La dynastie Van der Valk poursuit son expansion en Wallonie. Deux hôtels d’envergure vont bientôt sortir de terre à Charleroi et Liège, et un autre projet n’est pas loin d’aboutir à Libin (Transinne). Dans le sud du pays, ce sont les frères Wohrmann qui sont à la baguette. La quatrième génération y applique une méthode qui a fait ses preuves, avec sa propre touche.
L’histoire des Van der Valk ressemble à une véritable fresque familiale. Tout commence en 1862, aux Pays-Bas, quand Nicolaas van der Valk achète une ferme à Voorschoten. Son fils Martinus, benjamin d’une famille de 24 enfants, mais surtout visionnaire, transforme le domaine en un modèle hôtelier inédit pour l’époque : manger et dormir “comme chez soi”. Depuis lors, chaque génération perpétue le concept, pas très loin des grands axes routiers, en le réinventant à sa manière.
Une partie de la famille s’installe en Belgique à l’occasion de l’Expo universelle de 1958, lorsqu’An van der Valk et son mari Ben Wohrmann ouvrent à Brasschaat le tout premier motel belge. Depuis, l’enseigne au toucan est devenue un emblème international, avec environ 120 établissements à travers le monde. Mais ce qui frappe surtout, c’est la règle intangible : seuls les descendants de Martinus peuvent ouvrir un hôtel Van der Valk. L’autre credo, désormais bien connu, est : “On ne vend jamais”, tout se transmet de génération en génération.
Une quatrième génération à la conquête de la Wallonie
En Wallonie, la quatrième génération a désormais pris la main. Bert Wohrmann, fils d’An et Ben, a ouvert la voie. Ses quatre fils poursuivent aujourd’hui son œuvre : Ben à Charleroi, Bob à Nivelles, Mathieu à Mons et Marco à Liège et Verviers. Ensemble, ils pilotent un réseau de sept hôtels actifs et trois projets en cours. “Notre rayon d’action, c’est la Wallonie, résume Marco Wohrmann. On voit tant de projets sortir de terre aujourd’hui parce qu’on aboutit enfin à des investissements de longue haleine.” Certains hôtels sont à présent amortis, ce qui permet des investissements importants.
“On réinvestit systématiquement nos bénéfices”, assure le tout frais quarantenaire. Le business model est singulier : pas de holding centralisé, pas d’investisseurs extérieurs. Chaque hôtel est une société indépendante, financée sur fonds propres. Les garanties croisées dans la famille assurent la solidité de l’ensemble. Résultat : près d’une centaine d’emplois par établissement, auxquels s’ajoute un volume équivalent d’emplois indirects via les fournisseurs et partenaires locaux. Certes, le groupe Wohrmann continue de profiter des achats communs du groupe Van der Valk, mais il ne délaisse pas le local. “Au contraire, certains produits belges sont exportés vers d’autres hôtels aux Pays-Bas, en France ou en Allemagne”, assure le directeur liégeois.
“On réinvestit systématiquement nos bénéfices.” – Marco Wohrmann
La cible des Wohrmann est désormais les 4 étoiles et plus, avec des chambres qui tournent en moyenne à 150 euros par nuit. “Pour rendre le luxe accessible, on vise une stratégie misant sur le volume plutôt que l’accès uniquement pour l’élite.” Mais une modernisation des hôtels est clairement en cours, à l’image de la rénovation du vieux motel de Nivelles, dorénavant fer de lance du groupe Wohrmann en Wallonie. “La montée en gamme s’est faite un peu de façon naturelle et chauvine. Personne n’a envie d’avoir l’hôtel le moins beau de la famille, plaisante Marco Wohrmann. On veut toujours se surpasser et être dans le coup par rapport à ses frères, cousins, arrière-cousins.” Et il y a du monde : 300 cousins pour la quatrième génération, même si tous ne sont pas à la tête d’un établissement.

Liège Airport
Le chantier le plus ambitieux de la fratrie se déploie à proximité immédiate de Liège Airport. Prévu pour avril 2027, l’établissement comptera 182 chambres, un restaurant de 250 couverts, 10 salles de séminaire modulables, un wellness de 800 m², un skybar panoramique et plus de 270 places de parking équipées de bornes de recharge, le tout sur une surface de quelque 17.000 mètres carrés.
Pour Marco Wohrmann, l’enjeu est clair : “On vient compléter l’offre liégeoise avec un hôtel plus typé périphérie, modèle Van der Valk classique : sortie d’autoroute, grand parking, visibilité et un centre de séminaires multifonctionnel.” Ce qui portera à cinq le nombre d’établissements en région liégeoise, avec Congrès, Sélys, Verviers et Spa.
Le projet est né d’une rencontre d’intérêts avec l’aéroport, qui cherchait à valoriser une friche laissée par un promoteur immobilier. “Il s’agit de répondre aux besoins d’un aéroport qui va doubler de taille dans les dix prochaines années. Aujourd’hui, un tiers des nuitées générées par Liège Airport se déplacent vers Maastricht. L’objectif est de garder ce business en Wallonie”, insiste le directeur.

Charleroi ville basse
À Charleroi, le premier coup de pelle du futur Van der Valk de la ville basse est prévu pour janvier 2026, pour une ouverture programmée à l’été 2027. Après Gosselies, place au centre-ville. “Là, on va plutôt dans l’autre sens. On était présent avec un Van der Valk plus classique sur la périphérie. Et ici, on va investir pour répondre à cette demande du développement du centre-ville”, explique le second de la fratrie.
Derrière ce projet, porté cette fois par Benjamin Wohrmann, un investissement de 30 millions d’euros et un programme lui aussi impressionnant : 150 chambres, huit salles de séminaire, un restaurant de 220 couverts, une vaste terrasse, une piscine extérieure, un skybar et un parking souterrain de 160 places. Seule nuance : le centre wellness, initialement prévu, est reporté en fonction de la réussite de l’établissement.
Au-delà du projet immobilier, c’est toute la dynamique urbaine qui est en jeu. Longtemps retardé par les incertitudes liées au chantier de la marina, le projet s’inscrit désormais dans la volonté politique de redonner vie à la ville basse. À cet égard, Marco Wohrmann souligne la bonne volonté du nouveau bourgmestre, Thomas Dermine (PS). “Le but n’était pas d’ouvrir un hôtel dans un chantier”. Et il se montre confiant pour la suite : “Quand nous avons ouvert Verviers, on nous disait que le quartier était compliqué. Mais un hôtel 4 étoiles assainit naturellement son environnement. Il y aura du mouvement, de la vie et automatiquement du passage de la police. On ne craint pas de venir dans le centre-ville de Charleroi, au contraire.”
“Un hôtel 4 étoiles assainit naturellement son environnement.” – Marco Wohrmann
Détail amusant, l’hôtel sera le voisin direct de la tour FGTB. “Les relations sont bonnes, sourit le directeur Liège-Verviers. Dans notre métier, la satisfaction de la clientèle passe à travers notre personnel. C’est donc notre travail de tous les jours de faire en sorte que le personnel se sente bien”, ajoute-t-il dans un style très diplomatique. Après tout, Van der Valk créera des emplois bienvenus dans le centre de Charleroi.

Van de Valk de Libin
Libin en attente, Bruxelles inaccessible
À Libin, c’est un autre type de défi qui attend les Wohrmann. Sur le site Galaxia, dédié au spatial et à la cybersécurité, un hôtel de 116 chambres avec spa et salles de séminaire doit voir le jour. Le permis est en poche, mais l’absence de raccordement électrique bloque le démarrage. En cause, une saturation des lignes et des transformateurs. Une situation plus tout à fait ubuesque dans une Wallonie en quête d’un réseau électrique performant.
“C’est un petit couac qui est en passe d’être résolu, se montre confiant Marco Wohrmann. Le permis est obtenu, le financement est en cours de finalisation. Si tout se passe bien, les travaux pourraient débuter dans six mois.” Cet hôtel est un mix entre deux types d’activités du groupe en Wallonie : le leisure (détente et loisirs) et le lieu de passage, professionnel ou autre. “Nous sommes sur un bel axe Namur-Luxembourg. Cela tient la route”, assure l’entrepreneur.
La famille regarde aussi vers la capitale. Mais plutôt en périphérie : un projet est en réflexion à Berchem-Sainte-Agathe. “Et nous sommes déjà présents à Diegem et Waterloo”. De quoi compléter la boucle autour de Bruxelles. “Mais le centre est moins accessible pour nous : nous devons toujours être propriétaires de nos murs, et ce marché est trop spéculatif”, explique Marco Wohrmann.
Dans tous les cas, l’esprit Van der Valk reste une histoire de famille qui s’écrit de plus en plus en Wallonie. De Martinus à la fratrie Wohrmann, la success story se perpétue désormais au bénéfice de l’emploi wallon.
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