“On est au début d’une zone de forte turbulence” : le patron des patrons voit les faillites pleuvoir en Belgique
Van Hool, Audi et Esprit ne seraient que les prémices de deux années infernales pour les entreprises, selon Pieter Timmermans, le président de la FEB.
Pieter Timmermans dit avoir reçu de nombreux “signaux d’inquiétude” de la part des entreprises. “Je pense que 2024 et 2025 seront compliquées. On est au début d’une forte zone de turbulence”, a-t-il indiqué sur la RTBF.
Les chiffres de ce début d’année donnent raison au patron des patrons. 3.162 entreprises ont mis la clé sous la porte au premier trimestre 2024, soit une augmentation de 14,1% par rapport à l’année dernière, ce qui a conduit au licenciement de près de 6.000 personnes.
Les surcharges administratives
Le président de la FEB estime que les choses vont empirer pour trois raisons. Le coût du travail en Belgique et les prix de l’énergie, comme nous l’évoquions la semaine dernière, mais il ajoute un autre élément : le coût de la charge administrative.
En février dernier, le Bureau fédéral du Plan a objectivé cette inquiétude. Pour l’année 2022, le coût des charges administratives pour les entreprises était estimé à 5,99 milliards d’euros, soit une augmentation de 20% par rapport à 2020. Une augmentation qui est essentiellement portée par les PME. C’est un gros retour en arrière, alors que les coûts administratifs avaient largement diminué entre 2016 et 2020.
L’exemple le plus récent est le Federal Learning Account (FLA), un outil qui doit permettre aux employeurs d’enregistrer toutes les formations de leurs salariés. Les formations passées et celles auxquelles ils ont droit. L’outil qui a été lancé ce 1er avril est une bonne idée sur le papier. Mais il a été très mal accueilli, car il n’était pas prêt techniquement. Il engendrerait “une surcharge administrative” pour les services RH et des surcoûts pour les entreprises, ont dénoncé l’ensemble des organisations patronales.
Les coûts salariaux et l’énergie
Pieter Timmermans pointe également du doigt le coût horaire de main-d’œuvre qui est 12% plus élevé que dans les pays voisins. C’est en effet ce que disent les derniers chiffres d’Eurostat. Sans surprise, le président de la FEB a une nouvelle fois plaidé pour un saut d’index, “pour rétablir l’équilibre”. À plus long terme, il pousse “à adopter les mêmes systèmes d’adaptation des salaires que les pays voisins, ni plus ni moins”.
Quant aux prix de l’énergie, il estime que ces dernières années, “ils ont été 15% plus élevés que dans les pays voisins, principalement à cause des taxes”. Actuellement, c’est surtout vrai par rapport à la France qui paye son électricité nettement moins cher. Mais il est exact que la Belgique est le pays dont la part des taxes dans les prix de l’énergie est la plus grande, parmi ses voisins.
Chaque faillite a ses particularités. Van Hool a subi la mauvaise gestion de la famille actionnaire, Audi essuie le ralentissement du marché des voitures électriques, tandis qu’Esprit fait partie de ces entreprises moyen de gamme concurrencées déloyalement par l’e-commerce et sa “fast fashion”. Mais il est clair, et les chiffres le montrent, que des facteurs propres à la Belgique jouent également en défaveur des entreprises belges.
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