Moins loin, c’est mieux : de plus en plus d’entreprises s’adonnent au “nearshoring”
L’Europe centrale et de l’Est et l’Afrique du Nord, au lieu de l’Asie : de nombreuses entreprises rapprochent leurs activités de production du marché de destination. Les investissements sont en hausse. Même si les coûts ne sont pas moins élevés, il y a d’autres avantages qui permettent de s’y retrouver, montre un rapport de WDP.
Une tendance qui tranche nettement avec la situation des 20 à 30 dernières années d’avant : le monde est de moins en moins mondialisé. Il se démondialise, même. Une tendance qui s’est amorcée avec la pandémie, et qui continue depuis sur fonds de conflits géopolitiques et guerres commerciales… tout ce qui nuit aux chaînes d’approvisionnement.
Cela se constate notamment auprès des entreprises. Durant les 20 à 30 années d’avant la pandémie, elles ont souvent délocalisé la production vers la Chine, ou d’autres pays lointains où la main d’oeuvre était moins chère. Aujourd’hui, c’est l’inverse qui se produit : elles rapprochent la production de nouveau, en la ramenant dans des pays qui sont plus près du marché de destination. Ou si elles ne la délocalisent qu’aujourd’hui, elles l’envoient moins loin qu’avant. Moins de distance, c’est moins de risques pour les chaînes d’approvisionnement, en résumé.
Où en est ce phénomène, appelé nearshoring dans le jargon, aujourd’hui ? Warehouses De Pauw (WDP), spécialiste de l’immobilier logistique, s’est penché sur la question.
Hausse importante des investissements
Le groupe constate que les entreprises investissent de plus en plus dans des régions proches, comme l’Afrique du Nord, l’Europe centrale et l’Europe de l’est. Sur les deux dernières années (2022 et 2023), elles ont ainsi injecté plus de 82 milliards de dollars dans des projets de fabrication, dans 15 pays de la région. Soit un montant record, et une hausse de 62% par rapport aux investissements d’avant la pandémie (2018 et 2019).
“Le nearshoring est un impératif stratégique pour la croissance durable et l’avantage concurrentiel de nombreuses entreprises. Il permet à celles-ci d’améliorer l’efficacité opérationnelle et de réduire les coûts, tout en étant plus durables et plus réactives. Il en résulte une position forte sur le marché et une bonne croissance à long terme,” commente Gijs Klomp directeur du développement commercial pour la Roumanie.
Coût et efficacité, et vainqueur de la tendance
Certes, produire en Europe ou en Afrique du Nord n’est pas moins cher qu’en Asie, les salaires étant plus élevés. Mais ce n’est pas tout ce qui compte. Il y a d’autres avantages qui permettent de trouver un équilibre. WDP note par exemple la communication et organisationnel : avec un décalage horaire moins important, tout est plus fluide. Pour une distance plus courte, il faut aussi moins dépenser en frais de transport, dont notamment en carburant (et on émet moins de CO2). Autant de raisons qui portent le groupe à croire que le nearshoring a un “avenir positif”.
Dans ce shift du lointain au plus proche, il y a notamment un pays qui pourrait se distinguer comme un point névralgique : la Roumanie. “Par son potentiel économique, son patrimoine culturel et sa situation stratégique au carrefour de l’Europe centrale, orientale et du sud-est. La Roumanie peut offrir aux entreprises une rentabilité et une compétitivité sans risque majeur”, précise WDP, qui s’occupe déjà d’un large portefeuille de clients qui cherchent à y établir des activités de production.
Et à Klomp d’ajouter : “Nous constatons encore quelques obstacles, tels qu’une infrastructure routière sous-développée et une population en déclin. Mais dans l’ensemble, la Roumanie est un pays attrayant pour le nearshoring, d’autant plus qu’elle est devenue un acteur
économique de plus en plus important en Europe de l’Est ces dernières années, avec la deuxième plus grande économie après la Pologne. Les investissements dans des projets en Roumanie se sont élevés à 6,6 milliards de dollars en 2022-2023, soit le double par rapport
à 2018-2019.”
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