles au public.Ces poids constituent la mémoire et l’intelligence du modèle, car ils traduisent tout ce qu’il a appris à partir de ses données d’entraînement.
Attention, il ne s’agit pas d’un modèle open source complet ! Un modèle open weight ne donne pas nécessairement accès au code source, aux données d’entraînement ou à l’architecture complète du système. En revanche, il permet à n’importe quel utilisateur (chercheur, entreprise, développeur) de charger le modèle tel qu’il est, de l’exécuter localement sur ses propres machines, et l’adapter à ses besoins spécifiques.
Un virage commercial assumé
OpenAI a été fondée en tant qu’organisation de recherche à but non lucratif. Mais les critiques — parmi lesquels Elon Musk — l’accusent de s’éloigner toujours davantage de cette mission initiale. Des discussions sont actuellement en cours, notamment avec Microsoft, sur l’avenir d’OpenAI en tant qu’entreprise commerciale. Le géant de Redmont y a en effet investi quelque 13,75 milliards de dollars et bénéficie d’un accès privilégié à la technologie d’OpenAI jusqu’en 2030.
Selon le Financial Times, les deux parties ont négocié tout au long de l’année écoulée sur la participation que Microsoft devrait obtenir, en contrepartie de son important investissement, dans la nouvelle structure d’OpenAI. Les propositions évoquées varient entre 20 % et 49 % du capital.