NOX Energy : un jeune trio belge lève un million de dollars pour bousculer le marché de l’énergie

Louis Clermont, Axelle Moortgat et Martin Michaux - Credit : NOX ENERGY
Baptiste Lambert

La startup belge NOX Energy vise à connecter des pompes à chaleur au marché de l’énergie. Leur plateforme connectée permettra de faire face à deux défis : celui des prix élevés des systèmes de chauffage électrique et celui de la stabilisation du réseau.

Quand une étudiante flamande, un étudiant bruxellois et un étudiant liégeois se rencontrent, cela donne NOX Energy, une aventure entrepreneuriale belgo-américaine qui ne manque pas d’ambition.

Son histoire commence par la rencontre d’Axelle Moortgat (24 ans), la CEO, ingénieure en informatique (KU Leuven), originaire de Mechelen, et de Louis Clermont (22 ans), COO, diplômé en business et finance (Bayes Business School).

Les deux jeunes étudiants entrent en contact via la plateforme américaine Y Combinator. Il s’agit d’un prestigieux accélérateur de startups qui met en relation des talents complémentaires.

Flexibiliser l’intermittence

“Axelle s’intéressait de près à l’énergie après un projet en Afrique, nous raconte Louis Clairmont. En revenant en Belgique, elle a construit plusieurs modèles de startup. L’un d’entre eux concernait une plateforme pour la revente des excès d’énergie. Mais elle s’est aperçue qu’il y avait un trou dans le business model : il faut constamment payer un forfait pour réinjecter de l’énergie dans le réseau. Le réseau électrique n’accepte pas que l’on renvoie simplement les excès d’énergie. Car il faut définir la quantité d’électricité créée et la quantité d’électricité consommée. Sinon cela provoque des blackouts.”

C’est toute la problématique de l’équilibre entre la production et la consommation d’énergies renouvelables. Les opérateurs de réseau doivent constamment jongler entre les pics de production et de consommation, avec une énergie qui est par définition intermittente. Pour l’heure, des tarifs préférentiels obligent les producteurs à s’adapter constamment, mais aussi à payer.

À partir de là, l’idée est de créer une plateforme pour connecter des appareils éco-énergétiques, tels que les pompes à chaleur, au marché de l’énergie. “On va s’adresser directement aux fabricants de pompes à chaleur ou de panneaux solaires pour se connecter directement aux appareils via le cloud et les utiliser. Sans passer par du hardware, donc”, explique Louis Clairmont.

Comment ça marche ?

Et c’est là que le troisième acolyte, Martin Michaux (23 ans, CTO), ingénieur en data science et IA (TU Delft), originaire de Liège, est entré en action. “Il a créé un algorithme boosté à l’IA qui définit quand on peut consommer plus ou moins d’énergie, sans avoir d’impact sur le confort du propriétaire de la pompe à chaleur. De là, on peut définir quand on peut utiliser ou pas la pompe à chaleur. Et si on a, par exemple, 1.000 pompes à chaleur connectées qui peuvent consommer 1 MW, on prévient l’opérateur de réseau, par exemple Elia, en Belgique, qui nous paye pour que l’on n’utilise pas cette quantité d’énergie sur le réseau.”

Avec deux gros avantages : le premier, c’est de faire baisser la facture d’énergie, en optimisant la source d’énergie et en participant au marché de l’énergie de manière plus efficace. Les montants payés par l’opérateur seront reversés aux producteurs d’énergie. Ensuite, la solution de NOX Energy permet également de soulager le réseau électrique, ce qui est tout à fait fondamental pour réaliser de la transition énergétique.

Manque de confiance européen

L’objectif de NOX Energy est de se lancer sur le marché européen en 2025. La startup veut recruter une dizaine de personnes pour finaliser cinq projets pilotes, qui ciblent à la fois des applications résidentielles et commerciales. Son business model ? NOX Energy proposera son logiciel gratuitement pour les fabricants et les particuliers, mais il récupèrera un pourcentage du montant versé par l’opérateur.

Cette idée a en tout cas séduit. La startup vient de lever 1 million de dollars auprès du fonds néerlandais Volve Capital, soutenu par le fonds bruxellois Seeder Fund et quelques business angels. L’aventure a toutefois commencé aux États-Unis, puisque les trois entrepreneurs ont participé au programme Entrepreneurs Roundtable Accelerator (ERA) à New York, l’un des incubateurs les plus renommés de la côte Est des États-Unis.

Pourquoi ne pas être passé par des structures belges ? La réponse de Louis Clairmont est franche et tranchée : “Malheureusement, quand on va dans l’écosystème belge ou européen, on est un peu freiné dans nos ambitions. Trois jeunes étudiants de 20 ans, il y a clairement un manque de confiance. Les Américains y croient beaucoup plus.”

“Ensuite, c’était une manière de se positionner sur le marché des États-Unis sur le long terme”, ajoute le jeune COO. Mais pour le moment, c’est sur le marché européen que NOX Energy se concentrera. “Car pour une fois, le marché européen du renouvelable est vraiment en avance.”

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