Nestlé va investir plusieurs milliards pour réduire son empreinte carbone
Le géant suisse de l’alimentation Nestlé a dévoilé jeudi un programme de réduction de son empreinte carbone, auquel il compte consacrer 3,2 milliards de francs suisses (2,9 milliards d’euros) au cours des cinq prochaines années.
Le groupe suisse a détaillé une série de mesures pour réduire de moitié ses émissions d’ici 2030 et parvenir à zéro émission nette d’ici 2050 après une grande revue de ses activités pour mettre en place sa feuille de route, a-t-il indiqué dans un communiqué.
Le groupe prévoit notamment de planter 20 millions d’arbres par an durant les dix prochaines années dans le cadre d’un programme de reforestation. Il entend aussi achever sa transition vers une utilisation à 100% d’électricité renouvelable d’ici 2025 dans ses 800 usines et sites de production des 187 pays où il est implanté.
La lutte contre le changement climatique est “un impératif pour la réussite à long terme de nos activités”, a déclaré Mark Schneider, son directeur général, cité dans le communiqué.
“Nous menons nos activités dans presque tous les pays du monde et nous avons la taille, l’échelle et l’envergure nécessaires pour faire la différence”, a-t-il ajouté.
En 2018, Nestlé a émis 92 millions de tonnes de gaz à effet de serre, a détaillé Nestlé, précisant que cette valeur servira de référence pour mesurer les progrès.
Le groupe, propriétaire notamment des dosettes de café Nespresso ainsi que des eaux en bouteille Perrier et S.Pellegrino, prévoit également d’augmenter le nombre de ses marques qui atteignent la neutralité carbone, en élargissant et reformulant ses produits.
– Neutralité carbone des produits végétariens –
Sa gamme d’aliments d’origine végétale Garden Gourmet ainsi que les compléments Garden of Life doivent atteindre la neutralité carbone d’ici 2022. D’autres marques, dont Sweet Earth, feront de même d’ici 2025, a précisé Nestlé qui a multiplié les lancements de produits végétariens.
Cette enveloppe de 3,2 milliards de francs suisses est “une grosse somme”, a jugé Jon Cox, analyste chez Kepler Cheuvreux, dans un courriel à l’AFP, notant cependant que ce montant est proportionnel à la taille du groupe.
Toutes les entreprises alimentaires vont être amenées à réaliser des investissements “dans des proportions similaires” pour tenir leurs objectifs de zéro émission d’ici 2050, a-t-il nuancé. Le groupe suisse fait néanmoins partie de ceux qui ont une longueur d’avance, a-t-il jugé, soulignant que c’est “ce que veulent les consommateurs”.
Sous la houlette de Mark Schneider, ancien patron du groupe allemand de santé Fresenius, le groupe suisse a amorcé un grand repositionnement de son portefeuille de produits pour relancer sa croissance.
Quelques mois après son arrivée aux commandes, début 2017, le groupe avait été pris pour cible par le fonds activiste Third Point qui reprochait à Nestlé de s’être laissé distancer par des entreprises plus petites, mais plus en phase avec les nouvelles tendances de consommation.
Le nouveau patron de Nestlé avait rapidement lancé une vague des cessions d’activités en perte de vitesse mais aussi multiplié les acquisitions, en particulier dans les produits végétariens et de santé nutritionnelle.
Un passage en revue de son portefeuille d’eaux en bouteille en Amérique du Nord – susceptible d’être partiellement vendu – est en cours. Le groupe a déjà allégé la voilure sur ce segment, régulièrement épinglé par les organisations environnementales. Fin août, il avait notamment annoncé la vente d’une marque locale en Chine au brasseur Tsingtao Brewery.
Mercredi, la branche suisse de l’organisation environnementale Greenpeace a mis en cause Coca-Cola, PepsiCo, mais aussi Nestlé qui figure toujours dans le trio de tête des “plus grands pollueurs au monde en termes de déchets plastiques”, a-t-elle affirmé après avoir récolté et trié par marque 346.494 déchets plastiques dans 55 pays. L’ONG a appelé ces grands groupes à “s’affranchir de leur dépendance aux emballages plastiques à usage unique”.
L’an passé, Nestlé a inauguré à Lausanne un institut consacré à la recherche sur les emballages pour étudier les alternatives aux plastiques. Le groupe s’était fixé pour objectif de rendre 100% de ses emballages recyclables ou réutilisables d’ici 2025.