Mithra a besoin de cash avant la fin de l’été

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Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

La trésorerie de Mithra permet de tenir jusqu’au mois de septembre, écrit l’entreprise liégeoise dans une lettre aux investisseurs. La direction envisage un panel de solutions.

Ce n’est pas encore le cri d’alarme, mais cela commence sérieusement à y ressembler. Dans une communication aux investisseurs, l’entreprise pharmaceutique liégeoise Mithra fait état d’une situation de trésorerie de 26 millions au 30 avril dernier. Depuis lors, elle a doublé ses réserves, notamment grâce à la vente d’actions de Mayne Pharma (son partenaire pour la commercialisation de la pilule contraceptive Estelle aux États-Unis et en Australie). Cela permet de tenir jusqu’en septembre, précise Mithra. L’échéance est donc très proche.

Comment éviter le scénario catastrophe ? L’entreprise évoque plusieurs pistes, la première étant toujours celle de la conclusion d’un accord pour la distribution aux États-Unis de Donesta (médicament contre les effets de la ménopause). Plus le temps passe, plus la situation de trésorerie se complique et moins Mithra est en position de négocier un deal favorable. Par ailleurs, les investisseurs constatent le démarrage commercial moins fort que prévu de la pilule Estelle, ce qui laisse planer un doute sur la réelle plus-value des produits à base d’estétrol, développé par Mithra.  « Le lancement d’un médicament suit une courbe proche de celle d’un stick de hockey: c’est plus ou moins rectiligne pendant longtemps et soudain, ça décolle, expliquait le CEO David Solomon, en juin dernier dans Trends-Tendances. Avec Estelle ou Donesta, nous sommes trop tôt dans la courbe. Mais ce fut le cas aussi à l’époque pour le Prozac ou pour les statines anti-cholestérol. Les investisseurs doivent être patients, mais si nous travaillons bien, le décollage viendra! » Mithra affirme que les ventes d’Estelle aux USA (sous le nom de Nextstellis) ont progressé de 18 à 30% au premier quadrimestre, grâce à la nouvelle stratégie commerciale de Mayne Pharma.

La direction de Mithra évoque aussi le report de plusieurs projets de recherche (qui ne concerneraient ni Estelle, ni Donesta ni l’anneau contraceptif Myring), rappelant que la R&D coûte 60 millions par an à l’entreprise. Cette hypothèse étonne, car David Solomon mise beaucoup sur le pipeline de futurs produits pour séduire les investisseurs. « Si Estelle et Donesta marchent, nous aurons des revenus, des liquidités, comme une banque, nous expliquait-il. Mais les fonds internationaux spécialisés que nous allons chercher, ils ne veulent pas investir dans une banque: ils veulent investir dans un pipeline d’innovations. »

En revanche, la piste d’une cession de l’usine de production de Flémalle (CDMO) paraît plus plausible, en tout cas, en phase avec les propos que tenait David Solomon en juin. « Nous devons regarder les chiffres et, malheureusement, l’activité de cette usine n’est pas suffisante, Mithra doit régulièrement lui avancer de l’argent, pointait-il dans nos colonnes. Si un géant de la pharma du type Johnson & Johnson – c’est un exemple – en devenait le propriétaire, il utiliserait pleinement cette usine, il aurait toujours du travail à fournir aux 200 personnes qui travaillent là-bas. Ce serait bon pour ces gens bien entendu, pour l’économie régionale, mais aussi pour Mithra et ses actionnaires. »

Enfin, Mithra dispose toujours d’accords de financement auprès de Whitebox et LDA, qui lui permettent de récolter potentiellement plus de 60 millions d’euros, en échange d’émissions d’actions nouvelles en faveur de ces fonds.

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