Mithra en faillite

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Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

C’est le dernier acte pour la biotech liégeoise. La société mère est en faillite. Les négociations se poursuivent pour vendre les filiales, notamment liées au développement de la pilule Estelle qui devraient passer dans le giron du groupe hongrois Gedeon Richter.

Hier lundi le tribunal de l’entreprise de Liège a prononcé la faillite de la société mère de Mithra. La biotech liégeoise se débattait depuis de longs mois dans les problèmes financiers liés au succès mitigé de son produit phare, la pilule Estelle, au fonctionnement à perte de son CDMO (usine pouvant servir des laboratoires tiers) , et à sa mauvaise gouvernance.

La société mère en faillite,  Mithra Pharmaceuticals SA, est toujours en négociations avec le groupe hongrois Gedeon Richter qui est intéressé par la reprise des droits de la pilule Estelle et du progestatif estetrol. Plus précisément, Gedeon Richter désire racheter les filiales Neuralis SA et Estetra SRL. « La signature et la réalisation de la transaction interviendront dans les meilleurs délais », ajoute Mithra dans un communiqué.

Par ailleurs, le CDMO et Novalon (l’anneau contraceptif Myring) ne sont pas concernées par la faillite de la société mère car elles font l’objet de procédures de réorganisation judiciaire distinctes. Ces mesures de protection devraient être prolongée, moyennant l’accord des tribunaux, jusqu’au 30 juin 2024 afin de permettre aux candidats acquéreurs de soumettre des offres liantes d’ici le milieu du mois.

Les actionnaires de Mithra, en revanche, ne doivent se faire aucune illusion. Le prix de cession des actions qui serait effectivement perçu – après déduction des dettes financières – issu de la cession de Neuralis SA et Estetra SRL et certains actifs de Mithra R&D SA, « permettra de verser des sommes aux créanciers dans l’ordre des privilèges, ajoute Mithra. Cette convention ne créée, par conséquent, aucune valeur pour les actionnaires de Mithra Pharmaceuticals », conclut la société. Les créanciers privilégiés sont en effet les fonds  Highbridge Capital Management et Whitebox Advisors, qui avaient refinance Mithra en échange d’un gage sur ces actifs, ainsi que les banques Belfius et ING. Les créanciers auraient aussi des gages sur d’autres actifs de Mithra.

Fin de partie aussi pour les « Uteron sellers », ces anciens détenteurs des droits sur l’estetrol qui espéraient toucher encore 185 millions d’euros de Mithra.

Wallonie Entreprendre, qui a encore 12,5 millions d’euros d’exposition dans l’aventure, pourrait en récupérer au moins une partie sur le bâtiment du CDMO de Flémalle s’il est vendu.

Quant à l’emploi – Mithra employait environ 250 personnes -, tout dépend de la réussite des négociations en cours. Mais 19 personnes ont déjà été licenciées à la suite de la mise en faillite décidée ce lundi.

« Née de l’ambition d’améliorer de manière significative la santé des femmes, Mithra Pharmaceuticals s’est distinguée par la détermination inébranlable de ses employés à repousser les limites de la science pour le bien commun. Leurs recherches et les progrès qu’elles annoncent survivront à Mithra et se poursuivront désormais sous une autre bannière. Nous espérons tous que ces efforts aboutiront au développement de nouvelles solutions qui profiteront au plus grand nombre.

La direction et le Conseil d’administration tiennent à remercier les actionnaires et les partenaires de Mithra qui ont joué un rôle décisif dans les avancées scientifiques que Mithra a rendues possibles », conclut Mithra.

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